L’Homme de Yunxian : l’aube de l’Humanité en Asie

Découvert dans la province de Hubei en Chine, l’Homme de Yunxian ouvre un nouveau chapitre dans la compréhension de l’évolution humaine en Asie. Datés d’environ 936 000 ans, ces fossiles sont une contribution significative à notre connaissance du genre Homo.

Nous l’évoquions dans nos précédents articles, notamment pour l’Homme de Pékin, ou le Garçon de Turkana, mais la découverte de nouveaux fossiles transforme indéniablement la connaissance scientifique. Chaque fossile ouvre la voie à de nouvelles théories.

Des restes transformés par le temps

Les années 1989 et 1990 ont été marquantes pour la paléoanthropologie avec la découverte de deux crânes quasiment complets de l’Homme de Yunxian par le professeur Tianyuan Li. Ces découvertes ont été faites dans le district de Yun, précisément sur le site de Xuetangliangzi.

Ces crânes, Yunxian 1 et Yunxian 2, se sont révélés un trésor de l’ère pléistocène, bien qu’ayant subi des déformations dues à la pression des sédiments. L’utilisation de la tomographie et d’autres méthodes d’imagerie a permis de reconstituer leur forme initiale.

En effet, la collaboration entre chercheurs chinois et français a mené à des reconstitutions virtuelles très avancées, montrant une symétrie et des proportions qui ont aidé à mieux saisir leur morphologie.

Spécificités morphologiques

Les crânes de Yunxian présentent des caractéristiques distinctives. Yunxian 2, en particulier, avec son volume endocrânien de 1050 cm³, est comparable aux spécimens de son époque retrouvés en Afrique et en Europe.

Les traits morphologiques des crânes de Yunxian montrent des caractères archaïques tels qu’une forme basse et allongée du crâne, ainsi que des éléments plus dérivés, comme un processus mastoïde bien développé, qui les différencient d’autres Homo erectus chinois comme l’Homme de Pékin. Ces particularités suggèrent une diversité au sein des populations d’Homo erectus en Chine et laissent envisager la nécessité d’un taxon distinct.

Culture lithique de l’Homme de Yunxian

Les outils lithiques retrouvés sur le site, notamment les bifaces et les galets aménagés, remettent en question la notion de la ligne de Movius, qui suggérait une distinction technologique entre les civilisations de l’Est et de l’Ouest de l’Eurasie.

La présence de bifaces acheuléens à Yunxian contredit cette ancienne hypothèse, indiquant une diffusion plus étendue de ces outils et donc une capacité technique plus avancée que ce qui était précédemment admis pour cette région de la Chine.

La place de cet Homme dans notre chronologie

L’Homme de Yunxian, auparavant considéré comme l’un des plus anciens représentants du genre Homo en Chine, a vu sa place dans la chronologie évolutive questionnée suite à la découverte de fossiles encore plus anciens. Les recherches en cours sur le site pourraient révéler d’autres informations clés sur la continuité de l’évolution humaine en Asie et éclairer davantage les liens entre Homo erectus et Homo sapiens.

Les découvertes récentes autour de l’Homme de Yunxian offrent de nouvelles perspectives sur l’histoire évolutive humaine en Asie. Alors que des technologies plus avancées telles que l’imagerie virtuelle 3D sont utilisées pour reconstruire l’environnement de Yunxian, l’excitation monte autour des possibilités de décoder davantage les origines des humains modernes dans cette région. Ces travaux sont essentiels pour comprendre la complexité et la continuité de l’évolution humaine en Asie de l’Est.

Quelques liens et sources utiles

Henry de Lumley, Tian yuan Li, Le site de l’homme de Yunxian, CNRS éditions, 2008