L'ouvrage coup de cœur d'avril : Petit dictionnaire des Sales Boulots par Nicolas Méra

La bataille de Leuctres, en 371 avant Jésus-Christ

La bataille de Leuctres symbolise un changement de paradigme dans le monde grec. Les puissants changent, Sparte et Athènes s'allient.
Photographie d'illustration pour la bataille de Leuctres | Pixabay Licence
Photographie d’illustration pour la bataille de Leuctres | Pixabay Licence

Les deux parties des Helléniques de Xénophon ont pour objectif premier d’expliquer les défaites respectives d’Athènes et de Sparte, les deux puissances hégémoniques de la Grèce à la fin du cinquième siècle avant Jésus-Christ. La puissance lacédémonienne est brisée à Leuctres par l’armée béotienne d’Epaminondas. 

Selon les dires de Jean-Marie Giraud

Thèbes contre Sparte, une bataille grecque classique

Pour comprendre les mutations qui s’opèrent en Grèce, il faut remonter en 404, lors de la fin de la guerre du Péloponnèse qui opposait la Ligue de Délos (Athènes) et la Ligue du Péloponnèse (Sparte).

En effet, la victoire finale marque la chute de la cité athénienne et le début de l’hégémonie spartiate.

La Grèce un territoire en mutation

Sparte reprend le flambeau de l’hégémonie athénienne dans la région durant le Ve siècle. L’oligarchie est favorisée à travers toutes les régions dominées par la cité. Sparte impose des harmostes, c’est-à-dire des gouverneurs militaires

Elle cherche à s’imposer dans le monde grec par une certaine violence pour pallier son problème d’oliganthropie : le manque d’homme.

À lire aussi : L’Égypte antique de l’Âge de Bronze à l’époque archaïque.

Une hégémonie incertaine dans le monde Grec

Pour mettre en place son hégémonie Sparte multiplie les opérations extérieures. L’expédition des Dix-Mille permet aux Spartiates de se rendre en Asie, puis ils y retourneront en 395, sous le commandement d’Agésilas.

Cette politique toujours plus violente pousse certaines cités à former une résistance. La guerre de Corinthe entre 395 et 386 est la première crise, signe d’une résistance toujours plus forte. Sparte et Athènes s’affrontent de nouveau. La guerre ne permet pas à un camp de prendre l’ascendant sur l’autre. Les victoires sont, un temps, athéniennes puis, un temps, spartiates.

Un troisième acteur intervient alors, la Perse. C’est un soutien important à Athènes dans le début de la guerre. L’Empire perse permet à Athènes de se reconstruire et de redevenir un acteur important dans la région. Lorsque les deux cités semblent être sur un pied d’égalité, la Perse souhaite un retour à la paix.

La Paix du Roi ou d’Antalkidas est conclue à Sardes en 386 entre Sparte et Athènes. Cette paix garantit l’autonomie de plusieurs cités, ce qui est à l’encontre des ligues créées alors en Grèce.

En effet, la Confédération béotienne sous la direction de Thèbes devient indépendantes de Sparte et d’Athènes. Sparte est nommée patron de la paix. Elle dissout dès lors le koinon béotien. Sparte impose ses mesures en confisquant certaines cités en 385 et en occupant la citadelle de Thèbes, la Cadmée en 382.

L’hégémonie de la Confédération béotienne

Pourtant, très vite la situation retourne à l’avantage de Thèbes, qui récupère toutes ses possessions en 379/378. Le koinon béotien est puissant, notamment grâce à sa richesse agricole et son régime démographique.

Thèbes remet rapidement sur pied la Confédération béotienne. Cette union est un moyen fort d’expansion pour les Thébains qui ne tardent pas à l’utiliser, par exemple contre Tégyres en 375, au nord de la Béotie, ou à Platée et à Thespies en 373. Les Athéniens et les Spartiates sont alors par la force des choses obligés de se rapprocher pour lutter ensemble contre la nouvelle puissance montante de la région, Thèbes.

Cette situation pousse les Athéniens et Spartiates à se rapprocher. Un congrès à Sparte est tenu en 371 pour renouveler la Paix du Roi. Les deux grandes citées traditionnelles grecques font face à Thèbes refusant aux ambassadeurs de prêter serment au nom de la Béotie.

Les événements qui suivent, sont transmis par plusieurs auteurs grecs comme Plutarque (Vie de Pélopidas) ou dans notre cas Xénophon.

