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Persépolis : la perle perse longtemps oubliée par l’Histoire

Persépolis est une ville impressionnante de la Perse antique. Ses ruines n'ont été découvertes que récemment par des archéologues modernes.
Persépolis - Arosha-photo (Reza Sobhani) | Creative Commons BY-SA 4.0
Persépolis – Arosha-photo (Reza Sobhani) | Creative Commons BY-SA 4.0

Actuellement considérée comme l’une des villes les plus impressionnantes de l’Antiquité, la cité perse Persépolis est pourtant complètement détruite pendant cette même époque.

Ses ruines ne sont découvertes que des siècles plus tard par des archéologues modernes. Que s’est-il passé ? Et comment Persépolis a-t-elle fini par subir ce sort ?

Émergence de l’Empire perse de l’Antiquité

L’Empire perse voit le jour grâce au roi et conquérant Cyrus le Grand (Cyrus II) vers le VIe siècle av. J.-C. Issu du royaume achéménide, Cyrus II unifie les Perses et les Mèdes, deux royaumes voisins formés de tribus et de peuples nomades. Grâce à cette unification, les descendants de Cyrus prennent la relève et construisent l’un des empires les plus puissants de l’Antiquité, s’étendant sur un vaste territoire pendant 250 ans.

D’ailleurs, le successeur de Cyrus, Darius Ier, premier empereur perse, réforme l’Empire en satrapies (ou régions administratives autonomes). Ces dernières doivent payer des tributs au royaume achéménide, et en contrepartie, elles reçoivent protection et respect de leurs coutumes et croyances.

Il est à noter que Darius Ier établit des lois régissant les relations entre les différents peuples de son empire et réajuste constamment sa politique selon leurs besoins et demandes. De plus, il définit la monnaie achéménide comme la monnaie officielle de l’Empire et l’araméen (pratiqué par les Achéménides) comme langue officielle.

Darius Ier facilite également les déplacements entre les différentes régions de l’Empire en creusant un canal entre le Nil et la mer Rouge et en construisant des routes pour relier les différentes régions, afin de tenir le roi informé grâce à ses messagers réputés pour leur rapidité. Des jardins immenses sont également conçus avec des systèmes d’irrigation innovateurs. Cette tradition, initiée par Cyrus, est maintenue par ses descendants, dont Darius Ier.

L’Empire perse connaît un essor remarquable durant cette époque, et Darius Ier règne sur 30 peuples différents, avec un territoire s’étendant de l’Inde (à l’est) à la Grèce (à l’ouest), à la Russie (au nord) et à l’Égypte et l’Éthiopie (au sud). Bien qu’à l’écoute de son peuple, Darius Ier n’accepte guère les révoltes des peuples sous son règne et c’est au cours d’une bataille contre les Égyptiens que ce dernier perd la vie.

Extension maximale de l'empire Achéménide - Fabienkhan | Creative Commons BY-SA 2.5
Extension maximale de l’empire Achéménide – Fabienkhan | Creative Commons BY-SA 2.5

La tolérance et le respect des croyances deviennent la devise de l’Empire perse de l’Antiquité, et les descendants de Darius s’efforcent de préserver cette politique. Les empereurs perses sont même reconnus pour cette vertu par leurs contemporains.

Construction de Persépolis

La ville de Persépolis est conçue par Darius Ier, et sa construction s’étale sur deux siècles à partir de 515 av. J.-C. Cette cité à l’architecture impressionnante évolue avec chaque roi qui y ajoute sa propre touche. Certains rois ajoutent un palais, d’autres des bâtiments, et d’autres encore des sculptures ou des jardins.

Persépolis est non seulement la capitale de l’Empire perse durant le règne de Darius Ier, mais elle est aussi le siège des cérémonies organisées par ce dernier. Ces cérémonies ont lieu dans la salle d’audience (ou Apadana), prévue pour la réception des satrapes et des invités du roi.

Reconstruction de l'Apadana -Charles Chipiez | Domaine public
Reconstruction de l’Apadana -Charles Chipiez | Domaine public

La cité est le symbole de la culture perse et du contexte multiculturel de l’Empire. Ses palais, ses jardins et ses bâtiments gigantesques reflètent tous sa richesse matérielle et culturelle.

De plus, les sculptures perses découvertes des siècles plus tard dépeignent une image différente de celle rapportée par leurs contemporains grecs.

Ces derniers, étant les rivaux et ennemis des Perses à cette époque, les décrivent comme des barbares impitoyables et non civilisés.

