L'ouvrage coup de cœur d'avril : Petit dictionnaire des Sales Boulots par Nicolas Méra

La division d’infanterie mécanisée de la capitale au Vietnam

La division "Fierce Tiger Division", connue durant la guerre de Corée, est envoyée au Vietnam pour soutenir le Vietnam du Sud en 1965.
Les entrepôts d'approvisionnement et les installations portuaires de cet important port de la côte Est subissent les bombes larguées par les bombardiers légers B-26 Invader de la Cinquième armée de l'air. Wonsan, Corée du Nord. Armée de l'air : vers 1951 - USAF | Domaine public
Les entrepôts d’approvisionnement et les installations portuaires de cet important port de la côte Est subissent les bombes larguées par les bombardiers légers B-26 Invader de la Cinquième armée de l’air. Wonsan, Corée du Nord. Armée de l’air : vers 1951 – USAF | Domaine public

Cette division sud-coréenne est connue sous de multiples noms : la division d’infanterie mécanisée de la capitale en français, The Capital Mechanized Infantry Division en anglais, mais aussi sous le surnom : Fierce Tiger Division (division du tigre féroce). Cette force apparaît durant la guerre de Corée et est aujourd’hui l’une des six divisions d’infanterie mécanisée de l’armée de la République de Corée.

La division est en charge de protéger Séoul de la Corée du Nord. Dans le passé, les hommes de la division d’infanterie mécanisée de la capitale ont été mobilisés durant la guerre de Corée (25 juin 1950 – 27 juillet 1953), mais aussi durant la guerre du Vietnam dans le cadre de la contribution de la République de Corée à l’effort de guerre du Viêt Nam du Sud.

La division durant la guerre de Corée

La division d’infanterie mécanisée de la capitale a été créée le 20 juin 1948 sous le nom de « Commandement de la sécurité de la capitale ». Lors du déclenchement de la guerre et de l’importante débâcle des premiers mois, avec la première chute de Séoul, la division a été intégrée au Ier Corps.

En effet, lorsque la guerre de Corée a éclaté, les unités sous son commandement ont été déployées dans la direction d’Uijeongbu et ont été détruites. Après la chute de Séoul, elle a été reconstituée en tant que division mixte de la capitale sous le commandement de combat de la zone de Sihheung et a été chargée de la défense de Yeongdongpo. Après l’effondrement de la ligne de défense de la rivière Han, elle a été réorganisée en tant que division de la capitale et a résisté à la 2e division de l’Armée populaire à Jincheon du 6 au 10 juillet, lors de la bataille de Jincheon.

En août 1950, elle a stoppé et détruit la 12e division de l’armée populaire depuis le nord et le sud lors de la bataille de Kilixi et d’Ankang. Cependant, elle a été contre-attaquée par cette même division et a perdu Kilgye. Le 16 septembre 1950, la division d’infanterie mécanisée de la capitale a bloqué l’avancée de la 12e Division de l’Armée populaire dans la bataille de Gyeongju, à l’est de la tête de pont de Busan. Durant la bataille de Pusan (Busan), dernière ville sous contrôle sud-coréen, la division a lutté vaillamment en attendant le renforcement américain et la contre-attaque.

Le 1er janvier 1953 en Corée, des Corsairs survolent un peloton de Marines. Ce vétéran de la guerre contre l'empire du Japon fut utilisé pour 80 % des missions d'appui au sol des forces de l'ONU - Department of Defense, Air and Space museum | Domaine public
Le 1er janvier 1953 en Corée, des Corsairs survolent un peloton de Marines. Ce vétéran de la guerre contre l’empire du Japon fut utilisé pour 80 % des missions d’appui au sol des forces de l’ONU – Department of Defense, Air and Space museum | Domaine public

À partir du 7 juillet, la résolution 84 confie aux États-Unis le commandement d’une force onusienne composée de seize pays ayant pour but de soutenir la Corée du Sud. Le général MacArthur organise une contre-attaque dès le 15 septembre. Cette contre-attaque permet de repousser les troupes nord-coréennes et de reprendre Séoul le 27 septembre 1950. Cette contre-offensive est une véritable victoire sud-coréenne, et les troupes des Nations unies qui se massent en Corée du Nord permettent de lutter à armes égales : 230 000 hommes.

Durant cette contre-attaque, entre le 16 et le 30 septembre 1950, la division Fierce Tiger Division progresse vers le nord le long de la route Dopyong-ri – Yeongyang – Chunyang – Yeongwol – Pyeongchang – Soksa-ri.

Le 30 septembre, les troupes de la division d’infanterie mécanisée de la capitale passent le 38e parallèle et se dirigent vers la ville de Wonsan. En passant, la ville de Yangyang tombe, et Wonsan est prise le 2 octobre. Fin octobre, la ville de Pungsan, située à l’intérieur des terres, à peu près à mi-chemin entre la côte et la frontière entre la Corée et la Chine, est prise. La route du Nord s’ouvre aux troupes alliées.

Le 18 décembre 1950, la division bat en retraite par la mer à Xingnan lorsque l’Armée des volontaires du peuple chinois lance une offensive. Sans faire l’historique complet de cette division durant la guerre de Corée, elle continue activement à se battre jusqu’à la fin de la guerre le 27 juillet 1953.

