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La débâcle de la prise d’otages du théâtre de Moscou

La Russie a été frappée par des malheureux depuis la chute de l'URSS : conflits, crises, ainsi que la prise d'otages du théâtre de Moscou
Prise d'otage du théâtre de Moscou (photographie d'illustration) - Sergey Korneev | Creative Commons BY-SA 4.0
Prise d’otage du théâtre de Moscou (photographie d’illustration) – Sergey Korneev | Creative Commons BY-SA 4.0

La prise d’otage du théâtre de Moscou résulte des deux guerres de Tchétchénie entre l’État fédéral et les indépendantistes tchétchènes. La situation dégénère à la chute de l’URSS. De nombreuses républiques proclament leur indépendance : Ukraine, Biélorussie, Kazakhstan, etc.

Ce sont ces mouvements qui initient donc un désir de liberté pour de nombreux peuples ou ethnies dominés par la nouvelle Fédération de Russie.

Une situation délétère dans la fédération de Russie

Néanmoins, certains territoires semblent plus importants pour la nouvelle Russie. Ainsi les indépendantistes Tchétchènes sont mal vus, et surtout rapidement combattus par l’armée fédérale.

La guerre démarre par des opérations militaires par la Russie en 1994. Le 9 février 1995, la prise de la capitale Grozny marque la fin des conflits ouverts, et ce n’est qu’en 1996 avec l’accord de paix de Khassaviourt que la guerre s’arrête.

Hélicoptère russe Mil Mi-8 abattu par des combattants tchétchènes près de Grozny en décembre 1994 - Mikhail Evstafiev | Creative Commons BY-SA 3.0
Hélicoptère russe Mil Mi-8 abattu par des combattants tchétchènes près de Grozny en décembre 1994 – Mikhail Evstafiev | Creative Commons BY-SA 3.0

Malgré un rapprochement entre la Tchétchénie et la Russie, les années qui suivent la fin de la guerre sont compliquées. Des chefs de guerre Tchétchènes rêvant d’un Caucase islamique provoquent des incursions dans les républiques russes voisines, tout en commettant des actes terroristes à Moscou.

Malgré la difficulté d’identifier les réels cerveaux des attaques terroristes, l’opinion publique et le gouvernement considèrent les Tchétchènes comme coupables, ce sont les boucs émissaires.

Le conflit russo-tchétchène vieux de 400 ans

La deuxième guerre de Tchétchénie se déclenche à la suite des événements narrés précédemment. Entre le 26 août 1999 et le 6 février 2000, Tchétchènes et Russes se déchirent dans une guerre fratricide.

Le contexte de la prise d’otage du théâtre de Moscou

La prise de Grozny marque la fin – une fois de plus – de la guerre. Néanmoins, des opérations de contre-insurrection ont lieu jusqu’au 16 avril 2009.

Ainsi des groupes se forment pour confronter la Russie sur son propre sol, notamment à Moscou. Dans ce contexte complexe, l’indépendantiste tchétchène Aslan Maskhadov donne une interview à l’AFP évoquant la radicalisation de son mouvement et l’annonce d’une opération, sans en préciser le moyen d’action.

Déroulement de la prise d’otage à Moscou

L’opération se déclenche le 23 octobre 2002, dans le théâtre Doubrovka à Moscou. L’édifice se trouve à moins de 4 kilomètres du centre névralgique du pouvoir russe : le Kremlin.

Les terroristes font irruption au cours du second acte d’une représentation de Nord-Ost (une comédie musicale russe) vers 21 h. Le commando se compose de 41 personnes, hommes et femmes, équipés d’armes de guerre. Leur arsenal comprend 100 kg d’explosif, environ 100 grenades, 3 bombes lourdes et plus de 40 armes à feu dont 18 fusils d’assaut Kalachnikov.

Ce sont plus de 900 personnes qui deviennent otages des Tchétchènes : des artistes, le public, dont notamment un général du ministère de l’intérieur russe. Durant les premières minutes, la cohue est générale, permettant à plus de 90 personnes de s’enfuir. Ce sont les fuyards qui préviennent la police.

