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27ème Brigade d’Infanterie de Montagne

En février 2023, la 27ème Brigade d’Infanterie de Montagne participait à l’opération otanienne Baltic Hawks en Estonie.
Insigne du 27e BIM | Armée de Terre
Insigne du 27e BIM | Armée de Terre

En février 2023, la 27ème Brigade d’Infanterie de Montagne participait à l’opération otanienne Baltic Hawks en Estonie. La récente invasion de l’Ukraine par la Russie confirme sa dynamique conquérante et hégémonique.

La Russie inquiète donc en premier lieu les États frontaliers terrestres (Europe de l’Est, Asie Mineure…), mais également les États de l’OTAN ou ceux susceptibles d’y entrer dont les frontières maritimes russes sont communes, notamment dans le Grand Nord.

Ainsi, un nombre croissant d’exercices militaires de l’OTAN ont lieu dans ce milieu extrême, et la France s’y implique en envoyant ses troupes spécialisées, dont la 27ème BIM.

Avant la 27ème Brigade d’Infanterie de Montagne

Pendant longtemps, les massifs montagneux étaient considérés comme une défense se suffisant à eux-mêmes, que ce soient les Alpes ou les Pyrénées en France, ces chaines de montagnes étaient des défenses naturelles périlleuses à franchir et s’imposèrent comme des frontières. Mais les évolutions technologiques et les sentiments nationalistes de la seconde moitié du XIXème siècle repoussèrent ces frontières, faisant d’elles des zones sensibles à défendre par de nouveaux moyens.

Ainsi, en réaction à la constitution des Alpini italiens en 1872, la France se penche sérieusement sur la constitution de ses propres troupes de montagne. Suite à la réorganisation des corps d’infanterie français en 1870, le 14ème corps d’armée est créé. Il regroupa les 27e et 28e divisions d’infanterie, toutes deux possédant les brigades, la cavalerie et l’artillerie de montagne. Bien que ces DI aient été mixtes en spécialités, très vite apparut une prédominance pour les questions de montagne.

Entre 1878 et 1888, l’armée française se dote de différentes unités spécialisées pour défendre en premier lieu les Alpes : parmi elles, les bataillons de chasseurs à pied et les régiments d’infanterie alpine.

Par la suite, les deux guerres mondiales font entrer ces unités dans la légende du fait de leur expertise, leurs actes militaires et leurs sacrifices sur différents fronts, que ce soit dans les Alpes ou dans les Vosges face à leurs envahisseurs, voire en Norvège aux côtés de leurs alliés. Ces deux conflits font des troupes de montagne des troupes dites d’élites et prouvent leur nécessité et leur utilité dans une armée devant être adaptable à chaque environnement de combat.

De nombreux membres des troupes alpines rejoignirent la Résistance dès 1942 afin de lutter contre les troupes allemandes et italiennes depuis les Maquis, à partir de l’offensive alliées depuis l’Afrique du Nord et remontant par l’Italie, et donc les Alpes. Par cette activité durant le conflit, la 27ème DI est la première grande unité à être reconstituée : elle prend le nom de division d’infanterie alpine (DIAlp) en 1944. 

Par la suite, des missions spécialisées lui sont conférées, que ce soit dans les montagnes autrichiennes face à la crainte soviétique post-armistice, ou dans les reliefs algériens dans les années 1950. À la fin de ce dernier conflit, en 1962, la 27ème DIAlp devient la 27ème brigade alpine, avant d’être fusionnée en 1976 avec la 17ème BA, formant ainsi la 27ème division alpine.

Les troupes de montagnes sont ainsi réunies en une seule division, division qui intègre la Force d’action rapide en 1983/1984, programme devant assurer un déploiement rapide dans le centre de l’Europe en cas de conflit avec le bloc soviétique. On y remarque l’intérêt porté sur ces troupes très adaptables pour les intégrer à un tel programme. Des Alpes franco-italiennes, les troupes de montagnes doivent opérer sur les terrains libanais, yougoslaves ou afghans.

En 1994, la 27ème DA devient la 27ème division d’infanterie de montagne avant de prendre cinq ans plus tard le nom actuel de 27ème brigade d’infanterie de montagne lors de la professionnalisation de l’Armée de terre. La 27ème BIM est donc héritière de toute cette histoire des troupes de montagne, de leurs traditions et de leur capacité opérationnelle.

Défilé militaire du 10 novembre 2018 à Chambéry des unités de la 27ème BIM pour le 100ème anniversaire de l'Armistice de 1918. À l'image, la 27ème Compagnie de Commandement et de Transmissions de Montagne - Florian Pépellin | Creative Commons BY-SA 4.0
Défilé militaire du 10 novembre 2018 à Chambéry des unités de la 27ème BIM pour le 100ème anniversaire de l’Armistice de 1918. À l’image, la 27ème Compagnie de Commandement et de Transmissions de Montagne – Florian Pépellin | Creative Commons BY-SA 4.0

La 27ème BIM depuis sa création 

Depuis 1999, la 27ème BIM est soumise au Commandement de la Force d’Action Terrestre. Par ce biais, elle a été régulièrement déployée à l’extérieur au Liban, à Djibouti, au Tchad, en République Centrafricaine, au Sénégal, en Côte d’Ivoire, au Kosovo, en Bosnie-Herzégovine, en Macédoine, en Afghanistan ou encore en Irak lors de l’opération CHAMMAL en 2017.

