Ah, “La Marseillaise” ! Bien plus qu’un simple hymne, c’est le cœur battant de la France qui résonne à chaque note.
Cette mélodie, qui a galvanisé des générations de Français, est le symbole d’une nation unie, fière de son héritage et de ses valeurs, c’est un chant symbole du pays. À chaque fois que ses paroles sont entonnées, c’est un rappel vibrant de la bravoure et du patriotisme des fils et filles de la France.
Les paroles de La Marseillaise
Le chant La Marseillaise a connu de nombreuses modifications, tant par son ancienneté que ses paroles. En fonction des régimes politiques, l’hymne a été plus ou moins censuré. Nous n’évoquerons pas l’ensemble des versions et couplets qui ont été ajoutés, puis supprimés.
Version officielle de l’hymne
Dans la version officielle du texte de La Marseillaise, il y a six couplets et un couplet dit “des enfants”. Dans les manifestations officielles, notamment les événements sportifs, le premier couplet est le seul qui est chanté. Dans les commémorations officielles, comme le 14 Juillet, le sixième couplet et celui des “enfants” sont également chantés.
Premier couplet :
Allons, enfants de la Patrie,
Le jour de gloire est arrivé !
Contre nous de la tyrannie
L’étendard sanglant est levé, (bis)
Entendez-vous dans les campagnes
Mugir ces féroces soldats ?
Ils viennent jusque dans vos bras
Égorger vos fils, vos compagnes !
Refrain :
Aux armes, citoyens,
Formez vos bataillons,
Marchons, marchons !
Qu’un sang impur
Abreuve nos sillons !
Deuxième couplet :
Que veut cette horde d’esclaves,
De traîtres, de rois conjurés ?
Pour qui ces ignobles entraves,
Ces fers dès longtemps préparés ? (bis)
Français, pour nous, ah ! quel outrage !
Quels transports il doit exciter !
C’est nous qu’on ose méditer
De rendre à l’antique esclavage !
Refrain
Aux armes, citoyens,
Formez vos bataillons,
Marchons, marchons !
Qu’un sang impur
Abreuve nos sillons !
Troisième couplet :
Quoi ! des cohortes étrangères
Feraient la loi dans nos foyers !
Quoi ! ces phalanges mercenaires
Terrasseraient nos fiers guerriers ! (bis)
Grand Dieu ! par des mains enchaînées
Nos fronts sous le joug se ploieraient !
De vils despotes deviendraient
Les maîtres de nos destinées !
Refrain
Aux armes, citoyens,
Formez vos bataillons,
Marchons, marchons !
Qu’un sang impur
Abreuve nos sillons !
Quatrième couplet :
Tremblez, tyrans, et vous, perfides,
L’opprobre de tous les partis,
Tremblez ! vos projets parricides
Vont enfin recevoir leurs prix ! (bis)
Tout est soldat pour vous combattre,
S’ils tombent, nos jeunes héros,
La terre en produit de nouveaux,
Contre vous tout prêts à se battre !
Refrain
Aux armes, citoyens,
Formez vos bataillons,
Marchons, marchons !
Qu’un sang impur
Abreuve nos sillons !
Cinquième couplet :
Français, en guerriers magnanimes,
Portez ou retenez vos coups !
Épargnez ces tristes victimes,
À regret s’armant contre nous. (bis)
Mais ces despotes sanguinaires,
Mais ces complices de Bouillé,
Tous ces tigres qui, sans pitié,
Déchirent le sein de leur mère !
Refrain
Aux armes, citoyens,
Formez vos bataillons,
Marchons, marchons !
Qu’un sang impur
Abreuve nos sillons !
Sixième couplet :
Amour sacré de la Patrie,
Conduis, soutiens nos bras vengeurs.
Liberté, Liberté chérie,
Combats avec tes défenseurs ! (bis)
Sous nos drapeaux que la victoire
Accoure à tes mâles accents,
Que tes ennemis expirants
Voient ton triomphe et notre gloire !
