Katherine Johnson, surnommée la « Calculatrice Humaine », demeure une icône de l’histoire de l’exploration spatiale et de la science, un personnage qui trouve sa place au sein de l’incroyable histoire des femmes dans l’espace.
Son rôle en tant que mathématicienne et physicienne exceptionnelle a été inestimable pour les premières missions spatiales habitées des États-Unis.
L’Enfance et l’Éducation de Katherine Johnson
Katherine Coleman est née le 26 août 1918 en Virginie. Dès son plus jeune âge, elle a révélé un don exceptionnel pour les mathématiques, montrant une aptitude naturelle pour résoudre des problèmes complexes et des énigmes mathématiques. Sa curiosité insatiable et son esprit vif l’ont poussée à explorer les mystères des chiffres et des formules, souvent au-delà de ce qui était attendu de son âge.
Cependant, la route vers la poursuite de ses passions n’a pas été sans défis. À une époque où les normes sociales et les attitudes étaient fortement marquées par les préjugés et les inégalités, être une femme afro-américaine dans la société américaine représentait pour Katherine Coleman, tout comme pour Henrietta Lacks par exemple, l’affrontement avec des barrières considérables.
En 1937, elle franchit une étape importante en obtenant une licence en mathématiques et en français à l’Université d’État de Virginie. Ce moment a marqué le début d’une carrière qui allait non seulement changer sa vie, mais aussi influencer profondément le cours de l’histoire. La poursuite de l’éducation supérieure était déjà un acte audacieux à une époque où les opportunités étaient limitées pour les personnes de couleur, en particulier pour les femmes.
Le Chemin vers la NASA
En 1953, Katherine Johnson prit part à une étape décisive de sa carrière en rejoignant la National Advisory Committee for Aeronautics (NACA), l’organisation qui allait évoluer pour devenir la NASA que nous connaissons aujourd’hui. Dès lors, elle devint une pièce maîtresse de la course à l’exploration spatiale américaine.
Au sein du prestigieux West Area Computing Unit, Katherine s’immergea dans un monde de données, de chiffres et de calculs. Son rôle était loin d’être anodin : elle était chargée d’effectuer des calculs d’une précision vitale pour les tests de vol et les études aéronautiques en cours. Ces calculs étaient le fondement sur lequel reposaient la sécurité des vols et la fiabilité des futurs engins spatiaux.
C’est sa capacité à aborder des calculs d’une complexité remarquable avec une précision sans faille qui captiva rapidement l’attention de ses collègues et supérieurs. Ses compétences mathématiques, qui semblaient parfois frôler la magie, la propulsèrent rapidement au-delà des tâches quotidiennes pour l’immerger dans des projets d’une envergure plus vaste et aux conséquences plus profondes.
Le Programme Mercury : La calculatrice humaine, à l’oeuvre
Pendant le programme Mercury, représentant la première étape concrète du programme spatial habité des États-Unis, Katherine Johnson brilla en tant que « Calculatrice Humaine ». Ses compétences mathématiques exceptionnelles jouèrent un rôle vital dans la réussite des missions orbitales des astronautes, dont John Glenn, le premier Américain à orbiter autour de la Terre. Responsable du calcul précis des trajectoires de vol, des vitesses requises et des points de rentrée atmosphérique, elle garantit le retour sûr des astronautes. La confiance totale que la NASA plaça en ses compétences renforça son rôle crucial.
Cet accomplissement du programme Mercury témoigna de la manière dont Katherine Johnson transcenda les barrières de genre et de race pour devenir un pilier du succès de l’exploration spatiale américaine. Ses calculs précis et son engagement inébranlable envers la quête du savoir ouvrirent la voie à une nouvelle ère de découvertes dans l’univers infini au-dessus de nous.
De la même manière, lors des missions Apollo qui restèrent gravées dans l’histoire de l’humanité, Katherine Johnson apporta une contribution cruciale. Elle participa au calcul des trajectoires de vol et des fenêtres d’atterrissage pour les missions lunaires, marquant ainsi un sommet dans sa carrière exceptionnelle.
L’Héritage de Katherine Johnson
L’impact profond de Katherine Johnson dépasse largement le cadre de ses réalisations professionnelles. Son héritage rayonne à travers le prisme de l’émancipation des femmes et des minorités sous-représentées dans les domaines scientifiques et technologiques.
Son parcours exemplaire a agi comme un phare pour inspirer des générations de jeunes esprits, leur montrant que l’excellence et l’innovation ne connaissent pas de limites, ni de barrières de genre ou d’origine.
Ses contributions inestimables ont été officiellement saluées par divers honneurs de grande envergure.
Parmi ceux-ci, la médaille présidentielle de la Liberté, la plus haute distinction civile aux États-Unis, a été décernée à Katherine Johnson en 2015 par le président Barack Obama.
Cet hommage souligna non seulement l’ampleur de ses accomplissements, mais aussi leur portée historique. En effet, ces honneurs ne faisaient pas qu’illustrer la réussite individuelle de Katherine, mais également son rôle en tant que représentante d’un changement plus vaste, catalyseur d’une transformation positive dans le monde de la science et de la technologie.
Le film « Hidden Figures« , sorti en 2016, élargit davantage la reconnaissance de l’impact de Katherine Johnson. Le film, basé sur le livre du même nom, met en lumière les réalisations méconnues de Katherine et de ses collègues afro-américaines au sein de la NASA. Grâce à ce film, un public international a pu découvrir les défis qu’elles ont surmontés et les percées qu’elles ont réalisées, notamment grâce aux compétences exceptionnelles de Katherine Johnson.
Ainsi, le legs de Katherine Johnson dépasse le simple cadre de ses réalisations mathématiques et scientifiques. Elle s’est affirmée comme une figure emblématique de progrès social et d’ouverture des voies vers l’égalité des chances dans les domaines autrefois largement dominés par un groupe restreint. Sa capacité à changer les perspectives et à inspirer le changement a fait d’elle une pionnière pour des générations futures de scientifiques, d’ingénieurs et de rêveurs, qui continueront à s’élever vers les étoiles en honorant son héritage exceptionnel.
Quelques sources utiles
FAVRE, Frédéric. Trois femmes dans la lumière: Hidden Figures: Les figures de l’ombre: Theodore Melfi 2016. L’Art du Cinema, 2017, no 95, p. 41-52.
Margot, Lee Shetterly. Les figures de l’ombre, HarperCollins, 2017.
Les figures de l’ombre. Dirigé par Allison Schroeder et Theodore Melfi, Fox 2000 Pictures, 2016.
Carole, Trébor .Combien de pas jusqu’à la lune, Albin Michel, 2019.