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La révolution iranienne de 1979

Le Shah s'affilie à l'Occident pour moderniser le pays, ce qui a été critiqué par le peuple dont Khomeini qui déclenche la révolution.
Anniversaire de la révolution islamique en Iran - Mostafameraji | Creative Commons Attribution-Share Alike 4.0
Anniversaire de la révolution islamique en Iran – Mostafameraji | Creative Commons Attribution-Share Alike 4.0

Depuis 1970, le Shah Mohammad Reza Pahlavi espère tourner la page des années de détresse et faire des retombées pétrolières un tremplin pour inscrire son pays dans un monde plus civilisé.

Une ouverture sur l’Occident que les Iraniens ont considéré comme trahison à leur identité, leurs valeurs et leurs préceptes islamiques auxquels ils sont si attachés. Le Shah, en sa qualité de souverain du pays, met tout en œuvre pour émanciper l’Iran et l’ouvrir sur le reste du monde. En concluant des accords avec les États-Unis, le Shah scelle l’histoire de l’Iran en tant que royaume.

Le pays devient alors république au lendemain de la fameuse révolution dirigée par Ayatollah Khomeini.

L’Iran et l’influence américaine

Cela fait plus de 30 ans que le Shah Mohammad Reza Pahlavi règne sur l’Iran. Il en est le dernier Shah et le deuxième de la dynastie Pahlavi, son règne dure 38 ans, de 1941 à 1979. Francophile depuis son très jeune âge, le Shah a toujours eu un attrait pour l’Occident. Étant ancien élève de l’Institut Le Rosey en Suisse, on lui a inculqué un savoir-faire européen, et plus spécifiquement typiquement français.

Le Shah Mohammad Reza Pahlavi se laisse porter par l’influence américaine qui ne laissa pas les Soviétiques indifférents. Après la Seconde Guerre mondiale, pour revigorer son armée, le Shah fait appel aux États-Unis.

Une première dans son genre, l’Iran noue des liens étroits avec l’Occident, c’est donc aux Américains qu’on délègue la tâche de reconstruire l’Iran. Le pays se veut être moderne et potentiellement une puissance mondiale. Cela a longtemps constitué l’ambition du Shah, qui voulait cependant garder un régime autoritaire.

L’acheminement vers la modernisation touchait tous les aspects sociaux, dont les droits des femmes. La loi électorale de 1963 vient étayer les principes d’émancipation et de reconnaissance de la place de la femme iranienne dans la société. Une loi agraire stipulant ainsi des dispositions qui étendent le droit de vote aux Iraniennes. La mise en vigueur de pareilles lois confirmait l’intention de remanier le pays par le Shah.

L’Iran a toujours été perçu comme un important allié des États-Unis en vue de sa position géopolitique. Les Américains ont alors répondu affirmativement à l’appel à l’aide du Shah. Des aides économiques et militaires surtout, une relation irano-américaine qui a tissé ses liens dans les différents engagements que l’Iran doit aux États-Unis. En retour, les Iraniens ont permis à l’armée américaine d’accéder à des bases en Iran. La découverte du pétrole a aussi consolidé l’idée d’entretenir des relations avec l’Iran.

Les intérêts américains et cette ère soudaine de modernisation à l’occidentale a été fortement critiqué par l’opposition. Considérée comme violation des préceptes islamiques, le peuple retoque fermement l’aide des Américains. La voix de l’indignation commence à s’entendre chez les religieux et les étudiants, ce qui présage déjà à une révolution à l’échelle nationale.

L’indignation du peuple iranien

La sédition s’instaure progressivement dans le pays, les revendications sont les mêmes : pas de modernisation au détriment de l’islam. Le Shah et son gouvernement sont les principales cibles de cette révolution.

La rébellion monte d’un cran et le Shah est le premier accusé de ce changement « blasphématoire » selon les conservateurs et les religieux. Une mouvance se déclenche d’abord à Qom puis Téhéran, dirigée par l’Ayatollah Khomeini.

Qui est Ayatollah Khomeini ?

Khomeini est né en 1902 à Khomeyn. Depuis son très jeune âge, il est passionné par la théologie, qu’il a étudiée au point de devenir un érudit religieux connu dans son pays. On lui a octroyé le surnom « Ayatollah » suite à son érudition approfondie dans l’islam chiite.

L'Ayatollah Ali Khamenei et Hassan Khomeini à l'occasion du 27e anniversaire de la mort de Ruhollah Khomeini / Mahmoud Hosseini, Creative Commons Attribution 4.0
L’Ayatollah Ali Khamenei et Hassan Khomeini à l’occasion du 27e anniversaire de la mort de Ruhollah Khomeini / Mahmoud Hosseini, Creative Commons Attribution 4.0

Cette appellation est vouée aux personnes qui ont atteint le plus haut niveau de la hiérarchisation des études en chiisme. Son nom avant d’être, « Ayatollah » était Rouhollah Moussavi Khomeini. En 1920, il s’installe à Qom pour ses études en théologie et philosophie. En 1927, il est déjà professeur de théologie dans la même ville.

Très vite, Khomeini grave les échelons, son ingéniosité et son appétence pour la religion l’ont beaucoup aidé à s’améliorer en tant que théologien. En 1950, Khomeini se fait appeler Ayatollah, il est désormais un savant du chiisme.

