L'ouvrage coup de cœur d'avril : Petit dictionnaire des Sales Boulots par Nicolas Méra

Le Grand incendie de Londres au XVIIe siècle

En septembre 1666, un grand incendie se déclare à Londres et dure quatre jours. Le feu détruit la quasi-totalité des bâtiments de la ville.
The Great Fire of London, représenté par un peintre inconnu en 1675 - Josepha Jane Battlehooke | Domaine public
The Great Fire of London, représenté par un peintre inconnu en 1675 – Josepha Jane Battlehooke | Domaine public

Au cours du XVIIe siècle, et particulièrement en 1666, suite à un été particulièrement chaud et sec à Londres, une étincelle fait brûler toute la Cité de Londres pendant des jours entiers. Cet incendie qui dure quatre jours reste gravé dans la mémoire collective des britanniques pendant des siècles.

La ville de Londres au XVIIe siècle !

Au cours du XVIIe siècle, la ville de Londres s’élargit et compte 500 000 habitants. Quant à la Cité de Londres (siège de l’incendie), située entre le fleuve Tamise et le mur de Londres (bâti par les Romains), elle abrite 80 000 habitants sur une surface de 2,8 km2.

Étant l’une des plus grandes villes britanniques, Londres est surpeuplée à l’époque et son infrastructure est loin d’être adaptée à sa population grandissante. De plus, les maisons et les commerces bâtis à partir de matières très inflammables (notamment des matières organiques comme le bois et les déchets animaux) n’arrangent pas l’affaire en cas de feux.

Même le Roi Charles II exprime son inquiétude au maire de la ville Thomas Bloodworth en 1665 par rapport à ce choix et recommande le recours aux pierres dans la construction des bâtiments afin d’éviter le danger des incendies. D’autant plus que la ville connaît d’autres incendies avant celui de 1666 (dont un en 1630), avec des dégâts non-négligeables.

Début de l’incendie et sa propagation

Selon plusieurs sources, le feu se déclare le dimanche 2 septembre 1666 (vers 1 heure du matin) dans la boulangerie de Farriner dans la rue Pudding Lane. Farriner et sa famille réussissent à s’échapper (à l’exception de la servante qui a peur de sauter par la fenêtre) et se réfugient chez des voisins. Ces derniers essayent en vain d’éteindre les flammes et les autres maisons adjacentes prennent feu avant que le maire de la ville soit alerté. Peu après, le feu se propage à d’autres rues à l’aide du vent assez fort pendant cette période.

Entre temps, le maire Thomas Bloodworth se rend à Pudding Lane pour évaluer la situation et la considérant comme étant peu alarmante, il ne prend aucune mesure pour maîtriser l’incendie. Cette erreur contribue à la propagation du feu à d’autres quartiers et aux entrepôts sur les quais du fleuve Tamise, brûlant des églises dans son chemin.

Carte en français montrant la zone touchée par le grand incendie de Londres en 1666 - Sémhur | Creative Commons BY-SA 3.0
Carte en français montrant la zone touchée par le grand incendie de Londres en 1666 – Sémhur | Creative Commons BY-SA 3.0

Au bout de quelques heures de la première nuit, les flammes détruisent environ 300 bâtiments. Se rendant compte de la gravité de la situation le dimanche matin, un habitant de la ville et fonctionnaire de l’État Samuel Pepys décide enfin d’informer le Roi Charles II et de demander son aide. Ce dernier, se montrant plus réactif que le maire de la ville, met en place une stratégie pour l’extinction de l’incendie. Il est à noter que, en plus d’avoir alerté le roi, Pepys documente cet évènement et en est considéré l’une des sources les plus fiables et pertinentes.

Au cours de la seconde journée de l’incendie (lundi), ce dernier continue à se propager vers d’autres régions de la ville et ce, malgré les efforts des habitants et des soldats de l’éteindre. Le feu atteint le pont de la Tamise sans pour autant passer à l’autre rive du fleuve grâce à une entaille entre les maisons de Southwark. Cette seconde journée est marquée par un chaos dans la ville. On rapporte que certains habitants attaquent des étrangers en leur accusant d’avoir brûlé des bâtiments, d’autres font tout pour fuir l’incendie avec leurs proches et d’autres encore payent pour transporter leurs biens en dehors de ville. À la fin de ce jour, le Château de Baynard, un autre monument de la ville, brûle complètement.

