L'ouvrage coup de cœur d'avril : Petit dictionnaire des Sales Boulots par Nicolas Méra

Robert Capa le photographe du débarquement

Robert Capa doit se tenir à l'écart de la bataille tout en se trouvant au cœur de l'action du débarquement du 6 juin 1944.
Robert Capa par Gerda Taro, mai 1937 Gerda Taro | Domaine public
Robert Capa par Gerda Taro, mai 1937 Gerda Taro | Domaine public

La Seconde Guerre mondiale, comme les futures guerres, est extrêmement photographiée. Chaque bataille, chaque opération, chaque unité a le droit à sa photographie. Lors du débarquement du 6 juin 1944, Robert Capa, armé de son appareil photographique, immortalise le champ de bataille.

Cette entreprise est héroïque. Robert Capa doit se tenir à l’écart de la bataille tout en se trouvant au cœur de l’action. C’est un exploit qui, malheureusement, se soldera par la sauvegarde de seulement quelques photographies.

Robert Capa, l’image au coeur de l’information

Très vite, ce jeune Hongrois se tourne vers le journalisme et la photographie, ce qui le pousse à se rendre en Allemagne. D’origine juive et aux idées proches du parti communiste, Robert Capa est contraint de quitter rapidement l’Europe de l’Est. Dès l’arrivée au pouvoir d’Hitler en 1933, il se rend d’abord à Vienne, mais le chancelier autrichien, partisan de l’austrofascisme, révulse Robert Capa, qui décide finalement de s’installer à Paris.

Guerre d’Espagne

Pour le magazine Vu, Robert Capa part en Espagne pour couvrir la guerre civile espagnole sur le front républicain. Son travail est reconnu par la critique et le grand public, notamment grâce au cliché Mort d’un soldat républicain.

Robert Capa et son amie Gerda Taro font plusieurs voyages en Espagne pour couvrir le conflit. Néanmoins, le photographe évite de prendre des photos des combats, préférant réaliser des portraits des combattants républicains.

L’objectif est de montrer la ferveur des hommes, malgré leur équipement rudimentaire, en somme une énième représentation de David contre Goliath.

Seconde guerre sino-japonaise

En 1938, le magazine Life l’envoie couvrir la Seconde guerre sino-japonaise, où il réalise une photographie légendaire intitulée : Un défenseur de la Chine. C’est un enfant chinois qui pose en tenue militaire.

La photographie fait la couverture du magazine Life, et la revue Picture Post proclame Robert Capa « le plus grand photographe de guerre du monde ».

Seconde guerre mondiale

Après avoir immigré aux États-Unis, Robert Capa travaille pour les magazines Life et Collier’s, notamment en Afrique du Nord et en Sicile, où il couvre le débarquement des troupes alliées.

Il participe également au débarquement du 6 juin 1944 sur les côtes normandes. Il débarque avec les Américains sur la plage d’Omaha Beach, dans le secteur d’Easy Red. Il reste sur la plage une heure et demie et réalise 119 photographies (ou 106 selon les sources).

De cette centaine de photographies prises, seulement 11 ont survécu, le laborantin du magazine Life chargé du développement des photographies ayant été quelque peu maladroit.

Un travail par toujours honnête ?

Le travail de Robert Capa a été plusieurs fois remis en question. Lors de son passage en Espagne, la célèbre photographie Mort d’un soldat républicain ne serait pas authentique. Cette polémique éclate en 1975, bien après la mort du photographe. Elle s’estompe quelque peu, mais en 2009, l’universitaire basque José Manuel Susperregui affirme que la photographie n’a pas été prise à l’endroit indiqué et qu’elle a probablement été réalisée durant une mise en scène d’attaque par les miliciens.

La deuxième polémique entourant le travail du photographe concerne sa participation au débarquement du 6 juin 1944. Entre 2014 et 2015, le critique new-yorkais A. D. Coleman et le rédacteur en chef de Life, John G. Morris, relèvent des incohérences autour de cette histoire.

Selon eux, ce n’est pas un laborantin qui aurait détruit les photographies de Robert Capa ; elles n’auraient tout simplement jamais existé. Ils expliquent cela par la présence express du photographe sur la plage, qui ne permettait pas la prise d’autant de photographies. De plus, le récit glorifiant et héroïque ne colle pas avec la réalité du terrain. Comment le photographe aurait-il pu braver la mer, le plomb et la mort pour réaliser plus d’une centaine de photographies sur un lieu de mort et de désolation ?

Robert Capa reste un reporter de guerre incroyablement prolifique et reconnu pour son travail. Il trouve la mort en Indochine, en reportage avec les troupes françaises. Il est tué par une mine antipersonnel.

Quelques liens et sources utiles

Le jour le plus long, Le Figaro Hors-série, 2024

Jacques Pessis, Les Français parlent aux Français, Omnibus, 2011

Claude Quétel, La Seconde Guerre mondiale, Tempus Perrin, 2018

Robert Capa, Philippe Seclier, Robert Capa, Photo poche, 2020

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