Le Cointreau est une marque de liqueur bien célèbre pour les Angevins, mais pas que. Cette boisson alcoolisée est mondialement connue pour son utilisation dans des cocktails tels que le Cosmopolitan, le White Lady ou encore le Mai Tai. Néanmoins, son histoire et son origine restent méconnues pour la majorité des consommateurs.
Avec une équipe majoritairement originaire du Maine-et-Loire, il est de notre devoir de vous narrer l’histoire de cette célèbre boisson sur Revue Histoire ! Cet article ne souhaite néanmoins pas prôner la consommation d’alcool, donc toujours avec modération, même si c’est à base de Cointreau.
Le Cointreau depuis le XIXe siècle
La distillerie Cointreau est fondée à Angers par les frères Adolphe et Edouard-Jean Cointreau en 1849, une famille de pâtissiers. Suivant le succès des boissons commercialisées par Cointreau, la distillerie déménage à de multiples reprises. Initialement installée rue Saint-Aubin, elle est déménagée rue Saint-Laud, place Molière et quai Gambetta.
Au début du XXe siècle, les rues proches de la Maine sont inondées, poussant les ouvriers à se rendre à la distillerie en barque. La Maine reste une rivière incontrôlable comme l’histoire nous le rappelle et même pour les Cointreau.
Le premier succès des frères Cointreau est le Guignolet, une boisson d’alcool de cerise, créée initialement par des religieuses de l’abbaye des Bénédictines de la Fidélité de Notre-Dame-du-Bon-Conseil à Angers, en 1632. Les frères popularisent à nouveau cette boisson ancienne, à l’instar de Jean-Baptiste Combier, le fondateur de la distillerie du même nom à Saumur au milieu du XIXe siècle.
La popularité de l’entreprise Cointreau survient lors de la commercialisation du Cointreau, un triple sec, une liqueur à base d’orange.
Le triple sec, une histoire entre Combier et Cointreau
L’origine du triple sec n’est pas attestée ; en effet, deux origines cohabitent, toutes deux en Anjou.
Selon la distillerie Cointreau, c’est en 1875 qu’Édouard-Jean invente un nouveau procédé de distillation. Ce procédé permet la production d’un liquide transparent, trois fois plus concentré en arômes, mais bien moins sucré, une nouveauté pour l’époque.
La deuxième origine est relatée par la distillerie Combier, qui considère que l’invention du triple sec a été réalisée en 1834 à Saumur par Jean-Baptiste Combier. L’invention aurait été réalisée grâce à une recette du chimiste François Raspail.
Le présent dépôt a pour objet d’assurer au déposant la propriété exclusive du titre « Triple Sec », qu’il donne à sa liqueur. Le dépôt le désigne en outre comme pouvant seul employer le flacon verre rouge de forme carrée, tel qu’il est représenté ci-contre, revêtu de deux étiquettes spéciales susceptibles d’être modifiées.
2e d’une capsule métallique portant en relief « Triple Sec Blanc Cointreau » et d’un cachet en verre adhérent au flacon « Cointreau Fils Angers ».
Le triple sec en France n’est pas une appellation liée à une définition explicite, aux États-Unis cependant, le triple sec doit être à la base une liqueur d’orange.
Les anciens locaux place Molière de Cointreau
S’établissant initialement dans le quartier naissant des Luisettes, sur des anciens terrains autrefois inconstructibles en raison des risques d’inondation, la compagnie Cointreau trouve son ancrage en 1857 à l’intersection actuelle de la place Molière et du quai Gambetta. Divers bâtiments sont érigés au cours de la seconde moitié du XIXe siècle et au début du XXe, accompagnant l’expansion de l’entreprise. Le bâtiment principal, situé place Molière, accueillant bureaux et logements, est l’œuvre de l’architecte Gustave Gasnier, qui l’a réalisé en deux temps, avant et après la Première Guerre mondiale. Le décor sculpté est attribué à Maurice Legendre.
