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Le fragging ou comment tuer son supérieur

Le fragging est une pratique qui s'est popularisée durant la guerre du Vietnam dans l'armée américaine, qui consiste à tuer son officier...
Le cas du fragging dans l'armée américaine - United States Army Heritage and Education Center | Domaine public
Le cas du fragging dans l’armée américaine – United States Army Heritage and Education Center | Domaine public

Le fragging est une pratique popularisée dans l’armée américaine durant la guerre du Vietnam, qui consiste à lancer une grenade proche d’un supérieur, souvent un officier, pour le tuer. De cette manière il est difficile pour quiconque d’identifier le responsable qui pourrait être aussi bien un ennemi qu’un allié.

Un problème attaché à l’armée américaine

La guerre du Vietnam est vivement contestée par l’opinion publique américaine et notamment par les jeunes. Les nouvelles recrues n’ont pas à cœur de s’y rendre, de s’y battre et d’y mourir.

Dès lors, dans chaque unité, quand l’officier faisait trop de zèle, était incompétent ou se portait bien trop volontaire, le fragging devenait une manière de survivre et de ne pas mourir.

Le fragging, pratique popularisée durant la guerre du Vietnam

Le fragging était une réalité bien connue pour les soldats et les officiers. Il existait même un avertissement avant un tel attentat. Les hommes posaient une goupille sur le lit de la cible pour lui faire comprendre qu’il devait rentrer dans le rang, sinon il reviendrait entre quatre planches aux États-Unis.

Plus de 230 cas avérés de fragging ont été révélés durant la guerre du Vietnam, ainsi que 1400 morts suspectes d’officiers. Entre 1970 et 1971, ce sont plus de 363 tentatives d’attentats avec des engins explosifs qui sont répertoriés.

Les hommes déployés sous les ordres du lieutenant William Calley, responsable du massacre de Mỹ Lai, ont caressé l’idée de l’éliminer par cette méthode après qu’il les eut inconsidérément exposés au danger pendant une opération, provoquant la mort d’un des leurs.

Pourquoi utiliser une grenade ?

Comme nous l’évoquions en introduction, l’utilisation d’une grenade est un bon moyen de réduire les risques d’authentification. Contrairement à d’autres types d’armes, l’explosion d’une grenade réduit les résidus identifiables par la police scientifique. De plus la mitraille expulsée n’est pas assez caractérisée pour pouvoir la lier à un modèle ou type de grenade. Ce type d’attentat permet d’éviter la cour martiale ou le déshonneur d’unité pour le ou les responsables.

Le fragging peut être à la fois utilisé sur le front et sur base. Durant un échange de tirs, l’explosion d’une grenade alliée aux pieds d’un officier peut passer pour une grenade lancée trop proche par un camarade ou par l’adversaire. Il est donc plus facile de se dégager d’une telle situation. L’intéressé peut essayer de faire passer cela pour un tir ami, qui est considéré comme une erreur, puisque le fragging est considéré comme un crime.

Dans le cadre d’un attentat sur une base miliaire ou un camp, les choses sont relativement différentes, l’acte est rarement considéré comme une attaque ennemie. L’idée est donc bien de rendre l’identification impossible par l’utilisation d’une grenade ou une claymore.

Des cas de fragging plus récent

Le fragging n’est pas un acte réservé à l’armée américaine et encore moins aux armées modernes. Dans l’histoire (moderne), nous avons des exemples d’attentats contre des officiers dès 1704 avec la bataille de Blenheim.

Un soldat du 15th Regiment of Foot abat un major d’une balle dans la tête. Un autre exemple, durant la bataille de Waterloo en 1815, le commandant du 92nd Regiment of Foot (Gordon Highlanders), le colonel John Cameron of Fassiefern, fut abattu par un de ses hommes qu’il avait précédemment fait flageller à titre disciplinaire.

Plus récemment, des cas de fragging ont été identifiés durant la guerre d’Irak, du côté de l’armée américaine et koweïtienne.

En 2005, le capitaine Phillip Esposito et le premier lieutenant Louis Allen sont tués par l’explosion d’une mine claymore placée sur la fenêtre du bureau d’Esposito à la base avancée Danger, située à Tikrit en Irak. L’accusé, Alberto B. Martinez, était en conflit ouvert avec le capitaine Esposito, notamment à cause de son mauvais comportement et ses mauvais états de service. Des témoins ont affirmé qu’il avait menacé son supérieur de le tuer par fragging.

Néanmoins, il a été acquitté par une cour martiale en 2008. Dans l’armée koweïtienne, c’est Hasan Akbar qui est reconnu coupable du fragging de deux officiers en 2003.

Du fragging dans L’Internationale

Nous vous laissons vous faire votre propre avis, avec le cinquième couplet de L’Internationale.

Les rois nous saoulaient de fumées,
Paix entre nous guerre aux tyrans,
Appliquons la grève aux armées,
Crosse en l’air et rompons les rangs.
S’ils s’obstinent, ces cannibales,
A faire de nous des héros,
Ils sauront bientôt que nos balles
sont pour nos propres généraux.

Le fragging dans le conflit russo-ukrainien

Le fragging n’est pas une pratique réservée à l’armée américaine comme nous l’avons vu. Depuis le déclenchement des opérations spéciales en Ukraine par Vladimir Poutine, les forces russes et ukrainiennes ont été confrontées à des actes de violences extrêmes.

Le conflit connaît même une perte de vitesse importante pour les forcées armées russes. L’arrivée de conscrits n’améliorant pas la situation.

Révélés dernièrement par Xavier Tytelman, les premiers cas de fragging dans l’armée russe ont été révélés. Des conscrits souhaitant se rendre ont été empêchés par leur commandant, celui-ci a été assassiné.

Quelques liens et sources utiles

G. Regan, More Military Blunders, Carlton Books, 2004

Robert D. Heinl, Jr. :The collapse of the armed forces: Bounties and evasions in Armed Forces Journal, 7 juin 1971

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