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Les prémices de l’opération Barbarossa (1940 – juin 1941)

La directive 21, signée en décembre 1940, officialise la préparation de l’opération Barbarossa. L’objectif est clair : vaincre l’Union soviétique.
« Combien de temps la lune de miel va-t-elle durer ? » Caricature de Clifford Berryman, The Washington Star, 9 octobre 1939 - Clifford Berryman | Domaine public
« Combien de temps la lune de miel va-t-elle durer ? » Caricature de Clifford Berryman, The Washington Star, 9 octobre 1939 – Clifford Berryman | Domaine public

Le 22 juin 1941, l’Allemagne nazie lance l’opération Barbarossa, une offensive d’une ampleur inédite contre l’Union soviétique. Cette attaque marque un tournant dans la Seconde Guerre mondiale, mais elle n’est pas le fruit d’une impulsion soudaine.

Les mois et années précédant cette opération révèlent une planification méthodique et des motivations idéologiques profondes. Comment l’Allemagne et l’Union soviétique se sont-elles préparées à cet affrontement inévitable ?

Le point de vue allemand : Une guerre de conquête idéologique

Dès la publication de Mein Kampf en 1925, Adolf Hitler désigne l’Union soviétique comme l’ennemi principal. Pour lui, la conquête de l’« espace vital » (Lebensraum) en Europe de l’Est est essentielle à la survie et à l’expansion du Reich. L’idéologie nazie associe également le communisme à une prétendue conspiration juive mondiale, renforçant l’idée que l’URSS doit être détruite.

Au-delà de l’idéologie, Hitler voit l’invasion de l’Union soviétique comme une opportunité économique. Les vastes ressources agricoles de l’Ukraine et les réserves énergétiques du Caucase pourraient garantir l’autosuffisance du Reich pour mener une guerre prolongée.

Le pacte germano-soviétique : Une alliance stratégique temporaire

En 1939, Hitler surprend le monde en signant avec Staline le pacte germano-soviétique de non-agression. Ce traité inclut un protocole secret divisant l’Europe de l’Est en zones d’influence. Cette alliance permet à l’Allemagne de concentrer ses efforts sur l’invasion de la Pologne et l’ouest de l’Europe sans craindre une attaque soviétique.

Cependant, dès l’été 1940, après la victoire sur la France, Hitler commence à envisager l’attaque contre l’URSS. La directive 21, signée en décembre 1940, officialise la préparation de l’opération Barbarossa. L’objectif est clair : vaincre l’Union soviétique en trois à six mois grâce à une guerre-éclair (Blitzkrieg).

Une planification logistique et stratégique massive

La Wehrmacht mobilise plus de trois millions de soldats, accompagnés de 600 000 véhicules et 3 600 chars. Trois groupes d’armées sont formés :

  • Le groupe d’armées Nord : chargé de prendre Leningrad.
  • Le groupe d’armées Centre : visant Moscou.
  • Le groupe d’armées Sud : destiné à conquérir l’Ukraine et le Caucase.

Les défis logistiques sont immenses, mais les stratèges allemands sous-estiment gravement la capacité de résistance soviétique, tout en surestimant leur propre supériorité militaire.

Le point de vue soviétique : Entre méfiance et préparation tardive

Pour Staline, le pacte signé avec l’Allemagne en 1939 est une victoire diplomatique. Le pacte Ribbentrop-Molotov permet à l’URSS de gagner du temps pour renforcer son armée, encore affaiblie par les purges massives des années 1937-1938. Cependant, Staline reste méfiant à l’égard d’Hitler et des intentions allemandes.

Soldats soviétiques tombés au combat et matériel abandonné sur la route de Raate - Auteur inconnu | Domaine public
Soldats soviétiques tombés au combat et matériel abandonné sur la route de Raate – Auteur inconnu | Domaine public

Malgré les signaux d’une possible invasion – comme les mouvements de troupes à la frontière et les avertissements des services de renseignement britanniques –, Staline refuse de croire à une attaque imminente. Cette erreur d’appréciation coûte cher à l’Union soviétique lors des premières semaines de l’opération Barbarossa.

Une armée rouge affaiblie mais en modernisation

En 1941, l’Armée rouge est encore en pleine réorganisation. Les purges ont éliminé de nombreux officiers expérimentés, créant un vide dans la chaîne de commandement.

Cependant, l’industrie militaire soviétique commence à produire des armements modernes, comme les célèbres chars T-34 et les canons antichars. Ces efforts portent leurs fruits, mais ils ne sont pas encore suffisants pour contrer l’attaque allemande.

Les failles de la stratégie soviétique

L’Union soviétique adopte une posture défensive basée sur des fortifications le long de ses frontières occidentales. Cependant, cette stratégie est mal adaptée face à une guerre-éclair.

En outre, la communication entre les différents corps d’armée est défaillante, aggravée par le refus de Staline d’autoriser des retraites stratégiques, ce qui conduit à des pertes massives.

Un affrontement inévitable

L’opération Barbarossa ne résulte pas d’un malentendu ou d’un accident diplomatique. Elle est l’aboutissement d’une confrontation idéologique entre deux visions du monde irréconciliables. Hitler et Staline se préparaient à cet affrontement bien avant 1941, mais chacun avec des objectifs et des méthodes radicalement différents.

Le 22 juin 1941, lorsque les troupes allemandes traversent les frontières soviétiques, c’est un monde entier qui entre dans une nouvelle phase de guerre totale. Cette offensive, pensée pour être une victoire rapide et décisive, se transformera rapidement en un long conflit d’usure qui déterminera le sort de la Seconde Guerre mondiale.

Quelques liens et sources utiles

Jean Lopez, Lasha Otkhmezuri, Barbarossa : 1941. La Guerre absolue, Le Livre de Poche, 2021

Julian Semenov, Monique Slodzian, Opération Barbarossa, Editions du Canoë, 2021

Richard Overy, The Road to War, Penguin Books, 1999

Evan Mawdsley, Thunder in the East: The Nazi-Soviet War, 1941-1945, Bloomsbury Academic, 2007

David Stahel, Operation Barbarossa and Germany’s Defeat in the East, Cambridge University Press, 2009

John Erickson, The Soviet High Command: A Military-Political History, 1918-1941, Routledge, 2019

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