Même au cours de la troisième journée (mardi), le feu continue à ravager la ville et ne semble pas s’estomper. C’est la rue commerçante qui prend feu cette fois-ci, ainsi que la Cathédrale de Saint Paul. Cette dernière étant l’un des monuments les plus emblématiques et robustes de la ville, plusieurs personnes y prennent refuge en pensant que les flammes ne vont pas l’atteindre. Malheureusement, la Cathédrale est complètement détruite et le feu se propage jusqu’au mur de Londres et le dépasse.

L’incendie touche ainsi d’autres quartiers situés derrière le mur de Londres. Il est à noter que le roi et son frère mettent au point une stratégie pour réduire les dégâts de l’incendie et l’éteindre rapidement, mais l’indécision initiale du maire et les moyens limités de l’époque rendent la tâche difficile. De plus, le vent fort qui s’annonce depuis le début de l’incendie n’arrange pas les choses et accélère la propagation du feu entre les bâtiments très rapprochés.

C’est justement la diminution du vent, associée aux efforts de la troupe stationnée à la Tour de Londres, qui permet enfin à Londres de respirer le mercredi 5 septembre, avec l’extinction du Grand Incendie et l’arrêt de sa propagation. Il est à noter que de petits feux isolés continuent à brûler à travers la ville, mais le grand incendie est maîtrisé.

Toujours dans le cadre de l’histoire de l’Angleterre, nous vous recommandons un article de notre site reprenant une autre époque tout aussi importante, à savoir celle de Winston Churchill.

Conséquences et théories du Grand incendie de Londres !

Ayant lieu une année après la grande peste, qui frappe Londres entre 1665 et 1666 et provoque des milliers de décès, le Grand Incendie vient fragiliser davantage la ville et ses habitants, dont la majorité se retrouvent sans domiciles. Bien que le nombre de décès rapporté (6 victimes) soit probablement moins élevé que le nombre réel de victimes, il ne dépasserait pas des dizaines de personnes. En outre, d’autres victimes de l’incendie apparaissent, à savoir les immigrants français et hollandais, accusés d’avoir mis le feu dans la ville et attaqués par certains habitants.

D’autres sources accusent les opposants d’avoir organisé un coup d’État contre le Roi de l’époque en provoquant un feu au cœur de Londres. Néanmoins, les historiens avancent que l’explication la plus plausible serait que le feu se déclare dans les fourneaux de la boulangerie que Farriner aurait malencontreusement oublié d’éteindre complètement avant de se coucher le soir du samedi. De plus, des facteurs favorables à la propagation du feu, à savoir l’architecture de la ville, l’inflammabilité des bâtiments et le vent fort auraient également contribué à cet évènement tragique.

Enfin, malgré les dégâts occasionnés, les londoniens réussissent à reconstruire leur ville et bâtissent la Cathédrale de Saint Paul de nouveau. Des monuments éternisant le triomphe de la ville face à l’incendie et rendant hommage aux pompiers et aux victimes peuvent aussi être visités dans la Cité de Londres.

Quelques liens et sources utiles

Hanson, N. (2002). The Great Fire of London: in that apocalyptic year, 1666. Wiley.

Field, J. (2017). London, Londoners and the Great Fire of 1666: Disaster and Recovery. Routledge.

Articles similaires

Cartes interactives

Voyagez dans l'histoire grâce à des cartes interactives à la sauce Revue Histoire ! Découvrez les sur notre page dédiée.

Coup de cœur de la rédac'

Le livre essentiel pour maîtriser toute la période moderne !

Cette synthèse sur la France dans l’Europe des Temps modernes, destinée à un public d’étudiants de niveau licence, propose un tableau complet et accessible de cette longue période.

Articles populaires

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *