Du rêve à la tragédie : l’assassinat de Martin Luther King

Quelques années après l'assassinat du président américain J.F. Kennedy, une autre figure politique du pays est assassinée dans des circonstances similaires.
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Civil Rights March on Washington, D.C. (Dr. Martin Luther King, Jr. and Mathew Ahmann in a crowd.) Marche pour les Droits Civiques à Washington, D.C. (Dr Martin Luther King Jr. et Mathew Ahmann dans une foule) – U.S. National Archives and Records Administration | Domaine public.

Sommaire

Quelques années après l’assassinat du président américain J.F. Kennedy, une autre figure politique du pays est assassinée dans des circonstances similaires. Il s’agit de Martin Luther King Jr., activiste et leader du mouvement des droits civils.

Les racines d’un engagement : jeunesse et formation

Martin Luther King, Jr. (MLK) est né le 15 janvier 1929 à Atlanta en Géorgie (aux États-Unis) dans une famille de pasteurs baptistes. Son père, Martin Luther King Sr., est non seulement un pasteur dans l’église Baptiste d’Ebenzer, mais aussi un activiste des droits civiques œuvrant contre la ségrégation raciale.

Sa mère, institutrice et organiste, est la fille du pasteur précédent de la même église. Influencé par les valeurs et l’engagement de ses parents, Martin suit des études en théologie et obtient un diplôme de l’Université afro-américaine Morehouse College. En 1955, il obtient un doctorat en théologie de l’Université de Boston.

Les débuts de la lutte : Montgomery et Rosa Parks

Ensuite, MLK s’engage dans la lutte contre la ségrégation raciale en s’inspirant de la résistance pacifique de Gandhi contre la colonisation britannique.

King mène une campagne de boycott des bus publics à Montgomery (Alabama), ainsi que des manifestations pacifiques et ce, suite à l’arrestation d’une dame afro-américaine dénommée Rosa Parks ayant refusé de laisser son siège dans le bus à des passagers blancs. Cette campagne dure une année entière et permet de mettre fin à la ségrégation dans les moyens de transport public en 1956.

Un leader national : création du SCLC et premières victoires

En 1957, Martin Luther King devient le président de l’organisation des droits civiques New Southern Christian Leadership Conference (SCLC). Cette année marque également son premier discours national appelant à l’instauration du droit de vote pour les citoyens afro-américains.

Grâce aux efforts de MLK et de son organisation SCLC, ainsi qu’aux protestations pacifiques dans tout le pays, la loi sur les droits civiques (Civil Rights Act) est enfin votée par le congrès américain. Cette loi permet aux citoyens afro-américains de participer à la vie civile et politique et de bénéficier des droits à l’éducation, au vote, à l’emploi et à aux services publics, entre autres.

Sur les traces de Gandhi : un voyage fondateur en Inde

En 1959, MLK décide de voyager en Inde pour mieux comprendre et étudier les stratégies de lutte non-violente inculquées par Gandhi. D’ailleurs, King rencontre également la famille de Gandhi dont il s’inspire dans son mouvement et dans sa lutte pour les droits civiques. L’année suivante est marquée par le vote pour une nouvelle version de la loi des droits civiques proposée par le président américain Eisenhower. Cette dernière renforce le droit au vote en assurant le droit de l’enregistrement des voteurs.

Suite à ces exploits, Martin Luther King continue sa lutte pour les droits civiques en soutenant les « voyages de la liberté » entrepris par des citoyens afro-américains. Ces derniers se déplacent d’un état à un autre dans les moyens de transport public pour tester l’application de la loi des droits civiques, ayant mis fin à la ségrégation raciale. Ces déplacements révèlent que cette loi n’est pas toujours respectée et mènent à l’officialisation de l’interdiction de la ségrégation dans tous les états du pays.

Birmingham 1963 : prison, lettre et désobéissance civile

En 1963, King mène des protestations et une désobéissance civile dans l’état d’Alabama pour réclamer les droits civiques des citoyens afro-américains. Ce dernier finit par être arrêté par la police pour ces actions et se retrouve emprisonné dans la prison de Birmingham.

Il est à noter que même en prison, King continue sa lutte à sa manière en rédigeant une lettre devenue célèbre, à savoir la lettre de la prison de Burmingham. Cette lettre est considérée l’un des documents phares du mouvement des droits civiques où King défend sa cause et présente des arguments en sa faveur, tout en critiquant l’approche « injuste » et violente des forces de l’ordre face à des démonstrations pacifiques. MLK déclare également que les citoyens ont la responsabilité d’appliquer les lois justes et de désobéir les lois injustes.

C’est également au cours de cette année que Martin Luther King rencontre le président John F. Kennedy qui se montre ouvert au mouvement des droits civiques et offre son soutien en passant la loi des droits civiques qui sera voté et instauré en 1964 après son décès. Cette rencontre est d’autant plus marquante étant donné le destin tragique de ces deux visionnaires partis trop tôt suite à un assassinat.

Le président Lyndon Johnson signant la loi des droits civiques (Civil Rights Act) le 2 juillet 1964 en présence de Martin Luther King - Cecil Stoughton (White House Press Office (WHPO) | Domaine public, via Wikimedia Commons
Le président Lyndon Johnson signant la loi des droits civiques (Civil Rights Act) le 2 juillet 1964 en présence de Martin Luther King – Cecil Stoughton (White House Press Office) | Domaine public, via Wikimedia Commons.

