Le 2 juin 2024, la sonde chinoise Chang’e-6 a réussi son alunissage sur la face cachée de la Lune. La mission est un succès pour l’Empire du Milieu qui a réussi à en rapporter des échantillons, s’imposant ainsi comme une puissance spatiale de premier plan.
Depuis plusieurs décennies, la Chine se fait de plus en plus présente sur la scène internationale et s’impose en tant que grande puissance du XXIe siècle. Le président chinois Xi Jinping, manifestait déjà avant son investiture en 2013, son souhait de « réaliser le grand redressement de la nation chinoise ».
Le chef d’État a fixé l’objectif de faire du pays la première puissance mondiale en 2049, à l’occasion du centenaire de la proclamation de la RPC – République Populaire de Chine.
Dans cet article, nous allons essayer de comprendre quels sont les facteurs de l’ascension chinoise en tant que puissance incontournable de notre siècle ainsi que les stratégies adoptées par le pays pour conquérir la première place mondiale.
La puissance économique et commerciale du siècle
Le concept de puissance, très important en géopolitique, est la capacité d’un acteur à imposer ses choix à d’autres acteurs. Plus précisément, le docteur en géographie économique Gérard Dorel définit la puissance comme « un État qui dans le monde se distingue non seulement par son poids territorial, démographique et économique mais aussi par les moyens dont il dispose pour s’assurer d’une influence durable sur toute la planète en termes économiques, culturels et diplomatiques ».
Nous nous appuierons en grande partie sur cette définition pour, justement, estimer la capacité de la Chine à imposer ses choix à travers le monde.
L’un des domaines fondamentaux d’une puissance, qui permet bien souvent de développer tous les autres, est celui de l’économie. C’est le premier « fondement » de la puissance que nous allons explorer ici.
La croissance économique phénoménale de la Chine ces dernières décennies
Depuis 1978, la production de la Chine a été multiplié par cinq et le revenu par habitant a été multiplié par trente. Alors qu’au début du XXIe siècle, le PIB chinois représentait environ 10 % de celui des États-Unis, il en représente aujourd’hui un peu moins de 70 %, si bien que le pays est la deuxième économie mondiale depuis 2010.
La croissance chinoise impressionne par sa rapidité. Le directeur de l’Institut de relations internationales et stratégiques (IRIS), Pascal Boniface, considère que « la vitesse de développement en Chine est absolument unique dans l’Histoire ».
Un tournant depuis 1978
En 1978, Deng Xiaoping succède au « Grand Timonier » Mao Zedong, à la tête de l’État chinois. La politique du « Grand Bond en avant », mise en œuvre par ce dernier, censée augmenter sensiblement la production agricole et industrielle chinoise, s’est soldée par un échec et a même provoqué une terrible famine dans le pays.
Deng Xiaoping engage des réformes afin de redresser la Chine. Il lance notamment son programme des Quatre Modernisations qui vise à développer les domaines de l’agriculture, l’industrie, la science et la technologie ainsi que la défense nationale.
Le président chinois propose également un nouveau modèle économique dit de « socialisme de marché ». Il s’agit d’une libéralisation progressive de l’économie, contrôlée par le Parti communiste chinois.
Contrairement à Mao, Deng Xiaoping cherche désormais à ouvrir la Chine au monde, en s’inspirant du développement connu par la Corée du Sud, Taïwan, Hong Kong et Singapour dans les années 60 et 70, qui ont su attirer les IDE – Investissements Directs à l’Étranger – ainsi que les entreprises étrangères.
C’est alors que les ports chinois deviennent le véritable moteur de l’économie chinoise, à l’instar de celui de Shangaï, aujourd’hui premier port mondial en termes de trafic de conteneurs. L’ouverture internationale permet aussi à la Chine d’acquérir des technologies occidentales, et ainsi, d’adopter une stratégie de remontée des filières.
En effet, même si l’on emploie encore régulièrement l’expression d’« usine du monde » pour désigner le pays, ce dernier développe depuis maintenant plusieurs années des produits à forte valeur ajoutée tels que des smartphones, des objets connectés ou encore des véhicules électriques via des marques désormais mondialement connues comme Haier, Huawei ou encore Xiaomi.
Une accélération à partir des années 90
La croissance chinoise s’accélère encore au cours des années 90. En effet, à partir de 1991, le taux de croissance du PIB ne descend pas en dessous de 6 % jusqu’en 2019. À titre d’exemple, au cours de la même période (1991-2019), les États-Unis ont connu un taux maximum de croissance du PIB en 1999, qui était d’environ 5 % et le taux moyen au cours de la période 1991-2019 était d’environ 2,5 %.
