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Les chevaux dans la logistique allemande entre 1939-1945

La logistique de l'armée allemande pendant la Seconde Guerre mondiale est loin d'être complètement mécanisée, les chevaux sont nombreux !
Soldat allemand et son cheval dans la campagne russe en 1941 - Bundesarchiv, Bild | Creative Commons BY-SA 3.0
Soldat allemand et son cheval dans la campagne russe en 1941 – Bundesarchiv, Bild | Creative Commons BY-SA 3.0

Pendant la Seconde Guerre mondiale, l’Allemagne a utilisé une myriade de moyens de transport pour approvisionner son armée, y compris les trains, les camions et les chevaux. Ces derniers étaient particulièrement importants pour les opérations sur le front de l’Est, où les routes étaient souvent mauvaises et les ponts détruits.

Les chevaux étaient également utilisés pour tirer des canons et des chariots de munitions, ainsi depuis sa domestication, le cheval reste un élément militaire important.

Les Allemands ont utilisé des millions de chevaux pendant la guerre, et leur utilisation massive a contribué à une pénurie après la guerre en Allemagne.

La logistique, l’organe des armées et des offensives

La puissance d’une armée ne se calcule pas au nombre de canons qu’elle possède, mais plutôt au nombre d’obus qu’elle peut livrer. C’est un élément essentiel d’une armée, la guerre ne se gagne pas sans munitions, obus et armes… et encore moins sans nourriture et eau pour les soldats. Parfois oublié des généraux, la logistique revient souvent au grand galop, c’est notamment ce qui s’est passé au début de la guerre pour les forces russes en Ukraine.

Les généraux ont été nombreux à parler du ravitaillement de leur force, en bien comme en mal !

« La logistique est la chaîne et le boulet de la guerre blindée »

Heinz Guderian, général allemand pendant la Seconde Guerre mondiale

« La logistique est la colonne vertébrale de notre armée et la clé de la victoire sur le champ de bataille »

Général George S. Patton Jr.

« La logistique est l’art de la guerre. Celui qui la maîtrise maîtrise l’ennemi. »

Sun Tzu, stratège militaire chinois antique

« La logistique est le sang et les entrailles de la guerre. »

Dwight D. Eisenhower, général de l’armée américaine et 34e président des États-Unis.

Des offensives ont été stoppées par une logistique impréparée et défectueuse à fournir correctement les troupes, au même titre que des défaites ont été évitées grâce à une logistique puissante et bien huilée. Pensons notamment aux taxis de la Marne, qui permettent d’acheminer 6000 soldats sur le front pour stopper l’avancée allemande pendant les premiers mois de la Grande guerre.

Le cheval au cœur des besoins des armées

La logistique a longtemps été réalisée grâce à la force des hommes et des chevaux. Malgré ce que nous pourrions croire, l’arrivée des véhicules thermiques ne stoppe pas l’utilisation de cette bête de travail.

Au déclenchement de la Seconde Guerre mondiale, des millions de chevaux sont utilisés dans les armées occidentales pour acheminer les équipements aux soldats.

Cavalerie SS en 1941, Russie - Bundesarchiv, Bild | Creative Commons BY-SA 3.0
Cavalerie SS en 1941, Russie – Bundesarchiv, Bild | Creative Commons BY-SA 3.0

Dans le cas de l’armée allemande, malgré qu’elle soit mécanisée, plus de 80% de l’armée est hippomobile. Au déclenchement de la bataille de France, 10 divisions panzer, 4 divisions motorisées et 2 divisions motorisées de la Waffen SS sont alignées pour 91 divisions d’infanterie. Dans le cadre d’une division d’infanterie classique de 17 000 hommes, environ 900 véhicules sont incorporés pour 5300 chevaux. La composante équine reste donc plus importante.

Lors de l’opération Barbarossa, l’armée reste encore faiblement motorisée. Pour preuve, seules 17 divisions panzer, 9 divisions motorisées et 3 divisions motorisées de la Waffen SS sont mobilisées parmi les 159 divisions allemandes (201 au total). Malgré cela, plus de 600 000 véhicules sont déployés sur le front de l’Ouest, la plupart étant issus des campagnes précédentes, notamment de la bataille de France. En juin 1941, ce sont 600 000 chevaux qui sont utilisés par les équipages du train allemand.

Dans le cadre des divisions d’infanterie, l’état-major et le bataillon antichar sont complètement motorisés parce qu’ils sont considérés comme l’élite. Le militaire du rang n’a pas le droit à de tels avantages. Dans le fonctionnement, une division repose sur le même principe que durant la Première Guerre mondiale, les troupes se déplacent à pied et le matériel est tiré à cheval.

Cette réalité est la même pour toutes les armées comme nous l’évoquions, ainsi en France l’armée mobilise 400 000 chevaux, l’URSS 1,2 million, la Pologne 86 000 par exemple. C’est un élément essentiel en complément des véhicules motorisés qui commencent à être intégrés.

Avec l’allongement du conflit et les premières défaites en URSS l’Allemagne doit suremployer les chevaux pour ravitailler en hommes et en matériels les troupes du front de l’Est.

Une accélération de la demande vers la fin du conflit

À partir de 1944, les moyens logistiques s’effondrent, l’Allemagne réquisitionne les pays sous occupation. C’est notamment le cas en France où 60 000 chevaux sont réquisitionnés pour permettre à l’armée allemande de battre en retraite. Le matériel est embarqué dans des charrettes, les canons sont tirés par des chevaux, le mythe de l’armée motorisé tombe à l’eau.

Cet élément est révélateur d’un manque chronique de carburant pour l’armée, c’est une composante à risque qui est identifiée très tôt dans le conflit. C’est notamment pour ça que le führer avait pour objectif de lancer rapidement l’opération Barbarossa pour s’accaparer les champs pétrolifères du Caucase.

Sans réussite de l’opération, l’Allemagne est obligée de rationner le carburant, au profit des troupes d’élite. Le fait que l’Allemagne recule sur tous les fronts (Ouest, Afrique et Est) les lignes de ravitaillement se coupent, empêchant l’accès aux ressources pétrolières du Moyen-Orient par exemple.

À la fin de la guerre, plus de 2,7 millions de chevaux auront été incorporés dans l’armée allemande, plus que durant la Première Guerre mondiale. Une partie a été tuée par les combats, le froid, le surmenage et l’abattage pour nourrir les hommes…

Quelques liens et sources utiles

Benoît Rondeau, Être soldat de Hitler, Perrin, 2019.

Jean Lopez, Barbarossa : 1941 – La guerre absolue, Passés Composés, 2019.

Lugand, Lieutenant-colonel. “LES FORCES EN PRÉSENCE AU 10 MAI 1940.” Revue d’histoire de La Deuxième Guerre Mondiale, vol. 3, no. 10/11, 1953.

ATF40, Les forces en présence le 10 mai 1940, en ligne.

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