Pourquoi l’année s’arrête le 31 décembre ?

La fin de l’année le 31 décembre est le résultat d’un long processus mêlant traditions romaines, calculs astronomiques et réformes religieuses.
« Bonne année », fêtée au champagne en France, au début du XXe siècle - Auteur inconnu | Domaine public
« Bonne année », fêtée au champagne en France, au début du XXe siècle – Auteur inconnu | Domaine public

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Le 31 décembre, date symbolique marquant la fin de l’année dans de nombreux calendriers à travers le monde, semble une évidence aujourd’hui. Pourtant, ce choix est le fruit d’une longue histoire mêlant traditions religieuses, ajustements politiques et calculs astronomiques.

Pourquoi cette date a-t-elle été choisie, et comment s’est-elle imposée comme repère universel pour clôturer un cycle annuel ?

Des repères astronomiques à l’origine du calendrier

Avant d’établir une date fixe pour la fin de l’année, les civilisations anciennes utilisaient des repères naturels et astronomiques pour rythmer le temps. Les cycles du Soleil et de la Lune servaient de références pour définir des mois et des années.

Le calendrier solaire repose principalement sur la révolution terrestre autour du Soleil, qui dure environ 365 jours. Cette révolution, ponctuée par les solstices et équinoxes, marque des changements de saisons. Le solstice d’hiver, autour du 21 décembre, symbolise le renouveau avec le rallongement progressif des jours.

Certaines cultures, comme celles des RomainsL’écriture des chiffres par les Romains : les chiffres romains, célébraient ces moments clés de l’année. Toutefois, fixer une date précise pour le début ou la fin de l’année était encore loin d’être universel.

Le calendrier romain : entre chaos et réforme

Avant l’instauration du calendrier moderne, les Romains utilisaient un calendrier dit « primitif », composé de 10 mois seulement. L’année débutait en mars, mois dédié à Mars, le dieu de la guerre. Les mois d’hiver n’étaient pas inclus dans le calcul, considérés comme une période sans activité agricole ou militaire.

C’est sous le règne du roi Numa Pompilius (VIIᵉ siècle av. J.-C.) que furent ajoutés janvier (Ianuarius) et février (Februarius), portant l’année à 12 mois. Février était alors le dernier mois de l’année. Toutefois, ce calendrier restait imprécis, avec des décalages fréquents par rapport aux saisons.

En 46 av. J.-C., Jules César, conseillé par des astronomes égyptiens, introduit le calendrier julien pour mettre fin au chaos. Il fixe la durée de l’année à 365 jours, avec une journée supplémentaire tous les 4 ans (année bissextile). César choisit de commencer l’année en janvier, en l’honneur du dieu Janus, divinité des commencements et des transitions.

Par conséquent, le 31 décembre devient naturellement la dernière journée de l’année, précédant le mois de janvier.

L’Église et l’adoption du calendrier grégorien

Malgré la réforme julienne, de légers décalages subsistaient, dus à une approximation dans le calcul de la durée de l’année. Au XVIᵉ siècle, ces erreurs posaient des problèmes pour fixer des fêtes religieuses comme Pâques. Le pape Grégoire XIII décida alors de réformer le calendrier.

En 1582, le calendrier grégorien est instauré : il corrige les imprécisions du calendrier julien en ajustant la durée de l’année à 365,2425 jours. Cette précision permet de maintenir l’alignement des saisons et des dates fixes, comme celle du 31 décembre, à la fin de l’année.

L’Église catholique, très influente, imposa ce calendrier dans les pays catholiques, tandis que d’autres nations l’adoptèrent progressivement pour des raisons pratiques et commerciales. Aujourd’hui, le calendrier grégorien est utilisé dans la majorité du monde.

Le 31 décembre : une date symbolique et culturelle

La date du 31 décembre est devenue, au fil des siècles, un repère symbolique universel pour marquer la fin d’un cycle annuel. Elle est associée à des traditions profondément ancrées :

  • La célébration du réveillon du Nouvel An, symbole de renouveau et d’espoir pour l’année à venir.
  • Des rituels liés à la réflexion sur l’année écoulée et aux résolutions pour l’année nouvelle.
  • Les célébrations festives dans le monde entier, marquées par des feux d’artifice, des banquets et des réunions familiales.

Les sociétés modernes ont intégré cette date comme un moment de passage, où chacun laisse derrière soi les épreuves de l’année et accueille avec espoir une nouvelle période.

Pourquoi pas une autre date ?

Si le 31 décembre nous semble aujourd’hui naturel, d’autres repères auraient pu s’imposer dans l’histoire :

  • Le solstice d’hiver, autour du 21 décembre, aurait pu marquer la fin de l’année pour symboliser le retour progressif de la lumière.
  • Le mois de mars, qui était la référence des Romains, reste encore visible dans certains noms de mois : septembre (7ᵉ mois), octobre (8ᵉ mois), etc.
  • Dans d’autres cultures, comme celle des Chinois ou des Perses, le Nouvel An est célébré à des dates différentes, souvent en fonction des cycles lunaires ou des saisons agricoles.

Ainsi, le 31 décembre s’est imposé non pas par une nécessité astronomique, mais par une série d’évolutions historiques et culturelles, ancrées dans le calendrier romain et consolidées par l’Église catholique avec le calendrier grégorien.

Le 31 décembre, pour toujours

La fin de l’année le 31 décembre est le résultat d’un long processus mêlant traditions romaines, calculs astronomiques et réformes religieuses. Ce jour, devenu symbole de renouveau, est célébré dans le monde entier comme une étape marquante du cycle annuel.

Si cette date s’est imposée comme une évidence, elle rappelle que la mesure du temps est avant tout une construction humaine, façonnée par les sociétés pour donner un sens à leurs vies et rythmer leurs activités.

Quelques liens et sources utiles

Carcopino, Jérôme. La vie quotidienne à Rome à l’apogée de l’Empire. Hachette, 1940.

Le Goff, Jacques. Pour un autre Moyen Âge. Gallimard, 1999.

Grumel, Venance. Traité d’études byzantines. Presses Universitaires de France, 1958.

Bede, Vénérable. De Temporum Ratione. Éditions scientifiques, 725 (trad. 1999).

Zerubavel, Eviatar. The Seven-Day Circle: The History and Meaning of the Week. University of Chicago Press, 1989.

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