Toujours en 1963, MLK prononce son discours célèbre cité jusqu’à nos jours au cours d’une protestation pacifique à Washington. Il s’agit du discours « J’ai un rêve » (I have a dream) où King décrit un monde meilleur sans ségrégation, ni discrimination où ses enfants et ses compatriotes peuvent bénéficier des mêmes droits, indépendamment de leur couleur de peau, de leur religion et de leur origine.

De la reconnaissance à la radicalisation : prix Nobel et nouvelles luttes

En 1964, Martin Luther King reçoit le prix Nobel de la Paix. Il est la plus jeune personne à recevoir ce prix jusque-là. Au cours des années suivantes, King continue à mener des marches et des protestations pacifiques menant à son arrestation de nouveau à Montgomery en 1965. Cette arrestation ne l’empêche pas de reprendre les marches et les protestations dans d’autres villes.

D’ailleurs, en 1967, King initie une marche contre la guerre au Vietnam la considérant comme un obstacle devant la lutte contre les injustices sociales dans le pays, en rendant cette dernière moins importante pour les dirigeants et les citoyens, bien qu’elle soit prioritaire selon lui. De plus, il déclare son intention de mener une désobéissance civile contre la pauvreté dans le pays.

Cette action ayant pour objectif de pousser le gouvernement à prendre des initiatives pour améliorer la situation socio-économique des citoyens les plus démunis du pays.

La dernière campagne : Memphis, travail et pauvreté

En mars 1968, dans la ville de Memphis, suite au décès tragiques d’ouvriers sous le poids des machines sur lesquelles ils travaillent, King mène une protestation réclamant de meilleures conditions de travail, avec 6000 manifestants. Malheureusement, des actes de violence et de vandalisme perturbent la marche pacifique et obligent King et son groupe à quitter les lieux.

Néanmoins, dans sa volonté d’aller jusqu’au bout de ses promesses, Martin Luther King revient à Memphis en avril et prépare une autre manifestation pacifique. D’ailleurs, il prononce un discours le 3 avril dans le balcon de son motel sans savoir qu’il sera en effet son dernier. Le lendemain, King est assassiné dans ce même balcon alors qu’il se prépare pour un dîner avec son groupe.

Un seul tir de fusil fatal retentit dans le motel et l’atteint dans sa tête. Les médecins ne réussissent pas à le sauver et sa mort est déclarée peu après son admission dans l’hôpital.

Tentatives d’assassinat : une cible depuis toujours

Cette attaque est loin d’être la première tentative d’assassinat de King. Ce dernier reçoit des menaces successives et de plus en plus violentes depuis les années 1956. Ces menaces étant sous la forme d’appels téléphoniques et de lettres au début, King ne les prend pas au sérieux.

Néanmoins, elles deviennent plus inquiétantes lorsque sa maison où il réside avec sa femme et sa fille est bombardée. L’attaque ne laisse heureusement pas de victimes et King appelle la communauté à la non-violence et à la résistance pacifique.

Deux années plus tard à Harlem (New York), King est poignardé lors d’un évènement de signature de son premier livre « Stride Toward Freedom: The Montgomery Story. Il est également attaqué en Birmingham (Alabama) par un membre du Parti américain nazi durant une marche pacifique en 1962.

Qui a tué Martin Luther King ?

Le président Johnson annonce une journée de deuil nationale le 7 avril 1968 et King est enterré le 9 avril en Atlanta avec plus de 300,000 personnes présentes.

Quant à son assassin, il est tout de suite identifié par la police, grâce aux empreintes qu’il laisse sur le fusil. Il s’agit de James Earl Ray, un fugitif d’une prison de Missouri recherché depuis 1967. Tout de suite après l’assassinat, Ray voyage en Angleterre et n’est rapatrié qu’en 1968. Sous l’incitation des procureurs, Ray plaide coupable afin d’éviter l’exécution et réduire sa peine. Néanmoins, face à une peine de 99 ans en prison, il avoue avoir menti et sème le doute quant à la rigueur des investigations.

La tombe du Dr Martin Luther King, Jr. et de sa femme Coretta Scott King à Atlanta (en Géorgie) dans le site national historique qui lui est dédié - Simon J. Kurtz | Domaine public, via Wikimedia Commons.
La tombe du Dr Martin Luther King, Jr. et de sa femme Coretta Scott King à Atlanta (en Géorgie) dans le site national historique qui lui est dédié – Simon J. Kurtz | Domaine public, via Wikimedia Commons.

D’ailleurs, depuis l’assassinat de King, des hypothèses autres que la version officielle de la police, sont évoquées par le public. Tout comme c’était le cas après l’assassinat de J.F. Kennedy, la police et les services secrets sont suspectés d’avoir éliminé King pour son opposition à la guerre au Vietnam. Néanmoins, aucune de ces hypothèses n’est soutenue par des arguments fiables et elles restent sans confirmation, ni infirmation, jusqu’à nos jours.

Pour conclure, bien que les motifs de l’assassinat de King restent un mystère, sa contribution au mouvement des droits civiques, sa persévérance malgré les obstacles et les menaces, ainsi que le maintien de sa stratégie de non-violence tout au long de son parcours, inspirent encore des militants à travers le monde.

Quelques liens et sources utiles

Le site officiel du King Center dédié au parcours de Martin Luther King.

Foix, A. (2012). Martin Luther King. Folio.

Combesque, M.A. (2009). Martin Luther King Jr. Un homme et son rêve. Éditions le Félin, Paris.

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