Comme son nom l’indique, le chiffre de César est associé à Jules César, le célèbre premier empereur de la Rome Antique. Si cet encodage de lettres porte son nom, c’est parce que ce fut lui qui l’inventa dans le but de rendre ses correspondances lisibles seulement pour ceux avec qui il échangeait par lettres.
Cet art de l’encodage d’un langage s’appelle la cryptographie.
Qu’est-ce que la cryptographie?
De nos jours, la cryptographie se réfère à l’encodage informatique et tout ce qui est de l’écriture de codes tel que le Python ou le PHP. Cette évolution de la discipline nous vient en partie d’Ada Lovelace, l’une des premières programmeuses informatiques au monde.
Étant la raison même de l’existence de cette page Internet comme tant d’autres, la cryptographie est désormais un art répandu. Mais ce fut tout d’abord, comme son nom l’indique, l’art de codifier un langage afin de le rendre lisible seulement à un lectorat sélectionné et avisé. En d’autres termes, la cryptographie c’est l’art des messages secrets. À l’instar justement du chiffre de César.
Et qui n’a jamais rêvé d’inventer son propre langage secret pour parler en toute intimité avec ses amis ?
Jules César, empereur et leader militaire de la Rome Antique
Jules César, figure emblématique de la Rome Antique, conquérant de la Gaule et dictateur romain, après avoir conquis son propre pays par la force, était également connu pour ses capacités dans le domaine militaire.
À l’époque de la conquête de la Gaule, César correspond de manière épistolaire avec Cicéron qui lui est resté au sénat de Rome. Cependant, étant en territoire ennemi et au milieu d’une guerre de conquête pas forcément soutenue par le Sénat romain, César trouve le besoin de coder ses lettres et c’est là qu’intervient le fameux chiffre de César.
L’utilisation du chiffre de César est donc le fruit d’une nécessité de coder le contenu personnel ou les informations militaires que pouvaient contenir ces lettres et qui, au vu de la distance qui devait être parcourue avant d’atterrir dans les mains du destinataire, avaient de grandes chances d’être interceptées.
Il y a peu de chances que César soit le vrai créateur de ce système de chiffrement de messages par décalage. Mais rendons à César ce qui est à César, si ce système cryptographique porte son nom, c’est tout de même parce qu’il l’a popularisé.
Le chiffre de César
Le chiffrement par décalage, ou plus connu sous le nom de chiffre de César, est un langage codé à base mathématique qui consiste à interchanger les lettres de l’alphabet afin de rendre le message lisible seulement pour ceux qui connaissent le code. Cependant, on a retrouvé des messages codés datant d’avant ce chiffre de César. En effet, l’un des exemples de cryptographie précédant les correspondances de César, fut une recette dont seules les voyelles restaient. Celle-ci datant du XVIe siècle avant J.C.
S’il n’est donc pas la première occurrence de cryptographie (puisque l’archéologie en aura prouvé le contraire), il fut le premier véritable système de codage, le premier ayant une logique mathématique.
Modèle de ce système de codage
Comme on le voit dans l’illustration ci-dessous, le code utilisé par César est en réalité assez simple. Il s’agit d’interchanger la lettre de l’alphabet avec celle qui vient trois lettres après celle-ci dans l’ordre alphabétique.
Cet exemple est à l’image du code original de César. Mais étant un système à part entière de cryptographie, le chiffre de César n’est pas cantonné à un décalage de trois lettres dans l’ordre alphabétique. Le sens de rotation du chiffre de César peut être inversé, comme on peut le voir ci-dessus à droite.
De même que le nombre de lettres de décalage n’est pas une valeur figée. On pourrait avoir un message crypté avec le chiffre de César où il y aura seulement deux lettres de décalage. Ici, le “a” deviendrait alors un “c” si l’on suit l’ordre alphabétique. Mais on pourrait également trouver un décalage bien plus conséquent.
Maintenant, étant l’un des premiers systèmes de cryptage de messages, le chiffre de César est assez simple, ce qui le rend également facilement décodable. Donc s’il fut une utilisation ingénieuse dans l’Antiquité où l’illettrisme était chose commune, de nos jours, il serait facile de comprendre que le message fut crypté et en suivant la logique, il serait tout aussi facile de retrouver le sens original de ce message.
Quelques sources et liens utiles :
Holden, Joshua, The Mathematics of Secrets: Cryptography from Caesar cyphers to digital encryption. Princeton, Princeton University Press, 2017.
Mercier, Dany-Jack, « Du chiffrement de César à la mathématique de la carte bancaire ». Repères IREM, Vol. 46, 2002, pp. 59-90.
Kahn, David, The Codebreakers: A Comprehensive History of Secret Communication from Ancient Times to the Internet. New York, Scribner, 1996.