L'ouvrage coup de cœur d'avril : Petit dictionnaire des Sales Boulots par Nicolas Méra

Diorama : support idéal pour faire l’histoire

Le diorama est un support idéal pour représenter un événement, qu'il soit historique ou non. Il rend la compréhension ludique et aisée.
Scène nocturne, Diorama, Efteling - bertknot | Creative Commons BY-SA 2.0
Scène nocturne, Diorama, Efteling – bertknot | Creative Commons BY-SA 2.0

La représentation de l’histoire se fait grâce à de nombreux supports, que ce soit par des photographies, des livres ou encore des jeux vidéo. Dans ce contexte, le diorama n’est qu’un autre outil pour raconter l’histoire. Souvent présent dans les musées, il offre à chacun une représentation plus ou moins fidèle d’un événement ou d’une période historique.

Le diorama, véritable capsule temporelle, est aujourd’hui utilisé dans de nombreuses représentations, qu’elles soient historiques ou non. Par exemple, en 2017, une exposition au Palais de Tokyo à Paris a combiné des représentations anciennes et modernes au sein d’un même diorama, créant ainsi surprise et émerveillement.

L’histoire ludique et illustrée

Le diorama est le support privilégié pour les familles, offrant une compréhension aisée de l’événement représenté, quel que soit l’âge. Il permet de découvrir par l’exploration visuelle tout en offrant des informations complémentaires grâce aux panneaux explicatifs.

Diorama, Musée Cinéma et Miniature - Augustin Remond | Creative Commons BY-SA 2.0
Diorama, Musée Cinéma et Miniature – Augustin Remond | Creative Commons BY-SA 2.0

Le polyorama panoptique de Louis Daguerre

Les dioramas sont à l’origine le fruit du travail de Louis Daguerre, qui a développé au XIXe siècle une peinture de grande dimension animée par un jeu de lumières. Bien que loin de ce que nous connaissons aujourd’hui, ces toiles avaient la capacité de s’animer grâce à leur aspect translucide et à de nombreuses lumières. Rapidement, des objets ont été intégrés pour rendre la scène plus vivante.

Cependant, le diorama de Daguerre n’est pas le diorama tel que nous le connaissons aujourd’hui. Son concept faisait davantage référence à la boîte optique du XVIIIe siècle, mélangeant les idées du panorama, de la boîte optique et de la mise en scène théâtrale. L’histoire retient surtout de lui le Daguerréotype, une invention co-réalisée avec Nicéphore Niépce.

Les dioramas tels que nous les connaissons aujourd’hui ont émergé à la fin du XIXe siècle et au début du XXe siècle, sous une forme plus statique. À cette époque, les musées ont commencé à s’ouvrir à un public plus large, passant d’une clientèle élitiste à des sorties scolaires et à l’ensemble de la population. Par conséquent, les œuvres, les pièces et les objets exposés ont dû évoluer pour faciliter l’accès au musée. Les dioramas ont permis de mettre en scène des événements passés, tels que l’arrivée des colons en Amérique, ainsi que des animaux sauvages dans leur habitat naturel.

Je crois qu’il y a une fascination pour ce dispositif. C’est aussi un retour dans le monde de l’enfance. Le temps d’un parcours, on peut avoir la sensation de dominer le monde, mais aussi d’être comme Alice au pays des merveilles.

Laurent Le Bon et Noémie Étienne, « Entretien avec Laurent Le Bon », Culture & Musées, 2018

Ainsi, les dioramas ont évolué en incorporant davantage d’objets dans le décor, transformant la toile en une peinture de paysage situant la scène dans une contrée sauvage lointaine.

Figer des cultures, le diorama colonial

Les dioramas ont connu une popularité considérable lors des expositions coloniales. Ils permettaient de recréer des espaces exotiques, des contrées lointaines et inconnues pour la plupart des habitants des métropoles. Cependant, ces espaces étaient souvent stéréotypés, et les dioramas ressemblaient davantage à des scènes de théâtre qu’à des fenêtres ouvertes sur l’histoire.

Le Palais de la Porte Dorée a longtemps servi de vitrine à l’idéologie coloniale, en présentant des dioramas somptueux dépeignant l’expansion européenne, où les populations locales étaient souvent représentées comme sauvages et soumises, et où les produits et les territoires étaient accaparés.

Cette vision colonisatrice ne se limitait pas à l’Europe vis-à-vis de l’Afrique, mais s’étendait également aux États-Unis par rapport aux Amérindiens. Le célèbre diorama Old New York a récemment fait l’objet d’une mise à jour, car il reflétait simplement les stéréotypes de l’époque en matière de civilisation.