Xénophon l’auteur du récit de la bataille de Leuctres

C’est un auteur et historien de la cité d’Athènes. Il est né vers 430 et mort vers 355. Il est notamment connu pour avoir rédigé les Helléniques qui s’apparentent à la suite de l’œuvre de Thucydide l’Histoire de la guerre du Péloponnèse.

Xénophon est un philosophe grec qui a été l’un des élèves de Socrate. Il n’est pas seulement homme de lettres, mais aussi soldats dans l’armée d’Athènes, puis de Sparte. Il connaît des relations complexes entre sa cité de naissance Athènes et sa cité d’adoption Sparte.

En effet, il est banni d’Athènes et dépossédé de tous ses biens. Au cours de sa vie, il rédige une quinzaine d’ouvrages avec quatre thèmes prédominants : la philosophie politique, l’art du commandement, l’art de la gestion des choses et des hommes, et les chevaux.

La nature de l’œuvre de Xénophon

L’œuvre de Xénophon et sa traduction peuvent se retrouver aujourd’hui chez l’éditeur Les Belles Lettres. Sur la page de gauche est placé le texte en français, sur celle de droite le texte en grec.

Le texte à étudier est un extrait de l’ouvrage Helléniques de Xénophon. L’œuvre se décompose en plusieurs livres, qui ont été écrits tout au long de la vie du philosophe, plus précisément de 403/402 à 357/356.

L’œuvre complète de Xénophon est composée de sept livres. Dans notre cas, nos extraits reprennent des passages du livre VI. Ce livre aborde le thème du triomphe, avec l’hégémonie de Thèbes jusqu’à la bataille de Leuctres.

Chronologie de l’événement

Le livre permet de suivre chronologiquement les faits de la bataille de Leuctres. Nous apprenons dès lors les faits postérieurs, contemporains et futurs dus à la bataille. Ainsi, elle devient l’événement déclencheur de la grandeur thébaine. Le texte s’introduit avec un événement important et signe de la démocratie thébaine, le vote pour la guerre, puis les premiers face à face entre les armées jusqu’à la bataille en elle-même, pour se clôturer finalement sur le sentiment et les directives des éphores après l’annonce de la défaite cuisante des Spartiates.

Les deux premiers livres de Xénophon dans son recueil les Helléniques suivent l’œuvre de Thucydide, tandis que le troisième, jusqu’au septième se composent de thèmes variés allant de l’hostilité entre les Spartiates et les Perses, à la fin de l’hégémonie de Thèbes avec la bataille de Mantinée.

L’œuvre de Xénophon est à nuancer, car contrairement à Thucydide l’approche historique est moindre, notamment par l’évocation de multiples interventions divines. Les causes des histoires qu’il nous partage ne sont pas étudiées.

Il fait un simple récit parfois émouvant, parfois comique de situations réelles, mais sans une étude et une analyse critique de ceux-ci. Il peut être défini comme le fait Jean Hatzfeld dans sa notice Hellénique de « chroniqueur historien » et son œuvre par suite logique de chroniques historiques.

Par ses éléments nous pouvons alors nous poser la question suivante :  comment l’extrait des Hellénique de Xénophon nous permet-il de comprendre que la bataille de Leuctres signe la fin de la puissance spartiate en Grèce antique ?

Quelques liens et sources utiles

Xénophon, et Jean Hatzfeld, Helléniques, Livres IV-VII, Paris, Les Belles Lettres, 1965

Claude Vidal, Monique Vial, Lexique de la Grèce Ancienne, Paris, Armand Colin, 2008

Paulin Ismard, Chronologie de la Grèce ancienne, Paris, Points, 2010

François Lefevre, Histoire du monde grec antique, Paris, Le Livre de Poche, 2007

Basil Liddell Hart, Stratégie, Paris, Perrin, 1998

Giraud Jean-Marie, « Xénophon et l’explication de la défaite spartiate », In : Dialogues d’histoire ancienne, vol. 26, n°1, 2000. pp. 85-107

Salmon Pierre, « L’armée fédérale des Béotiens », In : L’antiquité classique, vol. 22, no 2, 1953, p. 347‑60.

Cloché Paul, « Les « Helléniques » de Xénophon (livres III-VII) et Lacédémone », In :  Revue des Études Anciennes, vol. 46, no 1, 1944, p. 12‑46.

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