L'ouvrage coup de cœur d'avril : Petit dictionnaire des Sales Boulots par Nicolas Méra

Méthode Levallois du débitage de la pierre

La méthode Levallois est employée durant la Préhistoire, avec une surreprésentation notable durant le Paléolithique moyen.
1: Éclat Levallois. Entre -300 000 et -28 000 ans. France, Corrèze, Brive-la Gaillarde, site de La Fournade. 2: Éclat Levallois. Entre -300 000 et -28 000 ans. France, Somme, Beauquesne. Musée des Confluences, Lyon - Ismoon [Pseudo Wikipédia] | Creative Commons BY-SA 4.0
1: Éclat Levallois. Entre -300 000 et -28 000 ans. France, Corrèze, Brive-la Gaillarde, site de La Fournade. 2: Éclat Levallois. Entre -300 000 et -28 000 ans. France, Somme, Beauquesne. Musée des Confluences, Lyon – Ismoon [Pseudo Wikipédia] | Creative Commons BY-SA 4.0

L’évolution du genre Homo s’étend sur plusieurs millions d’années. Durant cette période, nos lointains cousins ou ancêtres ont multiplié les itérations pour survivre. Ces itérations concernent tous les domaines, de la chasse à la cueillette, en passant par la fabrication d’outils. Les restes archéologiques nous dévoilent diverses méthodes pour tailler la pierre, notamment la méthode Levallois, découverte par les chercheurs à la fin du XIXe siècle.

Comme dans tous les domaines de la préhistoire et plus généralement de l’archéologie, la connaissance est en perpétuelle évolution. Ainsi, la méthode Levallois se transforme aujourd’hui pour devenir le concept Levallois, reflétant les avancées dans notre compréhension de ces techniques ancestrales.

Découverte de la méthode Levallois

La méthode Levallois est employée durant la Préhistoire, avec une surreprésentation notable durant le Paléolithique moyen (-300 000 à -40 000). Cette affirmation tient compte des découvertes archéologiques actuelles.

Les premiers restes de cette technique proviennent des sites de carrières de Levallois-Perret (Hauts-de-Seine), étudiés dès la fin du XIXe siècle et le début du XXe siècle, notamment par le géologue et préhistorien français Victor Commont (1866 – 1918). Une définition précise de la méthode a été proposée en 1961 par François Bordes, préhistorien et romancier.

éclat à forme prédéterminée par une préparation spéciale du nucléus avant l’enlèvement de cet éclat

Définition de François Bordes

Avec l’évolution de l’archéologie et l’apparition de nouvelles découvertes, les spécialistes ont fait évoluer la définition de la méthode Levallois. C’est notamment le cas d’Éric Boëda, anthropologue français, qui en 1986, a constaté que ce que François Bordes avait décrit n’était qu’une variante du débitage, plus précisément le débitage à éclat préférentiel. Bien que le nucléus préparé puisse produire un éclat, il est également possible de trouver des nucléus d’où plusieurs éclats ont été produits, ce qui correspond aux méthodes récurrentes. L’idée est donc de regrouper la méthode décrite par Bordes dans un concept plus large, désormais connu sous le nom de concept Levallois.

La méthode de débitage Levallois, avec un éclat préférentiel - osé-Manuel Benito Álvarez | Creative Commons BY-SA 2.5
La méthode de débitage Levallois, avec un éclat préférentiel – osé-Manuel Benito Álvarez | Creative Commons BY-SA 2.5

Le terme de « nucléus » revêt une signification particulière. Il désigne une masse originelle, débitée pour en détacher des fragments – éclats, lames ou encore lamelles. Ces fragments sont le cœur de l’intérêt, tandis que le nucléus lui-même est considéré comme un résidu, une émanation de ce processus d’industrie lithique. Ce schéma contraste nettement avec les méthodes de façonnage où le bloc central, soigneusement ouvré, est le joyau convoité et les débris deviennent de simples rebuts.