En 1992, Deng Xiaoping souhaite améliorer les conditions de vie des habitants et accélère les réformes qu’il a entamé. Le « Petit timonier » autorise la création d’entreprises privées à une échelle bien plus grande qu’auparavant. Cela permet à de nombreux citoyens chinois de créer leur propre entreprise. Tencent et Alibaba ont par exemple été fondé à la fin de la décennie, preuve de l’efficacité des réformes de Deng Xiaoping.
Un nouveau cap est franchi en 2001 avec l’intégration de la Chine à l’OMC – Organisation Mondiale du Commerce. Cela lui a permis d’accroître ses échanges commerciaux avec d’autres pays et d’attirer de nouvelles multinationales sur son territoire, ayant notamment un attrait pour le gigantesque marché chinois.
Le projet colossal du président Xi Jinping : les nouvelles routes de la Soie
En 2013, l’actuel président chinois Xi Jinping arrive à la tête de l’État chinois et lance le grand projet stratégique des nouvelles routes de la Soie. Celles-ci font référence aux routes de la soie, qui sont des réseaux d’échanges commerciaux reliant la Chine au bassin méditerranéen depuis l’Antiquité. L’objectif de cette initiative est de relier économiquement la Chine à l’Europe, en intégrant l’Asie Centrale par un vaste réseau d’axes routiers et ferroviaires, mais également maritimes.
Les nouvelles routes de la Soie octroient plusieurs avantages à la Chine. Celles-ci lui permettent de trouver de nouveaux marchés et d’écouler sa production, le pays étant en surcapacité industrielle. Au-delà de l’aspect économique, d’autres objectifs ont poussé l’Empire du Milieu a réalisé ce projet.
En effet, il s’agit également pour la Chine de sécuriser ses approvisionnements énergétiques en se tournant vers les pays d’Asie Centrale, afin de réduire sa dépendance vis-à-vis de la Russie et des pays du Golfe. Plus globalement, les nouvelles routes de la Soie s’inscrivent dans une politique régionale de la Chine en Asie Centrale, afin de stabiliser la région et d’y étendre l’influence du pays.
Les investissements croissants de la Chine en Afrique
Entre 1995 et 2017, le montant des échanges commerciaux entre la Chine et l’Afrique est passé de 3 à 143 milliards de dollars. L’Empire du Milieu est même devenu le premier partenaire commercial du continent, devant les États-Unis. Certains pays africains sont aujourd’hui très dépendants de la Chine du point de vue commercial, tel que l’Angola.
Entre 2005 et 2017, la Chine a prêté 137 milliards de dollars à des pays africains avec pour objectif de financer de vastes projets d’infrastructures. Les deux acteurs y voient un accord gagnant-gagnant. L’État chinois réalise des bénéfices grâce aux intérêts des financements qu’elle accorde aux pays africains et ces derniers y voient une opportunité de développement via la construction d’infrastructures sur leurs territoires.
Cependant, certains États africains peinent à rembourser les prêts réalisés auprès de la BAII – Banque Asiatique d’Investissement pour les Infrastructures. Selon la Banque Mondiale, 27 pays africains présentaient en 2017 un niveau de dettes anormalement élevé.
Les investissements croissants de la Chine en Afrique s’inscrivent dans la continuité du projet des nouvelles routes de la Soie, avec plusieurs objectifs, autre que l’intérêt économique précédemment cité.
Avoir des alliés est crucial pour la Chine, c’est d’ailleurs en partie grâce à sa bonne relation diplomatique avec plusieurs pays africains qu’en 1971 Pékin a pu prendre la place de Taipei à l’ONU. Également, le président Xi Jinping a l’ambition d’engager la réforme du système de gouvernance mondial. Autrement dit, il souhaite créer un nouvel ordre mondial où la Chine serait la puissance hégémonique. Et, dans cette quête, le soutien du plus grand nombre de pays africains que possible est crucial.
Une puissance militaire et diplomatique affirmée
Parvenir à imposer sa volonté à d’autres acteurs se fait généralement par la force ou la dissuasion pour une puissance. La capacité militaire et le poids diplomatique apparaissent donc comme des domaines indispensables à développer. C’est très souvent la première chose à laquelle on pense lorsque l’on parle de puissance.