Le chef de l’opération déclare à tous les otages étrangers qu’aucun acte malveillant ne sera commis contre eux. Ainsi, 75 personnes de 14 pays différents (Australie, Allemagne, Pays-bas, Ukraine ou encore Royaume-Uni) sont libérés.

Revendication des commandos

La prise d’otage du théâtre de Moscou est fondamentalement liée à la deuxième guerre de Tchétchénie. En effet, les terroristes demandent le retrait immédiat et inconditionnel des forces russes du pays occupé.

Si la demande n’est pas exécutée dans la semaine, les otages commenceront à être sacrifiés.

Chaque nation a droit à son destin. La Russie a enlevé ce droit aux Tchétchènes et nous voulons aujourd’hui récupérer ces droits : ce qu’Allah nous a donné, de la même manière, il l’a donné à d’autres nations. Allah nous a donné le droit à la liberté et le droit de choisir notre destin. Et les occupants russes ont inondé notre pays du sang de nos enfants. Et nous aspirons à une solution juste. Les gens ignorent les innocents qui meurent en Tchétchénie : les cheikhs, les femmes, les enfants et les faibles. Et par conséquent, nous avons choisi cette approche. Cette approche concerne la liberté du peuple tchétchène et il n’y a pas de différence en ce qui concerne le lieu de notre décès et nous avons donc décidé de mourir ici, à Moscou. Et nous emmènerons avec nous la vie de centaines de pécheurs. Si nous mourons, d’autres viendront nous suivre, nos frères et sœurs prêts à sacrifier leur vie, à la manière d’Allah, pour libérer leur nation. Nos nationalistes sont morts mais des gens ont dit qu’ils étaient des terroristes et des criminels. Mais la vérité est que la Russie est le vrai criminel.

Déclaration sur bande vidéo récupérée par les médias des revendications de certains terroristes.

Certaines revendications des terroristes ont été partiellement acceptées et mise en place par les autorités russes, notamment la fin de l’utilisation de l’artillerie, ou bien l’arrêt des opérations de nettoyage (zatchistka).

Opération des forces spéciales et libération des otages

Le 26 octobre 2002 à 5 h 30, trois détonations se font entendre ainsi que des tirs d’armes automatiques. Les forces spéciales rentrent dans le théâtre.

Vers 6 h30, des dizaines de véhicules de secours entourent le bâtiment, de nombreux otages sont évacués. À 7 h 25, le conseiller du président Sergueï Yastrjembsky déclare la fin de l’opération. À 8 h, le ministère des Affaires étrangères annonce la mort de 36 preneurs d’otages et de 67 otages.

Réaction du président Vladimir Poutine

Nous avons fait l’impossible. Nous avons sauvé des centaines de vies, oui des centaines de personnes. Nous avons montré que la Russie ne peut pas être mise à genoux. Mais maintenant je veux avant tout m’adresser aux parents et aux proches de ceux qui sont morts. Nous n’avons pas pu sauver tout le monde. Nous demandons pardon.

Discours de Vladimir Poutine peu de temps après la fin de l’opération.

La prise d’otages du théâtre de Moscou : un fiasco

L’utilisation d’un gaz narcotique pour endormir l’ensemble des individus dans le théâtre a été la source de nombreuses critiques occidentales envers cette opération. En effet, de nombreuses personnes sont évacuées sur le moment, se sentant terriblement épuisées.

Le gaz est grandement en cause dans la mort de 119 personnes après la libération, une fois soignées dans les hôpitaux. Ce chiffre est important, sachant qu’il y a eu au total 128 morts bien loin des 67 victimes annoncées par le ministre des Affaires étrangères.

Quelques liens et sources utiles

« Sanglant bilan de la prise d’otages dans un théâtre de Moscou », Le Monde,‎ 1er janvier 2003

« Hostage crisis refuels Chechnya debate », Christian Science Monitor,‎ 25 octobre 2002

Artem Krechetnikov, « Moscow theatre siege: Questions remain unanswered », BBC,‎ 2012

Nick Paton Walsh Jonathan Steele, « Chechen gunmen storm Moscow theatre », The Guardian,‎ 24 octobre 2002

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