L’armistice du 11 novembre 1918 a été signé vers 5h du matin. Néanmoins, la fin de la guerre ne s’amorce qu’à 11h. Ainsi, pendant encore quelques heures, des hommes ont trouvé la mort sur le champ d’honneur. Ces morts sont les derniers d’une guerre terrible.
Les états-majors ont été nombreux à modifier les véritables dates de mort des soldats pour éviter l’indignation des populations. En effet, comment vivre avec la mort d’un proche arrivée à 10h50… Cet article a pour but de parler des 11 000 hommes tués, blessés ou disparus du dernier jour de la Grande Guerre.
Mobiliser pour faire la guerre
La mobilisation est importante dans tous les pays européens, notamment dans leurs colonies. Les premières forces à entrer en action sur le front de l’ouest sont les Belges et les Français.
Le corps expéditionnaire britannique n’est composé que de 70 000 hommes. Il n’en reste que ce sont des troupes professionnelles bien équipées et bien entraînées. Les Britanniques peuvent néanmoins faire appel à plus d’un million d’hommes, mais cette mobilisation en provenance de tout l’empire est longue, très longue. Ainsi, ce sont les Belges et les Français qui doivent stopper l’avancée allemande.
La Belgique possède théoriquement 350 000 hommes grâce au service militaire, cependant ce ne sont que 140 000 qui sont armés au début de la guerre. La défense belge repose sur une ligne de fortification impressionnante, la plus importante place-forte du monde, entre Liège, Namur et Anvers.
La France, grâce au rallongement du service militaire d’une année (trois ans au total) en août 1913, peut mobiliser au début du conflit 800 000 hommes. Ces troupes sont équipées du même uniforme qu’en 1870, ce qui est anachronique et augmente les pertes françaises en raison de sa forte visibilité sur le champ de bataille.
En plus des hommes mobilisables en métropole, la France peut compter sur son empire. Ne lançant la mobilisation qu’en octobre 1915, ce sont près de 600 000 soldats mobilisés, dont 450 000 viennent se battre en Europe. Près de 16 % des effectifs coloniaux engagés en Europe trouvent la mort.
La France compte aussi sur les effectifs russes pour réduire la pression allemande sur le front de l’Ouest. En effet, les forces russes sont impressionnantes, avec plus de 1 300 000 hommes prenant les armes, et 4 000 000 pouvant être mobilisés. Malgré tout, ce sont des troupes de mauvaise qualité, pour la plupart des paysans mal équipés et surtout mal dirigés.
La Première Guerre mondiale met en exergue une réalité militaire russe, l’incapacité d’avoir un commandement pertinent et sujet toujours d’actualité…
Enfin, l’Allemagne impressionne ses voisins. Plus peuplée que la France, avec 67 millions d’habitants contre 39 millions, la masse démographique mobilisable est la plus importante en Europe, du moins.
Ainsi, l’Allemagne peut mobiliser 880 000 hommes au début de la guerre. Néanmoins, la mobilisation est décrétée en France et en Allemagne, de facto les armées grossissent. En France, à partir du 15 août 1914, ce sont 3 000 000 millions d’hommes qui prennent les armes, et 3 750 000 en Allemagne à la même date.
Les soldats allemands sont en outre mieux équipés, avec un équipement moyen de meilleure qualité.
Les pertes de la Première Guerre mondiale
Au total, ce sont 18,6 millions de morts provoqués par la Première Guerre mondiale. Ce nombre inclut 9,7 millions de morts pour les militaires et 8,9 millions pour les civils.
Les Alliés subissent au total 5 696 056 morts de soldats au combat et 3 674 757 de civils tués, pour la majorité de la famine et de maladies. Les soldats blessés sont au nombre de 12 809 280.
Les empires centraux, quant à eux, perdent 4 024 397 soldats, 5 193 000 civils, et ont 8 419 533 soldats blessés qui reviennent au pays.