Sous la houlette d’Edouard Cointreau, fils et neveu des fondateurs, l’entreprise prend une envergure internationale, lui donnant la direction de 1875 jusqu’à son décès en 1923. C’est d’ailleurs lui qui est à l’origine de la création de la célèbre liqueur Cointreau.
Cependant, c’est avec André, son fils, que l’usine atteint son ampleur actuelle : ayant acquis l’entièreté des propriétés de l’îlot entre la place Molière, le quai Gambetta et les rues Thiers et du Mail, une reconstruction globale est lancée à partir de 1936 par l’architecte Georges Meyer et l’entreprise Brochard. Cette réalisation s’étend sur plus de deux décennies, conservant l’originalité du projet initial, donnant à l’ensemble une homogénéité remarquable.
La première étape concerne essentiellement les rues Thiers et du Mail, avec une extension en 1947 pour la confiturerie. Le bâtiment d’expédition avec sa marquise est édifié en 1949. La dernière phase concerne la reconstruction en 1959 de la section réception et bureaux, en continuité avec la production, mais avec des modifications visibles sur des plans de 1949.
En 1972, l’entreprise, manquant d’espace, déménage dans la zone d’activités économiques de Saint-Barthélemy-d’Anjou. Occupé actuellement par le Crédit mutuel, le bâtiment a été transformé en bureaux. Les façades d’entrée ont été rénovées en 1992 par l’architecte Jean-Pierre Bastide. Deux couronnements circulaires ornent désormais la terrasse aux angles antérieurs.
Le bâtiment connaît une valorisation complète, pour une livraison fin 2025. L’idée est de moderniser le siège du Crédit Mutuel tout en dotant la zone de nouveaux appartements, dans les trois étages en surélévation. Le projet de rénovation une facture de plus de 12 millions d’euros.
Les Cointreau, une famille d’image et d’innovation
La famille Cointreau a été précurseur de la communication moderne. Les produits de la distillerie se retrouvent partout : à chaque compétition, remise de prix ou exposition, la distillerie Cointreau est présente. L’idée est de se rendre visible auprès de tous, de faire entrer le produit dans le quotidien des consommateurs, tout en se plaçant auprès des décideurs et des puissants, notamment Edouard VII ou encore l’impératrice Elisabeth d’Autriche.
Les voitures publicitaires de la marque sillonnent la France, les panneaux publicitaires surgissent le long des routes, sur les façades des bâtiments. La marque se montre au cinéma ou à la radio, notamment avec son slogan : « Cointreau la marque mondiale« .
Le tour de force est réalisé lors de la création de Pierrot, la mascotte de la marque, au début du XXe siècle. Elle est utilisée dans un film publicitaire réalisé par les studios des Frères Lumière.
L’anecdote d’Amixem
Dans la vidéo « ON BOIT 100 BOISSONS D’AFFILÉE (et on les juge)(j’ai failli vomir) », Amixem et Thomas goûtent une centaine de boissons différentes, alcoolisées ou non. Parmi ces boissons, figure du Cointreau. Amixem, qui vit dans le Maine-et-Loire depuis son enfance, partage plusieurs anecdotes sur l’histoire de Cointreau.
L’une de ces anecdotes mentionne l’installation de la gare dans le centre-ville pour répondre aux besoins de l’usine Cointreau. Cette histoire, racontée à partir de 9:35 dans la vidéo, n’a pas été confirmée par notre recherche, c’est pourquoi nous ne la mentionnons pas dans notre article. Toutefois, nous n’avons pas accès à toutes les sources. Si vous disposez d’informations complémentaires, n’hésitez pas à nous les faire parvenir dans la section commentaires.
Quelques liens et sources utiles
La distillerie Cointreau raconte une partie de son histoire directement sur leur site internet.
« Angers. Cointreau : l’histoire d’une famille mêlée à celle d’un immeuble, vieille de 170 ans », Ouest France, 2021