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L’Histoire regorge de récits improbables, mais aussi de périodes complexes qui méritent d’être explorées. Plongez, à travers les séries de Revue Histoire, dans un fragment de notre histoire mondiale.
Sur Revue Histoire, l’équipe de rédaction est composée de passionnés d’Histoire, allant d’étudiants, à de jeunes professionnels, qui souhaitent partager leurs connaissances historiques.
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Elle a été qualifiée d’inutile, d’incompréhensible, de fondatrice, d’apocalypse. La Première Guerre mondiale n’est pas seulement un conflit : c’est une rupture dans l’histoire européenne et mondiale. Entre 1914 et 1918, une génération est broyée, des empires s’effondrent, la technique dépasse l’homme, et la mort devient industrielle.
On connaît les tranchées, l’uniforme bleu horizon, les lettres des poilus, Verdun, la Somme, les gueules cassées. Mais derrière ces images figées, il faut revenir à la dynamique d’un monde qui bascule dans la guerre sans vraiment le vouloir — et sans savoir comment en sortir.
L’été 1914, au départ, ressemble à une crise de plus. L’attentat de Sarajevo est l’étincelle, mais les poudres sont déjà prêtes. Alliances rigides, rivalités coloniales, nationalismes exaltés, méfiances croisées. L’Allemagne, l’Autriche-Hongrie, la Russie, la France, le Royaume-Uni : chacun croit pouvoir agir vite, frapper fort, et rentrer chez soi avant Noël.
Mais les plans échouent. L’offensive allemande est ralentie à la Marne. La guerre de mouvement s’enlise. Les fronts se figent, les hommes s’enterrent. Le conflit devient un enfer de boue, d’obus, de gaz, de froid.
C’est la première guerre où l’industrie décide. Les usines tournent à plein régime, les chemins de fer transportent les troupes, les canons à longue portée effacent la distance. La technologie ne protège pas : elle tue en masse. L’artillerie cause 75 % des pertes. Les obus remplacent les fusils. Le front devient une ligne de feu continue, de la mer du Nord à la frontière suisse.
Mais la guerre ne reste pas européenne. Les empires coloniaux fournissent des hommes : tirailleurs sénégalais, spahis marocains, coolies indiens, travailleurs chinois. Ils sont souvent invisibles dans les récits nationaux, mais sans eux, la logistique se serait effondrée.
Les batailles s’étendent : Dardanelles, Balkans, Afrique de l’Est. En 1917, les États-Unis entrent en guerre. La dimension mondiale n’est plus une formule. C’est une réalité militaire, économique, humaine.
À l’arrière, les civils sont mobilisés autrement. Les femmes remplacent les hommes dans les champs, les usines, les hôpitaux. Les enfants récoltent du métal, écrivent aux soldats, grandissent trop vite. Les journaux censurent les mauvaises nouvelles. La propagande devient omniprésente. On vend des emprunts patriotiques, on dénonce les traîtres, on exalte les sacrifices.
Mais la guerre entre aussi dans les corps. Blessures irréparables, amputations, névroses. Les « gueules cassées » deviennent le symbole d’un monde fracassé. Les médecins inventent des techniques nouvelles, les psychiatres observent des troubles jamais décrits. La science s’adapte à la violence.
En 1917, la lassitude devient insurrection. Les mutineries dans l’armée française, notamment après l’échec du Chemin des Dames, révèlent l’épuisement des troupes. On refuse les ordres, on reste dans les tranchées, on chante, on proteste. Le haut commandement réagit : arrestations, procès, exécutions. Mais aussi réorganisation des permissions, meilleur encadrement.
Cette révolte reste partielle, mais elle montre que l’adhésion n’est jamais totale. Certains désertent, d’autres s’automutilent, d’autres encore continuent à obéir par fatalisme plus que par foi.
L’Allemagne est épuisée, ses alliés se désagrègent, les offensives alliées reprennent. Le 11 novembre, l’armistice est signé à Rethondes. Mais ce n’est pas une capitulation formelle. Le Kaiser abdique, la République de Weimar est proclamée, mais l’humiliation nourrit déjà la rancœur.
Le traité de Versailles (1919) impose des réparations lourdes, une responsabilité unilatérale, des amputations territoriales. L’Italie se sent trahie, les nationalistes allemands crient au diktat. La paix est instable. Elle contient déjà les germes de la guerre suivante.
Dans l’immédiat après-guerre, l’Europe enterre ses morts. On construit des monuments, des nécropoles, des ossuaires. La France compte 1,4 million de morts, 4 millions de blessés. Chaque village a son nom gravé dans la pierre. Les anciens combattants deviennent une force politique. Les cérémonies du 11 novembre s’institutionnalisent.
Mais cette mémoire est vite instrumentalisée. Certains veulent en faire un cri pacifiste — « Plus jamais ça ». D’autres y voient une leçon de discipline, de grandeur nationale. Dans les années 1930, les extrêmes rejouent l’histoire à leur manière. L’ombre de la guerre revient.
Pendant longtemps, l’histoire de 14-18 a été racontée par les témoignages des combattants. Barbusse, Genevoix, Céline, Dorgelès. Puis les historiens ont repris le fil. Jean-Baptiste Duroselle, Antoine Prost, Stéphane Audoin-Rouzeau, Annette Becker : tous ont montré la complexité de l’expérience combattante.
On a parlé de brutalisation, de culture de guerre, de consentement et de contrainte. On a étudié les objets, les lettres, les dessins, les chants. Le front n’est plus un bloc homogène. Il est peuplé d’individus, de silences, de contradictions.
Un siècle plus tard, la Première Guerre mondiale n’a pas quitté les esprits. On visite les tranchées, on lit les carnets, on cherche un nom dans une base de données. Les cérémonies se poursuivent, les derniers témoins ont disparu, mais leur parole a été conservée. L’histoire, ici, est aussi une mémoire nationale.
Mais elle ne doit pas être figée. Car la guerre de 14-18 ne se résume pas à Verdun, ni aux coquelicots. Elle est aussi une guerre coloniale, une guerre sociale, une guerre de propagande et de répression.
Les points sont positionnés dans une zone proche (pays, villes, etc.) du thème de l’article sur la carte interactive.
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