Dès la fin des années 60, la Chine a rejoint le club fermé des puissances nucléaires en développant les bombes atomiques et à hydrogène en 1964 et en 1967, dans le cadre de son programme « Deux bombes, un satellite », lancé par Mao Zedong.
Mais ce sont principalement ces dernières années que les capacités militaires chinoises ont connu les plus grandes évolutions. Le budget militaire de la Chine est aujourd’hui environ quatre fois supérieur à ceux de la France ou du Royaume-Uni.
Une modernisation rapide de l’armée chinoise
Le président Xi Jinping souhaite avoir une armée entièrement « moderne » d’ici 2035. Oriana Skylar Mastro, chercheuse à l’Institut d’études internationales Freeman Spogli de Stanford, évoque une flotte chinoise très en retard il y a quelques années, dont aujourd’hui « la majorité des bateaux sont aussi avancés que ceux des États-Unis ».
De plus, depuis juin 2022, la Chine a trois porte-avions en service et cela fait déjà trois ans qu’un quatrième est en construction. Ce dernier doit être doté d’une propulsion nucléaire. La flotte navale chinoise est par ailleurs la plus grande au monde en nombre de vaisseaux.
Selon un rapport du Pentagone, la Chine possède la troisième armée aérienne la plus importante, avec environ « 2 800 avions, dont approximativement 2 250 avions de combat ». Et, l’armée terrestre serait elle estimée à un peu moins d’un millions d’hommes.
Un renforcement de sa présence dans le monde
La Chine cherche également à étendre sa présence sur les continents et les océans. Déjà, le projet des nouvelles routes de la Soie est évidemment un élément clé du renforcement de la place du pays dans le monde, en nouant des accords commerciaux avec des pays d’Asie, d’Afrique, mais également européens.
C’est après plusieurs décennies d’investissements chinois à Djibouti, pour construire des écoles ou rénover des routes par exemple, que les deux pays concluent l’installation de la première base militaire chinoise hors de ses frontières, en 2017.
Depuis les années 2000, l’Empire du Milieu installe un nombre croissant de points d’appui de la mer de Chine jusqu’au canal de Suez, afin de protéger ses routes commerciales. Washington nomme cette stratégie « le collier de perles » et la voit comme une menace, tout comme l’Inde qui évoque une manœuvre d’encerclement de son pays, avec des ports chinois en Birmanie, au Bangladesh, au Sri Lanka, et au Pakistan, que l’on peut apercevoir sur la carte présentée précédemment.
Le pays accorde également une importance considérable au contrôle de la mer de Chine méridionale. En 2013, l’État chinois a rendu publique une « ligne à 10 traits », dont les contours correspondent à ses revendications territoriales dans les eaux de la mer de Chine, bordée par au moins dix pays d’Asie du Sud-Est. Un trait apparaît même à l’est de Taïwan, le pays évoquant que l’île lui appartient depuis la proclamation de la RPC et la fuite des nationalistes sur cette dernière.
En 1975, la Chine a profité de la guerre du Vietnam pour s’installer sur les archipels des îles Paracels et des îles Spratleys. Celles-ci représentent une vaste ZEE – zone économique exclusive – pour la Chine ainsi que des points d’appui stratégiques, puisque le pays y a construit des bases militaires. En 2016, la Cour Pénale Internationale a rejeté ses revendications mais la Chine n’a pas reconnu cette décision.
C’est donc en mer de Chine orientale et occidentale que l’Empire du Milieu est le plus présent et concentre le plus ses efforts, afin de contrer la présence américaine dans cette zone, et de s’y imposer en tant qu’acteur dominant.
Toutefois, la présence chinoise en mer Méditerranée s’affirme depuis quelques années. En effet, la Chine investit de plus en plus dans le pourtour méditerranéen, comme en Grèce ou en Algérie, où elle participe au développement des ports du Pirée et de Cherchell, depuis 2008 et 2016.
C’est avec le port du Pirée que la coopération est la plus étroite en Europe du Sud. Depuis 2016, la compagnie chinoise Cosco Shipping détient la gestion des activités de transports de containers et de passagers jusqu’en 2052. Le port s’est développé à une vitesse considérable en quelques années, et la société chinoise ne compte pas s’arrêter là, puisque celle-ci a aussi acquis une partie des ports d’Anvers en Belgique et de Rotterdam aux Pays-Bas.