Néanmoins, les sites archéologiques, les sculptures et les tablettes relatifs à l’Empire perse racontent une histoire différente, celle d’un peuple tolérant, civilisé, multiculturel et curieux. Il est à noter que certains historiens grecs ne cachent pas leur admiration pour la culture et les coutumes perses, notamment l’historien Hérodote (484 – 425 av. J.-C.), qui s’intéresse aux habitudes, aux croyances et aux pratiques du peuple perse et les compare à celles de ses compatriotes.

Selon Hérodote, contrairement aux Grecs, les Perses n’imposent pas leurs croyances religieuses ni leurs méthodes de gouvernance sur les territoires qu’ils occupent.

Destruction de Persépolis et chute de l’Empire perse

Le conflit gréco-perse dure pendant des siècles, avec des résultats variables selon l’époque.

Les cités grecques occupées par l’Empire achéménide depuis l’époque de Cyrus le Grand se révoltent contre ce dernier, engendrant ainsi une série de guerres. Les premières sont les deux guerres médiques qui débutent en 492 av. J.-C., suite à la révolte ionienne (entre 499 et 493 av. J.-C.).

Les guerres médiques se terminent par la défaite des Perses qui ne réussissent pas à envahir Athènes, malgré la conquête d’autres cités grecques. D’ailleurs, c’est au cours de la seconde guerre médique (entre 480 et 479 av. J.-C.) que le roi perse Xerxès (486-465 av. J.-C.) met le feu à Athènes.

Malgré une accalmie après les guerres médiques, les relations entre les Grecs et les Perses restent tendues et teintées de méfiance. C’est avec l’ascension d’Alexandre le Grand (356 – 323 av. J.-C.) au trône que ces tensions culminent, menant à une conquête de l’Empire perse par ce dernier vers 334 av. J.-C.

Au bout de plusieurs batailles entre les troupes d’Alexandre le Grand et celles de Darius III, les nombreuses cités sous le règne de l’Empire perse sont envahies par les Grecs. L’événement marquant de cette guerre est la bataille de Gaugamèles (en 331 av. J.-C.) qui s’achève par la victoire des troupes d’Alexandre le Macédonien et la fuite de Darius III.

Suite à la réussite de la conquête de l’Empire perse, Alexandre le Grand et ses troupes tournent leur attention vers Persépolis, la perle perse et le symbole de l’Empire achéménide. Alexandre décide alors de détruire la cité en la brûlant complètement. Bien que ses vraies intentions restent inconnues, plusieurs sources émettent l’hypothèse de la vengeance pour la destruction d’Athènes par les Perses des décennies plus tôt et la volonté de donner le coup de grâce à l’Empire déchu.

Redécouverte de Persépolis dans les temps modernes

Suite à l’incendie, la cité de Persépolis reste cachée pendant des siècles, et ses ruines ne sont découvertes qu’environ vers 1930 par des archéologues modernes, peu avant le règne du Shah Mohammad Reza Pahlavi, détrôné par la révolution iranienne.

Les anciens bâtiments majestueux, caractérisés par des dizaines de colonnes gigantesques et des sculptures détaillées, fascinent les chercheurs et les enthousiastes de l’Histoire Antique.

Les archéologues trouvent également, sur le site archéologique de Persépolis, des milliers de tablettes d’argile datant de l’Antiquité. Ces tablettes permettent enfin de mieux comprendre le fonctionnement de l’Empire achéménide, resté jusque-là inconnu et mystérieux faute d’archives perses.

Conclusion

Persépolis est le symbole de l’essor de l’Empire Achéménide et reflète la richesse culturelle et le succès politique de ce dernier à son apogée. Ceci expliquerait probablement la décision prise par Alexandre le Macédonien d’annihiler cette cité dans l’espoir d’empêcher la résurrection de l’Empire Achéménide.

Néanmoins, selon des historiens, dans sa volonté de détruire Persépolis, Alexandre le Grand finit par la préserver sans le savoir. En effet, le feu qui ravage la cité sous ses ordres couvre les différents bâtiments d’une couche importante de cendres, permettant ainsi de les protéger jusqu’à nos jours.

Quelques liens et sources utiles

Briant, P. (1989). Histoire et idéologie. Les Grecs et la « décadence perse ». Collection de l’Institut des Sciences et Techniques de l’Antiquité, 377(1), 33-47.

Briant, P. (2014). Histoire de l’empire perse: de Cyrus à Alexandre. Fayard.

Huart, C. (1916). L’histoire de la Perse. Journal des Savants, 14(6), 250-260.

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