L’élocution dont il a toujours fait preuve l’a entouré d’un cercle d’admirateurs qui grandit de plus en plus jusqu’à ce qu’on entende parler de lui bien au-delà de Qom. Dix ans plus tard, Ayatollah Khomeini rejoint l’opposition. Sa persévérance a payé, il a désormais une audience, il est même devenu un symbole voire un leader de l’islam chiite en Iran.

Depuis 1960, Khomeini ne rate aucune occasion pour critiquer le gouvernement du Shah. Il est même allé en prison en 1963 puis libéré aussitôt à la suite des révolutions qui défendaient sa cause à Téhéran et Qom. Sa critique de 1964 sur le décret établi par le Shah, immunisant les conseillers militaires américains, a été la goutte de trop.

Il se fait alors exiler en Turquie puis en Irak et au final en France. C’est aux alentours de Paris qu’il a choisi de s’installer, estimant que depuis la capitale française il saurait mieux porter sa voix et dénoncer le régime politique en cours dans son pays.

Durant ses 14 années d’exil, Khomeini critique violemment le Shah pour sa politique occidentalisée et son délaissement de l’islam. L’opposition de Khomeini s’est accrue à partir de l’an 1970 lorsqu’il évoque pour la première fois le mot « révolution » et revendique publiquement la chute du Shah.

Le début de la révolution

Depuis l’exil du Khomeini, l’étau se resserre de plus en plus sur le régime du Shah Mohammad Reza Pahlavi. Les années de mécontentement s’engrènent et cela ne fait qu’accroitre la frustration des Iraniens.

Outre le fait d’établir des accords avec l’Occident, la population iranienne se plaint de la corruption, l’injustice sociale et le manque de liberté. Quant aux libéraux du pays, ils reprochent de leur côté le despotisme du régime, notamment l’instauration du SAVAK. Jugé être répressif par la population, le SAVAK est un service de renseignement et de sécurité intérieure. Il était à l’origine de plusieurs prisonniers politiques. Il est perçu comme un moyen de museler toute personne qui ose critiquer le régime national.

1979 La révolution islamique | Domaine public
1979 La révolution islamique | Domaine public

Toutes ces raisons ont déclenché une série de manifestations qui ont débuté en 1977, d’abord pacifiques, puis violentes au bout d’une année. Les intellectuels et les étudiants ont été les premiers à longer les avenues de Qom et Téhéran quémandant le changement du régime. Khomeini, de son coté, gardait l’œil sur les manifestations depuis son exil, il exhortait les Iraniens à sortir et proclamer leur droit et dénoncer tout acte pro-occidental.

Les séditions ont concerné toutes les tranches sociales de l’Iran, à savoir les mollahs qui représentent l’idéologie nationale et traditionnelle idyllique. Ils ont joué un rôle très important dans la révolution iranienne par leur ténacité au chiisme et aux mœurs typiquement nationales, rejetant ainsi toute possible acculturation ou influence intruse à leurs préceptes. Le clergé chiite ainsi rejoint la cadence révolutionnaire et encourage le peuple dans sa révolte.

La chute de l’Etat Impérial d’Iran

En février 1979, le Shah prend son dernier vol depuis Téhéran, beaucoup de pays ont refusé l’atterrissage de l’avion pour qu’il finisse en Egypte où il était reçu et où il résida pour le restant de sa vie. Suite à cet événement crucial, la révolution iranienne inscrit dans l’histoire la chute de l’État impérial d’Iran.

Sous les directives d’Ayatollah Khomeini, un gouvernement intérimaire est vite créé. Le régime nouvellement instauré a systématiquement recouru à l’islam pour édifier un nouvel Iran. La nouvelle constitution est venue enlever le doute sur la chute de la monarchie qui fut abolie directement après le départ du Shah.

En plus de muter vers un système républicain ayant comme président Ayatollah Khomeini, plusieurs nouvelles réformes ont été mises en place. Pour mettre fin à l’influence occidentale, le quotidien des Iraniens a subi un changement significatif, à savoir l’obligation du port du hijab par les femmes et l’interdiction de consommation d’alcool.

Plusieurs changements ont transformé radicalement le pays, d’une nation qui s’ouvrait sur le monde à une autre qui se veut d’être autarcique et conservatrice. Les transformations majeures de 1979 ont donné naissance à l’Iran d’aujourd’hui. Un pays qui ne cesse d’intriguer la communauté internationale en créant une controverse sur ses décisions politiques internes.

L’Iran est souvent critiqué pour ses politiques jugées autoritaires par certains, comme il est admiré par d’autres pour sa résistance à l’Occident et son refus catégorique des aides que lui propose. Les avis varient selon les perspectives et les intérêts, quant à l’histoire, dépourvue de jugement, elle reste immuable dans le temps et relate uniquement les faits que l’Iran ou toute autre nation a encourus.

Quelques liens et sources utiles :

Clément Chapon, « La révolution iranienne de 1979 : histoire, analyse et conséquences », 2017

Ignace Boutheon, « Histoire : la révolution islamique en Iran et le rejet du modèle occidental », 2022

La rédaction de l’INA, Histoire : la révolution islamique en Iran et le rejet du modèle occidental – AuFutur, 2019

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