Ce sont environ un million de femmes soviétiques qui ont rejoint les rangs de l’Armée Rouge. Dans l’idéologie égalitaire soviétique, l’Union soviétique est devenue le seul pays européen à avoir envoyé des femmes au combat lors de la Seconde Guerre mondiale. C’est le destin de Lyudmila Pavlichenko, l’une des meilleures tireuses d’élite de l’URSS.
L’invasion de l’Union Soviétique par l’Allemagne.
La Seconde Guerre mondiale fait rage depuis septembre 1939, lorsque l’Allemagne nazie envahit la Pologne. Elle se partage le territoire polonais avec l’URSS et officialise ce pacte de non-agression le 23 août 1939, c’est le pacte Molotov-Ribbentrop ou pacte germano-soviétique.
L’URSS et l’Allemagne restent ainsi pendant presque 2 ans. Le 22 juin 1941, l’Allemagne nazie envahit le territoire de l’Union Soviétique en lançant l’opération Barbarossa. Elle rompt le pacte établi avec l’URSS. L’Armée Rouge, inférieure à la Wehrmacht allemande, est prise de surprise, manque de matériel et d’effectif.
Partant de la Pologne, l’armée allemande envahit tout sur son passage. En parallèle de l’avance des armées, elle mène des opérations mobiles de tuerie contre les populations juives d’Europe de l’Est.
Les femmes soviétiques dans l’Armée Rouge
Lorsque la guerre éclate contre l’URSS, les femmes constituent une main-d’œuvre précieuse à l’effort de guerre, que ce soit dans l’industrie, les transports, l’agriculture, ou d’autres secteurs essentiels. Peu à peu, le patriotisme soviétique mis en avant par la propagande communiste de Joseph Staline pousse les jeunes femmes à s’engager aux côtés des hommes dans les rangs de l’Armée Rouge. Le recrutement idéologique et patriotique débute dès le plus jeune âge avec les Komsomol créés en 1918.
À partir de 1925, les jeunes filles soviétiques suivent une formation appelée « l’enregistrement militaire » qui permet d’établir un livret militaire permettant la réquisition en cas de conflit. Les femmes âgées de 18 à 40 ans sont concernées et constituent une réserve militaire.
Les Soviétiques, n’étant pas suffisamment préparés et subissant des pertes conséquentes la première année du conflit (en 1941), mobilisent les femmes. Ce sont environ 800 000 femmes qui s’engagent dans l’armée ou rejoignent les rangs des partisans soviétiques. 200 000 d’entre elles sont décorées et 85 reçoivent le titre de Héros de l’Union soviétique, tel est le cas de Lyudmila Pavlichenko.
Pilotes de chasse, unités médicales, conductrices de chars, artilleuses, les femmes soviétiques occupent des postes sans distinction avec leurs homologues masculins. Les tireuses d’élite ne font pas exception. Malheureusement, nombreuses sont celles qui ne sont pas considérées comme égales par les hommes de leurs unités. Le traitement des femmes est également différent ; leurs camarades ne savent pas toujours comment se comporter avec elles. De plus, les abus de pouvoir et les agressions sexuelles ne sont pas rares dans certaines unités.
Lady Death, la plus grande sniper de l’URSS
Les 2 000 femmes tireuses d’élite des rangs de l’Armée Rouge sont formées à l’École principale de préparation des femmes tireurs d’élite située à Podolsk, à environ 40 km de Moscou. Elles se révèlent être des snipers redoutables, souvent meilleures que certains hommes. Elles visent essentiellement les hauts gradés allemands, les autres tireurs d’élite et les transmetteurs radio.
Surnommée « Lady Death » par la presse américaine, Lyudmila Pavlichenko est née le 12 juillet 1916 à Bila Tserkva (Ukraine actuelle) de parents russes. Sa famille s’installe à Kiev quand elle a 14 ans. Elle suit des cours d’histoire à l’Université de Kiev. En parallèle, elle s’inscrit dans un club de tir et commence à s’entraîner très jeune au tir au fusil. Elle travaille également comme ouvrière à l’Usine d’Arsenal de Kiev.
Lorsque la guerre éclate en juin 1941, elle est l’une des premières volontaires à se diriger vers les bureaux de recrutement pour s’engager dans les forces terrestres. Elle quitte sa vie d’étudiante de 25 ans et pendant huit longs mois, elle intègre la 25e division d’infanterie de l’Armée rouge. Elle se bat notamment à Odessa et lors du siège de Sébastopol. Elle tue au total 309 Allemands, dont 36 tireurs d’élite. Considérée comme la tireuse la plus dangereuse de l’Armée rouge, elle est gravement blessée en juin 1942 par des éclats d’obus. Elle est évacuée du front.
Suite à cela, elle est envoyée aux États-Unis avec une délégation soviétique et est reçue par Franklin Delano Roosevelt, le président des États-Unis. Elle fait le tour du pays et prononce un discours significatif, incitant les USA à entrer en guerre en Europe.
Lyudmila Pavlichenko est décorée du titre de Héros de l’Union soviétique lorsqu’elle rentre des États-Unis, l’une des plus grandes distinctions. Jusqu’à la fin de la guerre, elle ne combat plus, mais elle forme des jeunes tireurs d’élite destinés à renforcer les rangs de l’armée.
Quelques liens et sources utiles
Svetlana Aleksievitch, La guerre n’a pas un visage de femme, Presses de la renaissance, 2004
Lady Death, la plus grande snipeur de l’armée soviétique (europe1.fr)
Lyudmila Pavlichenko, Lady Death: The Memoirs of Stalin’s Sniper. Greenhill Books 2018