Ainsi, la Chine renforce sa présence à l’international, sur les continents et les océans, mais reste pour l’instant une puissance régionale de ce point de vue, puisque la présence chinoise en mer Méditerranée et dans l’océan Atlantique reste émergente à l’heure actuelle.
La « puissance douce » de la Chine
Imposer sa vision des choses, son modèle politique ou culturel relève aussi du « soft power » pour une puissance. Ce concept a été théorisé par le géopolitologue Joseph Nye, est peut être définit par « l’habileté à séduire et à attirer ». Le soft power est souvent mis en œuvre à travers l’influence culturelle.
Nashidil Rouiaï, docteure en géographie et chercheuse au CNRS, avance que « l’ambition de la Chine de tenir le premier rôle au sein des puissances mondiales n’est réalisable qu’en vertu de la production et de la diffusion d’une représentation symbolique et imaginaire recevable et désirable à l’échelle globale ».
Autrement dit, l’Empire du Milieu doit se produire une image positive sur la scène internationale s’il souhaite conquérir la première place mondiale.
L’image chinoise sur la scène internationale
Déjà depuis la conférence de Bandung en 1955, la Chine s’affirmait comme un acteur fort des pays du tiers monde. Le pays a particulièrement développé l’idée de coopération mutuelle entre les États du tiers monde en Afrique. Comme dit précédemment, l’intérêt diplomatique de Pékin à cela est d’avoir le soutien d’un maximum de pays africains quand à leur conception de la mondialisation, non dominée par les pays occidentaux.
Cette idée est très souvent rappelée dans les discours officiels de Pékin, qui n’hésitent pas à instrumentaliser certains épisodes historiques nationaux pour donner l’image d’un pays guidé par la non-ingérence et humilié par les occidentaux.
Au XIVe siècle, la Chine connaissaient déjà les côtes de l’Afrique orientale, quand les premières expéditions navales européennes furent menées au début du XVe siècle. À l’époque, le pays décida de mettre fin à ses ambitions navales pour se préoccuper davantage de sa sécurité intérieure.
Les autorités chinoises utilisent aujourd’hui cet épisode de l’histoire pour dire que leur découverte de terres inconnues ne fut pas suivie d’une politique de colonisation, et que le respect des différentes cultures a toujours été un principe national. Plusieurs autres récits existent cherchant à soigner l’image de la Chine sur la scène internationale.
Une concurrence avec le système occidental
Le fait de se présenter comme une alternative à l’ordre mondial actuel se matérialise aussi par des actes dans différents domaines. La BAII, déjà évoquée, se veut par exemple être une opposition à la Banque mondiale et au Fonds monétaire international, proposant les mêmes services qu’elles.
Également, on peut citer la station spatiale chinoise Tiangong, dont l’assemblage a été terminé en 2022. Washington s’est opposée à l’intégration de la Chine dans les pays faisant partis du programme de l’ISS. Or, le pays possède désormais sa propre station spatiale, qui est elle, ouverte à tous.
Le rôle des Instituts Confucius
Les Instituts Confucius sont des établissements culturels qui ont pour objectif de véhiculer la langue, la culture, l’histoire et la philosophie chinoises à travers le monde. En 2017, 516 Instituts Confucius étaient recensés dans 142 pays du monde.
Les dirigeants chinois développent ces établissements afin que la langue et la culture chinoise soient mieux maîtrisées et comprises des populations, et que ces dernières aient une vision positive des politiques et idées transmises par le pays.
C’est en Europe qu’il y a le plus grand nombre d’Instituts, soit 182 recensés en 2019, dont 19 sont situés en France. 2 700 000 personnes étaient inscrites dans un Institut Confucius la même année, contre moins de 500 000 à l’Alliance Francaise, l’organisation chargée du rayonnement de la langue et de la culture française.
Le programme Confucius est en lien étroit avec le projet stratégique des nouvelles routes de la Soie. En effet, ce sont 135 Instituts Confucius et 130 classes Confucius qui sont présents dans 51 pays le long de la nouvelle route de la Soie.
L’implication chinoise dans les opérations de maintien de la paix
Les autorités chinoises misent également sur une stratégie de rayonnement international. Il s’agit pour la Chine de s’investir et de gagner en visibilité auprès des organisations internationales. Dans ce cadre, le pays est aujourd’hui le plus grand contributeur des cinq membres permanents du Conseil de sécurité aux Opérations de maintien de la paix de l’ONU.