Le principe du débitage selon le concept Levallois

Le débitage selon le concept Levallois diffère, en fonction de la méthode à éclat préférentiel ou bien selon les méthodes récurrentes. À suivre, la procédure pour la méthode à éclat préférentiel.

  1. Nucléus à deux surfaces : Un bloc de pierre caractérisé par une face convexe et une autre plane, séparées par un plan d’intersection net.
  2. Surfaces hiérarchisées : La surface convexe est utilisée comme plan de frappe pour initier la taille, tandis que la surface plane sert de base pour le débitage des éclats, incluant les éclats préparatoires et l’éclat final Levallois.
  3. Convexités du plan de débitage : Les convexités nécessaires sur le plan de débitage sont créées par le retrait d’éclats préparatoires, facilitant ainsi le contrôle sur le détachement des éclats Levallois désirés.
  4. Plan de frappe aménagé : Le plan de frappe est spécifiquement préparé pour optimiser le détachement des éclats Levallois, en visant efficacité et précision.
  5. Plan de débitage parallèle : Le plan de débitage est maintenu parallèle ou presque parallèle au plan d’intersection, assurant une cohérence dans la taille.
  6. Utilisation de la percussion directe dure : La technique privilégie l’emploi de la percussion directe, utilisant un outil dur pour frapper directement le nucléus et en détacher les éclats visés.

Le concept Levallois englobe diverses techniques visant des buts précis :

  1. Débitage Levallois à éclat préférentiel : Cette méthode se concentre sur la production d’un unique et grand éclat, méticuleusement détaché de la surface du nucléus après une préparation soignée, qui a été détaillé auparavant.
  2. Méthodes récurrentes : Ces techniques permettent l’extraction de plusieurs éclats successifs du nucléus, sans nécessité de le préparer à nouveau entre chaque opération :
    • Débitage Levallois récurrent centripète : Les éclats détachés se dirigent vers le centre du nucléus, convergents en leur point d’origine.
    • Débitage Levallois récurrent unipolaire : Les éclats successifs sont parallèles, tous initiés depuis un unique plan de frappe.
    • Débitage Levallois récurrent bipolaire : Les éclats successifs, parallèles entre eux, sont extraits de deux plans de frappe situés aux extrémités opposées du nucléus.
  3. Autres méthodes : Incluent les techniques unipolaires convergentes ou bipolaires, spécialement conçues pour la création d’éclats distinctifs nommés pointes Levallois.

Les différentes manières pour débiter une pierre

Le débitage est un art maîtrisé à la perfection par nos ancêtres. Les vestiges archéologiques nous permettent aujourd’hui d’admirer plusieurs styles de débitage, classés de la manière suivante :

  • Le débitage de lames ;
  • Le débitage d’éclats.

Pour le débitage de lames, il repose sur plusieurs techniques : la percussion directe, la percussion indirecte et la percussion par pression. La percussion directe se décline en deux variantes, selon la dureté du percuteur : le percuteur en pierre et le percuteur tendre (en bois, par exemple).

Concernant le débitage d’éclats, cette catégorie est divisée en deux styles principaux :

  • Sans prédétermination ;
  • Avec prédétermination.

Le débitage avec prédétermination, signifiant que l’artisan avait un objectif spécifique en tête. Dans ce cadre, on trouve notamment la méthode Levallois ainsi que la méthode Kombewa.

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Quelques liens et sources utiles

François Briois. UT2J. (2014, 1 mars). La technologie lithique. 2. Le débitage d’éclats : l’éclat Levallois / François Briois , in La technologie lithique. Canal-U.

François Briois. UT2J. (2014, 1 mars). La technologie lithique. 2. Le débitage de lames par percussion directe : le percuteur tendre / François Briois , in La technologie lithique. Canal-U.

Elena-Cristina Niţu, « Considérations générales concernant la technique Levallois et ses produits. Principes généraux de réalisation et representations dans le Paléolithique moyen de la Roumanie », Annales d’Université « Valahia » Târgovişte. Section d’Archéologie et d’Histoire, 2006

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