La Seconde Guerre mondiale a entraîné la mobilisation de l’industrie française au service de l’effort de guerre allemand. En plus du rationnement de la population, la capacité productive du pays a été exploitée. D’une part, avec le service de travail obligatoire (STO) et, d’autre part, avec l’obligation pour les sociétés françaises de travailler pour l’occupant.
Citroën, de l’engrenage à la voiture !
Plus récente que la marque Peugeot, Citroën a été fondée en 1919, à la sortie de la Première Guerre mondiale, par André Citroën. Avant-gardiste, la marque a révolutionné le monde de l’automobile à plusieurs reprises, avec des innovations telles que les suspensions hydrauliques.
La marque Citroën prend ses racines avant le conflit, avec sa fondation officielle en 1919. Cependant, André Citroën était déjà actif depuis 1901 avec une société spécialisée dans la fabrication d’engrenages. Pendant la Première Guerre mondiale, l’entreprise a fabriqué des obus pour la France, avec une production de plus de 55 000 obus par jour.
À la fin de la guerre, André Citroën transforme son usine d’obus en usine de fabrication automobile, en absorbant notamment la marque Mors. Il produit alors la première voiture construite en série en Europe, la Citroën Type A.
Citroën durant la Seconde Guerre mondiale
Lors du déclenchement de la Seconde Guerre mondiale, c’est Michelin qui dirige la marque, André Citroën étant décédé le 3 juillet 1935. La 2 CV était sur le point d’être commercialisée au Salon de Paris, mais la guerre en empêche la mise sur le marché.
Selon le site de Citroën, les exemplaires et prototypes de la 2 CV ont été cachés en Auvergne par une équipe d’ingénieurs, soit pour protéger les véhicules des bombardements, soit pour empêcher les Allemands de les réquisitionner.
Les usines fonctionnent au ralenti pendant la guerre, mais l’occupant nazi contraint la marque à produire des véhicules pour son usage. Pierre-Jules Boulanger, le président de Citroën, se voit donc contraint de collaborer. Un type de sabotage aurait été employé, notamment sur les camions Citroën T45 livrés à la Wehrmacht, réduisant considérablement leur durée de vie. Les encoches de niveau d’huile sur la jauge auraient été volontairement placées plus bas pour provoquer des dysfonctionnements dus à un manque d’huile moteur.
Comme pour beaucoup d’autres aspects de l’histoire, la France n’a pas été entièrement résistante pendant la Seconde Guerre mondiale. Le manque de sources et d’informations sur cette période est symptomatique, tout comme la contribution des notaires, un sujet que nous avons exploré dans un précédent article.
La Traction Avant, modèle iconique !
Durant la Seconde Guerre mondiale, la Traction Avant devient un symbole de la Résistance française, utilisée par les FFI et reconnaissable aux lettres peintes sur ses portières. Adoptée par l’armée française et réquisitionnée par l’armée allemande, elle traverse des terrains aussi variés que les sables de Libye et les glaces de Stalingrad.
Après la guerre, la production de la Traction reprend en 1945 avec des améliorations notables, telles qu’une malle arrière rectangulaire introduite en 1952 et l’ajout d’une suspension hydropneumatique sur la 15-Six H en 1954. Cette innovation sera plus tard montée sur la DS, consolidant Citroën comme pionnier de l’automobile.
En 1954, le président René Coty, récemment élu, passe commande de deux 15-Six d’apparat, l’une étant une limousine carrossée par Franay et l’autre un cabriolet réalisé par Chapron. Ces véhicules soulignent l’élégance intemporelle et l’importance historique de la Traction Avant dans l’imaginaire collectif français.
Quelques liens et sources utiles
Citroën, Le sabotage de Citroën lors de la Seconde Guerre mondiale, l’Auto Ancienne, 2021
C. Imlay Talbot, Traduit de l’anglais par Harvey Alexandra, « Résistance ou collaboration de l’industrie automobile française pendant la Seconde Guerre mondiale »,Vingtième Siècle. Revue d’histoire, (N° 125), 1, 2015, pp.45-60
Citroën, 100 ans d’audace et d’innovation
Citroën, la marque chevronnée, film documentaire de Thibaut Chatel et François Berthelot, France, 2010
Un témoignage sur le travail dans une usine Citroën : Robert Linhart, L’Établi, éditions de Minuit, 1978