Newton Knight : un héros dans le Sud des États-Unis

Newton Knight est un héros révolutionnaire, symbole de la résistance à l’injustice ou un paria...
Surrender to Appomattox : Le 9 avril 1865, le général Robert E. Lee capitule devant le lieutenant-général Ulysses S. Grant à Appomattox - Tom Lovell | Domaine public
Surrender to Appomattox : Le 9 avril 1865, le général Robert E. Lee capitule devant le lieutenant-général Ulysses S. Grant à Appomattox – Tom Lovell | Domaine public

Sommaire

Dans l’histoire de la guerre de Sécession américaine, le nom de Newton Knight résonne comme celui d’un personnage hors du commun. Fermier du Mississippi, déserteur confédéré, et résistant acharné à l’injustice, Knight s’est illustré en menant la célèbre rébellion du Comté libre de Jones.

À une époque où le Sud était profondément divisé par l’esclavage et les privilèges de la classe dirigeante, son combat contre la Confédération reste un exemple de résistance individuelle et collective.

Origines de Newton Knight et contexte de son époque

Newton Knight naît en 1829 dans une famille de fermiers pauvres du comté de Jones, dans l’État du Mississippi. Issu d’une région rurale où l’agriculture de subsistance prédominait, Knight ne fait pas partie de l’élite sudiste, qui fondait sa richesse sur l’esclavage. Cette distinction sociale joue un rôle déterminant dans ses convictions ultérieures.

Newton Knight, avant 1922 - Photographe inconnu | Domaine public
Newton Knight, avant 1922 – Photographe inconnu | Domaine public

Le Mississippi, comme le reste des États confédérés, est alors marqué par de fortes inégalités sociales.

Alors que les grandes plantations prospéraient grâce à l’esclavage, les fermiers modestes comme la famille Knight luttaient pour leur survie, marginalisés par une élite aristocratique.

Cette fracture sociale s’accentue avec la guerre de Sécession (1861-1865), qui exacerbe les tensions entre riches propriétaires et petites gens, souvent enrôlés de force dans l’armée confédérée.

La rébellion du Comté libre de Jones

En 1862, Newton Knight est enrôlé dans l’armée confédérée. Rapidement, il devient profondément opposé à cette guerre qu’il considère comme une lutte servant uniquement les intérêts des grandes plantations esclavagistes. La mise en place de la loi des vingt esclaves, qui exemptait les riches propriétaires possédant 20 esclaves ou plus du service militaire, alimente son mépris pour la Confédération.

Knight déserte en 1863 et retourne dans le comté de Jones, où il rassemble un groupe de résistants composé de fermiers mécontents, d’esclaves en fuite, et d’autres déserteurs. Ensemble, ils créent le Comté libre de Jones, une enclave opposée à la Confédération.

Leur mouvement, basé sur des valeurs égalitaires et anti-esclavagistes, défie l’autorité confédérée en redistribuant des vivres et en attaquant les postes de ravitaillement ennemis.

La philosophie de Newton Knight

Le combat de Knight ne se limite pas à une simple opposition armée. Il incarne une révolte morale et sociale contre l’ordre établi. Refusant l’esclavage et les privilèges de l’aristocratie sudiste, il défend une société plus égalitaire.

Cette vision s’illustre notamment dans ses relations avec Rachel, une femme afro-américaine et ancienne esclave, qu’il épouse après la guerre. Leur union interraciale, extrêmement rare pour l’époque, symbolise son rejet des normes racistes et ségrégationnistes de la société sudiste.

Après la guerre : un combat inachevé

Après la fin de la guerre de Sécession en 1865, Newton Knight reste fidèle à ses idéaux. Il s’engage en faveur des droits des Afro-Américains, notamment en soutenant les Républicains radicaux et la politique de Reconstruction qui vise à intégrer les anciens esclaves dans la société américaine. Cependant, le Sud plonge rapidement dans une période de répression raciste, marquée par la montée du Ku Klux Klan et l’instauration des lois Jim Crow.

Knight et sa famille, métissée par son union avec Rachel, font face à des discriminations incessantes. Sa communauté, marginalisée par le reste de la population blanche, illustre les limites de la Reconstruction dans un Sud toujours profondément divisé.

Newton Knight dans l’Histoire et la culture populaire

La figure de Newton Knight a suscité de nombreuses controverses. Pour certains, il est un héros révolutionnaire, symbole de la résistance à l’injustice. Pour d’autres, il est un paria, rejeté par ses contemporains blancs pour ses positions antiesclavagistes et son rejet des normes raciales.

Son histoire inspire le cinéma, notamment dans le film Free State of Jones (2016), réalisé par Gary Ross et interprété par Matthew McConaughey. Bien que romancée, cette œuvre met en lumière le courage et la singularité de Knight, tout en explorant les tensions raciales et sociales du Sud.

Une figure controversée mais essentielle

L’histoire de Newton Knight soulève des questions fondamentales sur la justice sociale, les inégalités, et le rôle de l’individu face à un système oppressif. Son combat, bien que marginalisé par les récits historiques dominants, témoigne de l’existence de résistances internes au sein même des États confédérés.

Quelques liens et sources utiles

Victoria E. Bynum, The Free State of Jones: Mississippi’s Longest Civil War, The University of North Carolina Press, 2001.

Gary Ross, Free State of Jones: The True Story Behind the Movie, University Press, 2016.

John F. Marszalek, Sherman: A Soldier’s Passion for Order, Free Press, 1993.

Les produits de Revue Histoire

Articles similaires

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Rejoignez notre Newsletter !

Sujets exclusifs, récapitulatifs, coups de cœur et vidéos à retrouver une à deux fois par mois.