Refrain
Aux armes, citoyens,
Formez vos bataillons,
Marchons, marchons !
Qu’un sang impur
Abreuve nos sillons !
Septième couplet dit “des enfants” :
Nous entrerons dans la carrière
Quand nos aînés n’y seront plus,
Nous y trouverons leur poussière
Et la trace de leurs vertus (bis)
Bien moins jaloux de leur survivre
Que de partager leur cercueil,
Nous aurons le sublime orgueil
De les venger ou de les suivre.
Refrain
Aux armes, citoyens,
Formez vos bataillons,
Marchons, marchons !
Qu’un sang impur
Abreuve nos sillons !
Couplets complémentaires de La Marseillaise
La version complète de La Marseillaise comprend six autres couplets. Avec deux couplets (le onzième et le douzième) qui évoquent l’Europe et les droits de l’Homme. Des couplets bien moins célèbres, pour une musique à la tonalité guerrière.
Dieu de bonté et de justice,
Vois nos tyrans juge nos cœurs !
Que ta bonté nous soit propice,
Défends-nous de ces oppresseurs !
Tu règnes au ciel et sur terre
Et devant toi tout doit fléchir.
De ton bras, viens nous soutenir,
Toi, grand Dieu, maître du tonnerre.
Peuple français, connais ta gloire,
Couronné par l’Egalité,
Quel triomphe, quelle victoire
D’avoir conquis la Liberté !
Le Dieu qui lance le tonnerre
Et qui commande aux éléments
Pour exterminer les tyrans
Se sert de ton bras sur la terre.
Nous avons de la tyrannie
Repoussé les derniers efforts ;
De nos climats elle est bannie,
Chez les Français les rois sont morts.
Vive à jamais la République !
Anathème à la royauté !
Que ce refrain partout porté,
Brave des rois la politique.
La France que l’Europe admire
A reconquis la Liberté
Et chaque citoyen respire
Sous les lois de l’Egalité.
Un jour son image chérie
S’étendra sur tout l’univers.
Peuples, vous briserez vos fers
Et vous aurez une Patrie !
Foulant au pied les droits de l’Homme,
Les soldatesques légions
Des premiers habitants de Rome
Asservirent les nations.
Un projet plus grand et plus sage
Nous engage dans les combats
Et le Français n’arme son bras
Que pour détruire l’esclavage.
Oui ! déjà d’insolents despotes
Et la bande des émigrés
Faisant la guerre aux Sans-Culottes
Par nos armes sont altérés.
Vainement leur espoir se fonde
Sur un fanatisme irrité ;
Le signe de la Liberté
Fera bientôt le tour du monde !
O vous ! que la gloire environne,
Citoyens, illustres guerriers,
Craignez, dans les champs de Bellone,
Craignez de flétrir vos lauriers !
Aux noirs soupçons inaccessibles
Envers vos chefs, vos généraux,
Ne quittez jamais vos drapeaux
Et vous resterez invincibles.
Enfants, que l’Honneur, la Patrie
Fassent l’objet de tous nos vœux !
Ayons toujours l’âme nourrie
Des feux qu’ils inspirent tous deux !
Soyons unis ! Tout est possible ;
Nos vils ennemis tomberont,
Alors les Français cesseront
De chanter ce refrain terrible.
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La Marseillaise de la révolution à l’hymne national
Les six premiers couplets de La Marseillaise ont été écrits en 1792, par Rouget de Lisle, sous le titre de Chant de guerre pour l’armée du Rhin. Ce chant militaire est écrit à Strasbourg suite à la déclaration de guerre entre la France et l’Autriche. La Marseillaise est ensuite utilisée comme hymne par la Convention entre le 14 juillet 1795 et la proclamation de l’Empire en 1804. Il faut attendre la Troisième République pour voir le chant être réintégré comme hymne national en 1879. La Marseillaise a été le symbole de la liberté, de la mobilisation ou encore du patriotisme, ce chant national reflète à lui seul une partie de l’histoire du Royaume, de l’Empire et de la République française.