Les derniers morts de la Grande Guerre
Le dernier jour de guerre sur le front ouest a fait plus de morts qu’une opération militaire d’envergure telle que le débarquement américain du 6 juin 1944. L’horreur du conflit est inimaginable.
Des hommes trouvent la mort à chaque instant. De plus, la fin de la guerre ne marque pas la fin des opérations. Ainsi, des soldats sont envoyés se battre pour quelques mètres de front à quelques heures de l’armistice.
Le dernier soldat français tué
L’estafette Augustin Trébuchon perd la vie à 10h55 (ou 10h45 selon les sources) le 11 novembre 1918 d’une balle dans la tête près du village de Vrigne-Meuse. Il avait pour mission de porter un message à son capitaine. Il faisait partie de la 9e compagnie du 415e régiment de la 163e division d’infanterie.
La date de décès de nombreux morts français a été reculée d’un jour par les autorités militaires, pour les raisons que nous évoquions en introduction.
Le dernier soldat belge tué
Le sous-officier Marcel Toussaint Terfve est touché par une balle au poumon gauche à 10h42. Il meurt des suites de sa blessure à 10h45. Il a trouvé la mort près de Gand, au bord du canal de Terneuzon. Il était caporal au sein de la 3e compagnie du 1er régiment de ligne.
Le dernier soldat allemand tué
Ce sont 4 000 soldats allemands qui trouvent la mort durant le 11 novembre. Aucune certitude n’existe sur l’identité exacte du dernier soldat allemand. Néanmoins, selon certaines sources, ce serait proche d’une zone contrôlée par les Américains qu’il aurait été tué, après l’heure de l’armistice. Le mort serait le lieutenant Thomas.
Le dernier soldat britannique tué
Lors d’une reconnaissance près de Mons en Belgique, le soldat britannique George Edwin Ellison trouve la mort à 9h30. Il était membre du 5th Royal Irish Lancers.
Le dernier soldat étatsunien tué
Le soldat Henry Gunther est considéré comme le dernier soldat américain tué au combat lors de la Première Guerre mondiale. Il trouve la mort à Chaumont-devant-Damvillers, une minute avant l’armistice, lors d’une charge contre les Allemands. Il était membre du 313e bataillon de la 79e division d’infanterie de l’United States Army.
Quelques liens et sources utiles
« The last soldiers to die in World War I », BBC News, 29 octobre 2008
« The Last to Fall – World War One’s Tragic Final Casualties », MilitaryHistoryNow.com, 16 octobre 2018
Michel Bouffioux, « L’histoire méconnue de Marcel Terfve, le dernier soldat belge tué en 1918 », sur parismatch.be, Paris Match, 9 novembre 2017
Jean-Dominique Merchet, « 11 novembre 1918 – Vrigne-Meuse, la bataille de trop », sur liberation.fr, 11 novembre 2008
Jacques Frémeaux, « Les contingents impériaux au cœur de la guerre » dans Histoire, économie et société, Éditions C.D.U. et S.E.D.E.S., 2004
« La guerre de 1914-1918 : un si lourd bilan », Vie publique, 9 mars 2018
2 Responses
le fils de mon arrière grand mère a eu un fils appelé Albert GAILLARD, né le 7 janvier 1899 à Bourges. Elle m’avait fait savoir qu’il était décédé quelques jours avant l’armistice du 11 novembre 1918. Je crois savoir qu’il a été appelé quelques mois avant cette date. Mon arrière grand mère m’ a dit qu’il était mort avec d’autres soldats en mangeant de la viande de cheval. Je ne sais pas dans quelles divisions où il se trouvait et dans quels lieues.
Avez vous la possibilité de me préciser la date exacte de son décès et la véracité de son décès.
Son père: louis Gaillard sa mère : Angéline Jolivet
Christian LONGO
Bonjour Christian,
Il me faudrait plus d’informations, notamment le lieu de son décès.
Dans tous les cas, je peux vous laisser faire cette recherche sur ce site : https://public.opendatasoft.com/
Il y a 5 individus : « Albert GAILLARD » mort en 1918.
Bonne journée.