Une nouvelle fois, la Chine est particulièrement impliquée sur le continent africain. En 2015, le pays participait à dix opérations en Afrique mobilisant 2 838 soldats. En plus de consolider l’influence chinoise en Afrique, l’Empire du Milieu souhaite donner une nouvelle image de son armée à travers cette forte implication. Il s’agit en effet de substituer la perception de la Chine comme pouvoir autoritaire à celle d’un État responsable et acteur du maintien de la paix.
Quelques limites à l’hégémonie chinoise
La Chine occupe donc une place grandissante dans le monde et connaît un développement impressionnant dans les différents domaines qui permettent de s’affirmer en tant que grande puissance.
Cependant, la Chine n’a pas une hégémonie équivalente à celle des États-Unis à l’heure actuelle et l’on ne peut pas encore dire que le rang de première puissance mondiale lui est acquis, pour plusieurs raisons.
De nombreux défis sur le plan intérieur
La Chine fait face à une récente crise immobilière qui laisse planer le risque d’éclatement d’une bulle spéculative, comme ce fut le cas au Japon, au début des années 1990. À priori, l’hypothèse d’une crise financière systémique qui s’exporterait à l’international est rejetée par la plupart des analystes.
Le pays doit également limiter les effets négatifs de la pollution sur la santé publique, en grande partie liée à sa consommation hors-norme de charbon, qui représente plus de 50 % de la consommation mondiale.
La Chine est également confrontée à un rythme d’urbanisation sans précédent. Entre 1980 et 2018, la population vivant en ville est passée de 20 à 60 %. Le pays doit donc planifier et accueillir en un temps très court ces nouvelles populations dans les espaces urbains.
Enfin, on peut citer trois grands défis pour les autorités chinoises sur le plan intérieur : améliorer le niveau de vie de sa population, réduire les inégalités sociales et régionales, et arriver à une paix sociale, notamment à Hong Kong, où la population a déjà été durement réprimée pour avoir manifester contre la mainmise de Pékin sur la région.
Un rejet de la Chine par l’opinion publique occidentale
Malgré ses efforts pour redorer son image sur la scène internationale, la Chine est encore rejetée par un grand nombre de pays, surtout occidentaux, mais pas uniquement.
La politique chinoise reste illégitime aux yeux de l’opinion publique occidentale. Avant l’ouverture des Jeux Olympiques de Pékin en 2008, des manifestations pro tibétaines ont eu lieu et ont suscité une prise de conscience chez les autorités de l’image négative que renvoyait le pays.
L’Occident et la Chine divergent sur des valeurs et des principes qui sont au cœur de leurs sociétés. Le modèle démocratique et le respect des droits humains, chers aux régimes occidentaux, sont quasi absents en Chine.
Amnesty International qualifiait la situation des droits humains dans la région autonome ouïghoure du Xinjiang de « catastrophique » en 2023. L’organisation estimait à 2400 le nombre d’exécutions capitales en 2013, donnée non communiquée par les autorités chinoises, puisqu’elle relève du secret d’État.
Également, le rejet du projet des nouvelles routes de la Soie par un certain nombre de pays ne facilitent pas la tache du gouvernement chinois. On peut citer les puissances voisines de l’Inde et du Japon, qui ont lancé un projet alternatif pour faire barrage aux routes de la Soie.
Évidemment, c’est la non adhésion des États-Unis au projet, et même à la politique chinoise de manière générale, qui est l’obstacle le plus grand pour la Chine.
La rivalité entre Pékin et Washington est aujourd’hui avérée. Les États-Unis s’inquiètent de la montée en puissance du pays et les relations entre les deux États sont de plus en plus conflictuelles, notamment depuis l’arrivée de Donald Trump à la présidence étatsunienne, en 2017.
La détérioration de la relation sino-américaine ces dernières années peut interroger quant à l’émergence d’une nouvelle Guerre Froide, entre les actuelles première et seconde puissances mondiales.
Quelques sources et liens utiles
Boniface, P. (2017). Les relations internationales de 1945 à nos jours : Comment en sommes nous arrivés là ? Ed. 1. Dans Eyrolles eBooks. http://www.bibliovox.com/book/88839156
Gomart, T. (2019). L’affolement du monde. https://doi.org/10.14375/np.9791021036147
Lafargue, F. (2009). La Chine sera-t-elle l’hyperpuissance du XXIe siècle ?. Géoéconomie, 50, 55-61. https://doi.org/10.3917/geoec.050.0055