Pourquoi La Marseillaise ?
Le chant a été réalisé et exécuté à Strasbourg, donc pourquoi ne pas l’avoir nommé La Strasbourgeoise ? Initialement, et comme nous l’évoquions précédemment, le chant n’est pas intitulé de cette manière, mais plutôt Chant de guerre pour l’armée du Rhin ou Chant de marche des volontaires de l’armée du Rhin. Le chant n’a pas vocation a faire consensus dans l’ensemble de la France et certainement pas à devenir l’hymne du pays.
Son attachement avec la ville de Marseille et les Marseillais se fait grâce au docteur François Mineur. Alors venu sur Marseille pour coordonner les départs des volontaires du Midi vers le front, il entend le Chant de Guerre pour l’Armée du Rhin être chanté durant une cérémonie funèbre pour le maire d’Étampes. Il est galvanisé par le chant et les paroles patriotiques. François Mineur s’emploie à chanter La Marseillaise dans d’autres lieux, captant l’intérêt du journal des départements méridionaux qui publie les paroles le 23 juin 1792. En juillet de la même année, le chant est distribué aux volontaires marseillais avant leur départ. Ils entonneront le chant de Marseille à Paris.
Le chant est rapidement devenu l’hymne des Marseillais, prenant dès lors le nom de La Marseillaise. D’où la confusion qu’il existe sur la provenance originelle du texte et du chant. Néanmoins, soyez-en sûr, La Marseillaise a été écrite à Strasbourg, rue de la Mésange, par Rouget de Lisle.
L’hymne français est belliqueux !
Les paroles de l’hymne français ont toujours été controversées autant par les intellectuels que les sportifs. Beaucoup le considèrent comme trop violent et sanguinaire. En effet, ce chant a été rédigé dans un but guerrier à une période de pression intense en France.
Des projets de réformes de l’hymne ont été proposés, soit en modifiant l’ordre des couplets, ou tout simplement en revoyant complètement les paroles. La partie : “qu’un sang impur abreuve nos sillons » est source de vives critiques, notamment pour son aspect raciste et xénophobe.
Mais ce n’est pas seulement sur la forme que porte la controverse ; c’est sur les idées. Or, je dis que La Marseillaise, la grande Marseillaise de 1792, est toute pleine des idées qu’on dénonce le plus violemment dans L’Internationale. Que signifie, je vous prie, le fameux refrain du « sang impur » ? — « Qu’un sang impur abreuve nos sillons ! », l’expression est atroce. C’est l’écho d’une parole bien étourdiment cruelle de Barnave. On sait qu’à propos de quelques aristocrates massacrés par le peuple, il s’écria : « Après tout, le sang qui coule est-il donc si pur ? » Propos abominable, car dès que les partis commencent à dire que le sang est impur qui coule dans les veines de leurs adversaires, ils se mettent à le répandre à flots et les révolutions deviennent des boucheries. Mais de quel droit la Révolution flétrissait-elle de ce mot avilissant et barbare tous les peuples, tous les hommes qui combattaient contre elle ?
Jean Jaurès
L’hymne est malgré tout revenu sur le devant de la scène au moment des attentats de Paris en 2015. La Marseillaise a été de nouveau un chant national, de liberté et symbole de lutte contre la barbarie.
Quelques liens et sources utiles
Bernard Richard, Les emblèmes de la République, chap. VI, « La Marseillaise, française et universelle », CNRS Éditions, Paris, 2012
Euloge Boissonnade, Rouget de Lisle : de La Marseillaise à l’oubli, Paris Éd. France-Empire, 1999
Michel Vovelle, La Marseillaise ; la guerre et la paix, in Nora, Pierre (Dir.), Les lieux de mémoire, Tome 1 : La République. Paris : Gallimard, coll. Quarto, 1997
Georges Kastner, Les chants de l’armée français, Paris, 1855
Joseph Yingtrinier, Chants et Chansons des soldats de France, 1902