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La Birmanie à la poursuite du rêve démocratique

Début novembre, la junte militaire au pouvoir en Birmanie promet une contre-offensive après les attaques des groupes ethniques pro-démocratiques.
Manifestation de la population birmane contre la junte militaire le 9 février 2021 - Auteur inconnu | Domaine public
Manifestation de la population birmane contre la junte militaire le 9 février 2021 – Auteur inconnu | Domaine public

Le vendredi 27 octobre, trois importants groupes ethniques, l’Armée de libération nationale Taaung (TNLA), l’armée d’Arakan (AA) et l’Alliance démocratique nationale du Myanmar (MNDAA), lancent conjointement des offensives contre la junte militaire qui a pris le pouvoir par la force, dans l’État de Shan, au nord-est du pays.

Ces groupes informent avoir pris le contrôle de plusieurs avant-postes de l’armée birmane et annoncent occuper les routes stratégiques, et quatre villes à la frontière chinoise. Face à cette attaque qui menace la capitale de la région, Laukkai, l’armée birmane rétorque l’utilisation de propagande erronée par les groupes rebelles sur les lieux indiqués. Cependant, dans la même intervention télévisée, le porte-parole de la junte, Zaw Min Tun, déclare que « certaines zones ont été abandonnées par les organes administratifs du gouvernement et les organes administratifs de sécurité ».

Min-Aung Hlaing, général des forces armées birmanes en 2021 - Mikhail Frolov | Creative Commons Attribution 4.0
Min-Aung Hlaing, général des forces armées birmanes en 2021 – Mikhail Frolov | Creative Commons Attribution 4.0

Ces groupes informent avoir pris le contrôle de plusieurs avant-postes de l’armée birmane et annoncent occuper les routes stratégiques, et quatre villes à la frontière chinoise. Face à cette attaque qui menace la capitale de la région, Laukkai, l’armée birmane rétorque l’utilisation de propagande erronée par les groupes rebelles sur les lieux indiqués.

Cependant, dans la même intervention télévisée, le porte-parole de la junte, Zaw Min Tun, déclare que « certaines zones ont été abandonnées par les organes administratifs du gouvernement et les organes administratifs de sécurité ».

Min Aung Hlaing, le général de la junte, promet des contre-offensives pour rétablir la situation et rassurer son voisin chinois qui appelle à un cessez-le-feu de toutes les parties afin de sécuriser ses nombreux investissements dans la région dans le cadre de la politique des nouvelles routes de la soie.

Birmanie : un pays sous dictature depuis 50 ans

Cette lutte démocratique ne date pas d’hier en Birmanie. La population a vécu sous une dictature militaire pendant 50 ans, de 1962 à 2010, avant d’entrer dans une période de transition démocratique longuement demandée par le peuple birman, comme nous le prouve la grande manifestation pacifique du 8 août 1988. Appelée « Le soulèvement 8888 », elle fut violemment réprimée par le régime.

Ainsi, dans les années 2010 commence le « printemps birman » : les militaires au pouvoir se mettent en retrait pour laisser officiellement la place à un gouvernement civil. Cependant, pour s’assurer de rester influent, l’armée birmane, appelée aussi la Tatmadaw, avait modifié la constitution en 2008 pour qu’elle leur accorde automatiquement et indéfiniment le quart des sièges de l’Assemblée nationale et des assemblées régionales, ainsi que la direction de trois ministères : celui de l’Intérieur, de la Défense, et des Frontières.

Un pas vers la démocratisation de la Birmanie.

Malgré tout, Aung San Suu Kyi, prix Nobel de la paix en 1991 et figure de l’opposition à la junte militaire, réussit à réformer démocratiquement le pays. Dans ce contexte, la population croit en Aung San Suu Kyi et en son parti politique, qui récolte 82% des voix aux élections législatives de 2020, pour s’opposer aux militaires. Le résultat est largement contesté par la Tatmadaw et c’est dans ce contexte, le 1er février 2021, qu’elle mène le coup d’État et emprisonne Aung San Suu Kyi.

Manifestation pacifique de la population birmane

En réaction à cette catastrophe qui projette la population birmane 10 ans en arrière, le peuple se soulève contre les dirigeants de la junte. Des millions de personnes descendent dans les rues dans tout le pays pour manifester pacifiquement et demander à l’armée birmane de renoncer au pouvoir. Face à la répression et aux tirs à balles réelles de la police, la population multiplie les actes de désobéissance civile en chantant l’hymne national, en tapant sur des casseroles, et en appelant à la grève.

Un retour à la violence de la part de l’armée

Face à cette impopularité unanime, la Tatmadaw répond par la violence et la terreur. Selon Human Rights Watch, entre le 1er février et le 1er décembre, la police et l’armée ont tué « au moins 1 300 manifestants et passants, dont environ 75 enfants, et arrêté plus de 10 596 manifestants, responsables gouvernementaux, activistes, journalistes et fonctionnaires ».

Les exactions de la junte sont constantes et le Haut-Commissariat aux droits de l’homme de l’ONU s’inquiète de la « spirale sans fin de violences militaires » en Birmanie tout en appelant à un sursaut de la communauté internationale pour mettre fin aux bains de sang. Dans le contexte géopolitique mondial, seul la Chine, à ce jour, semble s’inquiéter du sort de la Birmanie, ce qui lui laisse le champ libre pour continuer de renforcer solidement son influence dans la région et son image de médiateur pour la paix.

Quelques liens et sources utiles

ARTE Reportage, Birmanie, la résistance Chin, ARTE, 2023.

Le Dessous des Cartes, Birmanie: La junte militaire contre Aung San Kyi – Le dessous des cartes | ARTE – émission complète [Vidéo], ARTE, 2021, 7 mars 2021.

INALCO, Birmanie (Myanmar) 2010-2017 : un pays en transition ?, 3 décembre 2020.

AFP, Aung San Suu Kyi ou le destin tumultueux de la Birmanie, Geo.fr, 10 janvier 2022.

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