En matière de missions intérieures, la 27ème BIM intervient lors des catastrophes naturelles engendrant un terrain difficilement praticable (inondations, tempêtes, incendies), mais également sur des missions sécuritaires (Vigipirate, sécurisation du G8, maintenant G7).

La 27ème BIM est rattachée à la 1ère Division des Forces Terrestres. Elle est composée des trois bataillons de Chasseurs Alpins (le 7ème de Varces, le 13ème de Chambéry et le 27ème d’Annecy), du 4ème Chasseurs de Gap, du 93ème RAM de Varces, du 2ème REG de St-Christol, et du 7ème RMat de Lyon. Depuis 2010, un Centre de Formation Initiale Militaire (CFIM) basé à Gap est créé spécifiquement pour la Brigade. Puis en 2012 l’EMHM (l’école militaire de haute montagne) de Chamonix est rattachée à la 27èmeBIM. Cette dernière est la maison mère des troupes de montagne et permet de développer ses techniques de pointe dans le « grand froid ».

Les spécificités de la 27ème Brigade d’Infanterie de Montagne

La 27ème BIM doit répondre au triptyque Prévention – Projection – Protection

Sa spécificité réside dans sa capacité à réaliser toutes ses missions dans un relief escarpé et/ou montagneux et dans des conditions climatiques extrêmes. Selon le MINARM, la « spécificité montagne » se définit comme l’ensemble des aptitudes morales, physiques, techniques et tactiques, qu’elles soient individuelles ou collectives, à vivre, se déplacer et combattre dans un milieu caractérisé par un relief élevé ou accidenté et dans des conditions climatiques extrêmes.

La souplesse et l’autonomie des troupes de montagne font d’elles un élément stratégique très important sur un front difficile. Leur autonomie en toutes circonstances leur permet une infiltration efficace et une déstabilisation de l’ennemi sur leurs flancs et leurs arrières, comme cela a été démontré dans plusieurs exercices (opération Baltic Hawk).

C’est justement en terrain difficile et par « grand froid » que la 27ème BIM opère par prédilection. Ce type de terrain est lié à de nombreuses difficultés spécifiques : ravitaillement difficile, climat rude, affaiblissement des technologies, repères différents etc. Les savoir-faire issus de l’entrainement en montagne restent transposables sur tous les terrains. Pour ces difficultés, la 27ème BIM se dote de moyens véhiculés particuliers tels que le VHM (véhicule haute mobilité), le VAC (véhicule articulé chenillé) et la motoneige, tous adaptés au milieu montagneux. 

Véhicules blindés Haute Mobilité (VHM) lors de l'exercice CERCES en 2019 - 4ème RCH
Véhicules blindés Haute Mobilité (VHM) lors de l’exercice CERCES en 2019 – 4ème RCH

La 27ème BIM face aux nouveaux enjeux militaires

Avec le retour de la guerre en Europe, l’Armée se doit de prendre en compte toutes les possibilités d’engagement sur différents terrains. L’Arctique fait partie de ces nouveaux objectifs du fait de la politique d’expansion russe déstabilisant la paix arctique et du réchauffement climatique pouvant ouvrir un prochain théâtre d’opérations à l’horizon 2040. Le volet Défense de la « Feuille de route nationale pour l’Arctique » de la France « rappelle l’objectif de développer une connaissance approfondie du milieu arctique, eu égard aux enjeux liés à l’exploitation des ressources, à l’environnement ainsi qu’à la sécurité maritime ».

La France se doit donc de ne pas laisser de côté ce terrain, et c’est sur les troupes de montagne qu’elle pose l’appréhension et la compréhension de ce nouvel environnement. Même s’il est difficilement concevable de voir la France intervenir seule dans cette zone, elle porte néanmoins un intérêt à être présente dans l’Arctique par le biais de coopérations militaires et d’alliances.

Ces nouveaux défis – notamment en raison des conditions climatiques extrêmes et de la préparation opérationnelle spécifique que celles-ci imposent – ce sont les membres de la 27ème BIM qui sont les plus susceptibles de les remplir. Les massifs montagneux français n’offrent pas la même complexité que l’Arctique, ne serait-ce que par les températures. Il faut donc acquérir de nouveaux savoir-faire et cela passe par l’implication dans les exercices conjoints dans le cercle polaire.

Elle participe notamment à des exercices de l’OTAN comme Cold Response (sur huit exercices, elle en fit 6, en plus d’une présence en 2020 jusqu’à l’annulation au bout de dix jours) ou Trident Juncture 2018 en Norvège, mais aussi Nanook Nulavilut dans l’Arctique canadien aux côtés de leurs confrères d’outre-Atlantique. Cette acclimatation du militaire français au « grand froid arctique » passe également par les établissements d’excellence composant la 27ème BIM. 

Le 1er mars 2020, 400 soldats de la 27ème BIM ont atterrit au nord de la Norvège pour l'exercice Cold Response 2020. Ici, les membres du 27ème Bataillon de Chasseurs Alpins - Jeremy BESSAT | Licence Ouverte 2.0
Le 1er mars 2020, 400 soldats de la 27ème BIM ont atterrit au nord de la Norvège pour l’exercice Cold Response 2020. Ici, les membres du 27ème Bataillon de Chasseurs Alpins – Jeremy BESSAT | Licence Ouverte 2.0

Quelques liens et sources utiles

Site officiel Armée de Terre, Brigade d’Infanterie de montagne.

Nadia Lestang, L’Arctique : quels enjeux pour le combat aéroterrestre ?, Armée de Terre, 2023.

Thierry Garcin, Géopolitique de l’Arctique, Paris, Economica, 2021.

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