Construction européenne

L’Histoire regorge de récits improbables, mais aussi de périodes complexes qui méritent d’être explorées. Plongez, à travers les séries de Revue Histoire, dans un fragment de notre histoire mondiale.

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Sommaire

Construction européenne : entre paix signée et conflits déplacés

On dit souvent que l’Europe s’est construite sur les ruines de la Seconde Guerre mondiale. Ce n’est pas faux. Mais ce n’est qu’une partie de l’histoire. Car l’idée d’Europe unie n’est pas née en 1945, ni dans les traités de Rome, ni dans les couloirs feutrés de Bruxelles. Elle a surgi bien avant, dans des textes philosophiques, des utopies fédéralistes, des projets de domination ou de paix universelle. L’Europe s’est toujours pensée en mouvement. Ce qui change, c’est le rapport entre ceux qui l’imaginent et ceux qui la subissent.

Ce que l’on appelle « construction européenne » est en réalité une série de compromis, de relances, de blocages, de récits fabriqués. Ce n’est pas un progrès linéaire, mais une suite de tensions : entre marché et démocratie, entre mémoire et stratégie, entre souveraineté et coopération.

L’Europe des penseurs, l’Europe des empires

Dès le XVIIe siècle, certains intellectuels rêvent d’une Europe unie. Émeric Crucé propose une assemblée des nations européennes. L’abbé de Saint-Pierre imagine une confédération permanente pour éviter les guerres. Kant, dans son Projet de paix perpétuelle, évoque une fédération d’États libres. Mais ces textes restent sans suite politique. Les États sont encore des machines de guerre.

Au XIXe siècle, l’idée européenne ressurgit, mais sous d’autres formes. Napoléon prétend unifier le continent par la force. Puis viennent les nationalismes. L’Europe devient un champ clos de rivalités. Et pourtant, à la marge, des mouvements pacifistes, ouvriers ou libéraux esquissent des convergences.

Victor Hugo parle à la tribune du Congrès de la paix en 1849 de futurs « États-Unis d’Europe ». Il y croit, ou feint d’y croire. L’idée est là, mais l’époque n’y est pas encore.

1919 : une paix mutilée

La Première Guerre mondiale laisse une Europe exsangue. Le traité de Versailles ne fonde aucune union durable. Il réorganise, punit, démembre, mais ne répare rien. Des tentatives existent, comme l’Union paneuropéenne de Richard Coudenhove-Kalergi. Mais elles restent marginales.

Entre les deux guerres, les régimes autoritaires progressent. L’idée d’Europe recule devant les intérêts nationaux, les révisions de frontières, les impérialismes. L’Europe, au lieu de se construire, se fragmente davantage.

1945 : reconstruire ou recommencer

C’est dans les décombres du second conflit mondial que naît un projet plus concret. Churchill, dans son discours de Zurich en 1946, appelle à une Europe unie, mais sans y inclure immédiatement le Royaume-Uni. Il propose une Europe des vainqueurs lucides, pas des dominés repentants.

L’idée s’incarne en 1951 avec la CECA, Communauté européenne du charbon et de l’acier. C’est une alliance économique, mais fondée sur une ambition politique : rendre la guerre matériellement impossible entre la France et l’Allemagne.

Les signataires — France, Allemagne de l’Ouest, Italie, Belgique, Pays-Bas, Luxembourg — inaugurent une nouvelle méthode : la construction par petits pas, le « fonctionnalisme ». On coopère sur le charbon, puis sur l’acier, puis sur l’énergie, puis sur le marché. Et à force, on devient un ensemble.

Rome, Maastricht, Lisbonne : la mécanique des traités

1957 : les traités de Rome fondent la Communauté économique européenne (CEE). L’objectif est clair : créer un marché commun, harmoniser les règles douanières, faciliter la libre circulation. La politique est encore secondaire. C’est l’économie qui tire l’Europe.

À mesure que les élargissements s’enchaînent (Royaume-Uni en 1973, Espagne et Portugal en 1986, Europe de l’Est après 2004), l’Europe devient plus large, mais aussi plus difficile à gouverner.

1992 : le traité de Maastricht transforme la CEE en Union européenne. On parle désormais de citoyenneté européenne, de politique étrangère commune, d’union économique et monétaire. L’euro est lancé, Schengen entre en vigueur.

Mais ces avancées techniques n’entraînent pas toujours l’adhésion populaire. L’Europe devient opaque. Elle est perçue comme distante, technocratique, complexe. Les référendums nationaux, souvent défavorables, le montrent : le « non » danois à Maastricht, le « non » français au traité constitutionnel en 2005.

Crises et désenchantement

L’Union européenne affronte, dès le début du XXIe siècle, une série de crises qui en révèlent les limites. La crise financière de 2008, puis celle des dettes souveraines, met à mal la solidarité entre pays membres. La Grèce est au bord du défaut de paiement, l’Allemagne impose des plans d’austérité. L’Union semble parler d’une seule voix, mais c’est celle des créanciers.

Puis vient la crise migratoire. Les accords de Schengen sont mis en cause. Les murs réapparaissent. Les États reprennent la main. Chaque crise semble montrer que l’Union est incapable d’agir de façon unie. La solidarité est invoquée, mais rarement appliquée.

En 2016, le Royaume-Uni vote pour quitter l’Union. Le Brexit révèle que l’Union peut aussi se défaire. La construction européenne n’est pas irréversible. Elle n’est pas une évidence. Elle est une tension permanente.

Ce que l’histoire enseigne

L’histoire de la construction européenne n’est pas un conte de fées. Elle n’est pas celle d’un continent devenu pacifique par sagesse. Elle est le fruit de calculs politiques, de nécessités économiques, de compromis entre souveraineté et intégration.

Mais elle est aussi traversée par des mouvements citoyens, des intellectuels, des artistes, des militants qui ont voulu faire de l’Europe autre chose qu’un marché commun. Une Europe culturelle, écologique, démocratique. Une Europe du débat.

L’Europe ne s’est pas construite par amour de la paix, mais par peur de la guerre. Et c’est peut-être là sa force et sa faiblesse : elle ne promet pas un idéal, mais un équilibre.

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