La Casa de Tucumán

Maison de style colonial d’un étage, la Casa de Tucumán se situe dans le centre ville de San Miguel de Tucumán, ville fondée en mai 1565 par le capitaine Diego de Villarroel, puis déplacée à son lieu actuel en 1685, dans le nord-ouest argentin.

Lieu incontournable de l’Argentine, c’est ici qu’est proclamée la déclaration d’indépendance du pays le 9 juillet 1816. Reconnu pour son importance historique, l’édifice a décroché le titre de monument historique national depuis 1941.

Avant l’indépendance argentine

La Casa de Tucumán joue un rôle central dans l’histoire de l’Argentine. Originellement construite en 1760 par le marchand Diego Bazán Figueroa, la maison est ensuite offerte en dot à sa fille, Francisca Bazán.

L’édifice, sobre dans sa décoration à l’exception de ses deux colonnes salomoniques à l’entrée, se distingue par l’agencement de ses pièces donnant sur plusieurs petits patios, créant ainsi un environnement agréable et harmonieux.

En 1814, la ville de San Miguel de Tucumán n’est qu’un modeste village de 5000 habitants. Fraîchement reconnue comme province indépendante suite à la séparation des provinces de Salta, Jujuy et Tucumán, les infrastructures sont encore peu développées.

Très peu de résidences sont adaptées pour accueillir un événement de l’envergure du Congrès. C’est donc dans ce contexte que la Casa de Tucumán est choisie pour héberger les sessions du Congrès des Provinces Unies du Rio de la Plata (ancien nom de l’Argentine).

Les sessions du Congrès des Provinces Unies du Rio de la Plata débutent le 24 mars 1816 dans la Casa de Tucumán et se poursuivent jusqu’au 16 janvier 1817. Pendant cette période, les représentants du peuple de chaque province tentent de s’accorder pour établir les fondations d’une nouvelle nation. Ce processus aboutit le 9 juillet 1816 par la déclaration d’indépendance des Provinces Unies du Rio de la Plata, telle demandée par le général Manuel Belgrano, un héros de l’indépendance.

Cette proclamation, en plus d’être rédigée en espagnol, est aussi rédigée en quechua, aymara et guarani afin d’inclure les différentes communautés indigènes du pays et honorer leur participation dans les combats pour la libération. Cette résolution témoigne de la volonté de créer une nation unie et respectueuse de la diversité culturelle et linguistique de ses habitants.

Ratifiée par 29 membres du Congrès sur 32, la signature de cet acte marque la consolidation de l’indépendance de la nation et un tournant décisif dans l’histoire de l’Argentine. Symbole de la rupture définitive avec le joug colonial espagnol, c’est le début d’une nouvelle ère de liberté et d’autodétermination pour le peuple argentin.

Siège du Congrès national, la Casa de Tucumán a été utilisée par des officiers dès le début de la guerre d’indépendance, servant par exemple de quartier général avant la bataille de Tucumán (septembre 1812). Haut lieu militaire et politique, la maison tombe néanmoins en délabrement après le déménagement du Congrès à Buenos Aires le 17 janvier 1817.

En définitive, la maison est rendue à ses propriétaires lors de la période connue sous le nom de l’anarchie de l’an XX (absence de gouvernement stable et guerres entre les factions politiques pour le pouvoir 1819-1823), avant de tomber progressivement en ruine du fait de l’usure du temps et de l’abandon. Bien qu’en déperdition, la Casa de Tucumán conserve tout de même son statut d’antan et reste un lieu symbolique chargé d’histoire. Les décisions prises en son sein ont marqué l’avenir de l’Argentine pour des décennies et ont contribué à forger l’identité du pays.

Après l’indépendance argentine

En 1869, après des décennies d’abandon, une loi est votée autorisant l’État à acheter le bâtiment. L’acquisition est finalisée en 1874 pour la somme de 25 000 pesos fuertes (environ 300 000 euros), et la maison sert alors de Bureau des Postes. Déjà célébré localement, c’est seulement à partir de 1893 que la première commémoration massive de l’indépendance a lieu devant la Casa de Tucumán.

Pourtant, en 1903, en raison de son état de délabrement, la maison est presque entièrement démolie, à l’exception de la salle du serment, qui est sauvée par un décret du président Julio Argentino Roca.

En 1942, des travaux de restauration commencent sous la direction de l’architecte Mario José Buschiazzo, qui s’appuie sur des photographies et les plans initiaux pour reconstruire la maison. Ces travaux sont achevés et l’inauguration a lieu en 1943.

Le 9 juillet 1947, le président Juan Domingo Perón déclare sur ce site l’indépendance économique de l’Argentine, à l’occasion de l’annulation totale de la dette extérieure du pays.

En 1971, l’intégrité du bâtiment est brièvement compromise lorsqu’un groupe de quatre guérilleros du groupe Montoneros occupe le site et endommage ses murs intérieurs avec de la peinture en aérosol. En 1990, des travaux d’entretien majeurs sont réalisés pour préserver le bâtiment.

Aujourd’hui, la Casa de Tucumán est un musée composé de neuf salles d’exposition, ouvert au public du lundi au vendredi de 9h à 17h. Depuis 1991, par décret n° 81 du Pouvoir Exécutif National, chaque 9 juillet, la ville de San Miguel de Tucumán, où est conservée La Casita, devient la capitale de la République Argentine pour la journée, honorant ainsi son importance historique.

Quelques liens et sources utiles

Gargarella, R. La Casa Histórica de Tucumán, donde nació la patria. Perfil.

La cuna de la independencia: Historia y arquitectura de la Casa de Tucumán. La Voz

Sierra, M. 9 de Julio: ¿De quién era la Casa de Tucumán? Página 12.