À cette époque, certains penseurs, tels que Franz Boas, militaient contre cette vision. Ils souhaitaient créer des dioramas dépourvus de préjugés et contextualisés.

Il s’agissait pour Boas de montrer les artefacts amérindiens ‘en contexte’, dans de petites cellules culturelles cohérentes, et non suivant un accrochage linéaire proposant une thèse évolutionniste. L’idée était de rompre avec une muséologie décontextualisée qui affirmait toujours la supériorité de l’homme blanc.

Noémie Étienne, professeure en histoire de l’art à l’université de Berne
Diorama navire de guerre, Musée d'histoire naturelle de New York - Augustin Remond | Creative Commons BY-SA 2.0
Diorama navire de guerre, Musée d’histoire naturelle de New York – Augustin Remond | Creative Commons BY-SA 2.0

Le diorama naturaliste

Le genre de diorama le plus populaire reste celui centré sur les animaux et la vie sauvage. Le champion toutes catégories est certainement le Musée d’histoire naturelle de New York, avec plus de 150 dioramas sur de nombreux thèmes. Franz Boas, que nous évoquions précédemment, a activement participé à la réalisation de ces dioramas anthropologiques.

Les dioramas construisent une certaine vision de l’humain ou de l’animal, qui n’est pas la réalité. Le diorama des lions à l’AMNH (Musée d’histoire naturelle de New York) en donne un exemple. Ce dispositif présente un mâle dominant entouré de plusieurs lionnes plus ou moins assoupies. Or le choix d’une telle scène ne va pas de soi : on aurait pu montrer, par exemple, les lionnes en pleine chasse, puisque ce sont elles qui ramènent les proies. L’iconographie retenue est toujours un choix qui n’est pas anodin.

Noémie Étienne, professeure en histoire de l’art à l’université de Berne
Diorama animaux, Musée d'histoire naturelle de New York - Augustin Remond | Creative Commons BY-SA 2.0
Diorama animaux, Musée d’histoire naturelle de New York – Augustin Remond | Creative Commons BY-SA 2.0

Ce sont certainement les dioramas les moins touchés par la critique, même s’ils n’en sont pas exempts, permettant même aux plus anciens d’être encore exposés. Ce type de diorama a amplement participé à la démocratisation des musées. En effet, ils permettent d’illustrer facilement et de manière accessible à tout public.

Le diorama un support en évolution

Le diorama a encore de beaux jours devant lui. Avec une conceptualisation ancienne, il a été influencé par l’évolution des mentalités, des savoirs et des représentations. Cet élément essentiel dans la représentation muséale doit continuer à être perfectionné et présenté.

Quand le diorama rencontre la miniature

Le diorama est un moyen ingénieux de mettre en avant un modèle miniature unique ou une scène complète composée de modèles réduits. Beaucoup ont découvert des représentations de batailles historiques mettant en scène des miniatures de Panzer affrontant des T34 soviétiques, ainsi que des petits soldats en plastique évoluant dans les rues de Berlin, traquant les derniers soldats du Reich.

Le diorama peut également être à plus dans le détail, mettant en valeur un simple véhicule dans un environnement de mission. À cet égard, les dioramas de Promodels sont appréciés par les collectionneurs pour leur qualité et leurs détails.

Le diorama n’est pas réservé aux musées. Il est tout aussi impressionnant à l’échelle 1:1, comme on peut le voir au Musée des Blindés de Saumur, qu’à l’échelle 1:47 dans une bibliothèque. De plus, vous pouvez devenir acteur de vos propres dioramas en les créant vous-même.

Musee Nationale d'Histoire Militaire, Diekirch - Archangel12 [Pseudo Wikipédia] | Creative Commons BY 2.0
Musee Nationale d’Histoire Militaire, Diekirch – Archangel12 [Pseudo Wikipédia] | Creative Commons BY 2.0

C’est le support idéal pour recréer les environnements que vous souhaitez, que ce soit pour représenter des événements tragiques tels que la guerre, ou des moments de joie et de bonheur. Le diorama est l’équivalent des Legos pour les adultes passionnés et méticuleux !

Quelques liens et sources utiles

« La vraie-fausse nature des dioramas », Formation Exposition musée, 2021

« Diorama: quand un musée corrige ses œuvres », La Presse, 2019

« Les dioramas, vestiges de l’exposition coloniale », Histoire Immigration

« Du panorama au diorama », Réseau Canopé

« Le Musée d’histoire naturelle de New York : temple mondial du diorama », Radio France, 2020

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