La division durant la guerre du Vietnam

Durant la guerre du Vietnam, trois divisions sud-coréennes ont été envoyées : la division d’infanterie de la capitale, la 9e division d’infanterie « Paengma » (Cheval blanc) et la 2e Brigade de marines « Chongryong » (Dragon bleu). Ces divisions avaient acquis une réputation de bravoure durant la guerre de Corée, et de fait, elles ont été déployées au Vietnam dans le cadre de la contribution de la République de Corée à l’effort de guerre du Viêt Nam du Sud.

Le 22 septembre 1965, la Fierce Tiger Division a été envoyée au Sud-Vietnam dans le camp Thunderbolt. Elle était chargée de la zone située au nord de Quy Nhon, en remplacement de la 1re brigade de la 101e division aéroportée. Sa mission consistait à protéger des artères vitales telles que la Route 1 et la Route 19, ainsi que les zones rizicoles et les contreforts au nord et à l’ouest.

MG Sun-Min Chung, arrive au camp du 26e régiment d'infanterie en UH-1D, 24 août 1968 - NARA photo 111-CCV-534-CC50886 by SP5 Dennis D. Connell | Domaine public
MG Sun-Min Chung, arrive au camp du 26e régiment d’infanterie en UH-1D, 24 août 1968 – NARA photo 111-CCV-534-CC50886 by SP5 Dennis D. Connell | Domaine public

Au cours de l’année 1966, la division a sécurisé les routes au nord et au sud de la route nationale 19 jusqu’à An Khê. Dans cette zone, elle a mené une opération avec un groupe de reconnaissance près de la frontière entre les provinces de Binh Dinh et de Phu Yen.

La division a connu un important fait d’armes le 10 août 1966, à 22 h 40. La base de la 9e compagnie a été attaquée par environ 700 soldats de l’Armée populaire vietnamienne, mais ils ont été repoussés.

Les forces coréennes ont abattu et tué au moins 197 soldats vietnamiens et n’en ont perdu que sept.

Official Military History des États-Unis

La Fierce Tiger Division était reconnue pour son efficacité dans la recherche et la destruction d’armes et d’ennemis. Ils planifiaient méticuleusement les opérations, parfois même en les répétant à l’avance. Avec une zone d’action restreinte, entre 9 et 10 kilomètres carrés, ils pouvaient mener des actions rapides et efficaces.

Les soldats coréens servant au Vietnam recevaient d’importantes primes, allant parfois jusqu’à trois ans de salaire. C’était aussi un excellent moyen de progresser rapidement dans la hiérarchie militaire. Les soldats coréens sont rentrés en Corée le 11 mars 1973. Entre 300 000 et 350 000 soldats sud-coréens se sont rendus au Vietnam.

Torture et massacre de la Fierce Tiger Division au Vietnam

La Vietnamienne Nguyen Thi Thanh a provoqué un séisme en Corée du Sud lorsqu’elle a porté plainte contre l’État pour le massacre de 74 villageois vietnamiens par des soldats coréens au Vietnam. Le tribunal du district central de Séoul a condamné le gouvernement sud-coréen à verser une indemnisation, prouvant ainsi l’implication de l’État dans des crimes de guerre au Vietnam.

Je suis désolé que la Corée ait participé à une guerre malheureuse et ait infligé des souffrances au peuple vietnamien.

Kim Dae-jung, président sud-coréen entre 1998 et 2003

Pierre Lee Ki-Heon, l’évêque du diocèse d’Uijeongbu en Corée du Sud, a entrepris un voyage vers le nord du Vietnam accompagné de douze prêtres coréens. Ils se sont rendu dans le diocèse de Lang Son Cao Bang pour présenter des excuses au peuple vietnamien en reconnaissance des souffrances infligées par les soldats coréens alliés aux États-Unis pendant la guerre du Vietnam.

Cette histoire est difficile à entendre pour les vétérans, le ministre de la Défense, et le peuple coréen en général. L’occupation japonaise a été très mal vécue en Corée, la population s’étant plainte de la brutalité de l’occupant et de la barbarie des soldats. Il est donc bien difficile d’entendre que des soldats sud-coréens soient accusés de barbarie au Vietnam.

Cette histoire montre que la guerre transforme et brutalise tout Homme qui s’y trouve, d’autant plus la guerre du Vietnam, qui a été particulièrement brutale, poussant même des soldats à tuer leur officier pour éviter d’aller à la mort.

Quelques liens et sources utiles

« Un tribunal reconnaît la responsabilité de soldats sud-coréens dans des massacres lors de la guerre du Vietnam », Le Monde, 2023

« En Corée du Sud, retour de flamme judiciaire sur la guerre du Vietnam », Libération, 2023

« L’Église coréenne demande pardon pour les massacres de la guerre du Vietnam », VaticanNews, 2023

« Guerre du Vietnam: les Sud-Coréens accusés de violences sur des civils », RFI, 2015

Stanley Larsen, Lawton Collins, Allied Participation in Vietnam. Department of the Army, 1985

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2 réponses

  1. Encore un pan de l’histoire militaire totalement ignoré de ma part !
    Plus ça va plus je me dis que le gruyère va être long à combler. Belle perspectives !

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