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Les femmes tondues durant la libération de la France

Durant la libération de la France à la fin de la Seconde Guerre mondiale, les femmes sont la cible de condamnation... les femmes tondues.
Femmes françaises accusées de collaboration et tondues (Paris, été 1944) - Bundesarchiv, Bild [ Creative Commons BY-SA 3.0
Femmes françaises accusées de collaboration et tondues (Paris, été 1944) – Bundesarchiv, Bild [ Creative Commons BY-SA 3.0

La France occupée a été vécue comme un drame par une partie de la population. Une faible partie a souhaité se battre, à l’instar des hommes et femmes qui ont suivi le général de Gaulle, et de tous ceux restés en France, qui ont fait partie de la Résistance.

La grande majorité n’a pas agi, continuant de vivre sous un nouveau régime, celui de Vichy, gouvernement ouvrant grand la voie à la collaboration avec l’Allemagne nazie. Vers la fin de la Seconde Guerre mondiale, les effectifs de la Résistance grossissent, les collaborateurs fuient ou changent de camp ; néanmoins, la population est à la recherche de coupables.

La France libre libère la France occupée

Des arrestations et des jugements sans procès ont lieu, concernant pour la plupart des hommes. Les femmes, elles, sont touchées par un acte odieux et surtout humiliant : des tontes.

Le pays doit sortir de la collaboration et ostraciser les coupables

Les trois documents sont des photographies (que nous ne pouvons pas partager pour des questions de droits d’auteur malheureusement, mais disponible via des liens) représentant des femmes touchées par des persécutions en représailles de leurs supposées collaborations avec des Allemands et des Nazis pendant l’occupation.

Les trois photographies ont été prises en 1944, lors de la libération de Paris. Les Alliés ont réussi à prendre pied en France après le débarquement du 6 juin 1944. Depuis, chaque jour, semaine et mois rapprochent les troupes américaines, canadiennes, britanniques ou françaises de Berlin. Cette libération provoque de nombreuses destructions en France et dans le reste de l’Europe. Chaque territoire libéré se voit touché par une vague de persécutions. Dès les premiers jours de la libération et jusqu’à plusieurs mois après la capitulation de l’Allemagne, des partisans pourchassent les collaborateurs.

Les femmes accusées de collaboration

Toutes les femmes accusées de « collaboration horizontale » avec l’occupant sont dès lors tondues, sans réel procès, ou même réelle accusation. Les femmes tondues sont souvent des femmes seules, isolées, fragiles qui servent de boucs émissaires.

Cette pratique n’est pas du tout admise dans le Code pénal français. Pour autant, des membres officiels, comme des fonctionnaires et des gendarmes sont présents lors de ces représailles. De plus, les comités locaux de libération organisent rapidement des missions de tontes. Celles réalisées par les Forces Française de l’Intérieur (FFI) sont dites populaires, le groupe se considérant comme protecteur des intérêts des populations.

Ainsi, la Libération doit passer pour beaucoup par la tonte des femmes et la chasse aux traitres en règle générale. De véritables cérémonies s’organisent autour de ces tontes, ces actes servent d’exutoires aux populations.

Ces actes de persécution ne se déroulent pas seulement en France, mais aussi dans des pays qui ont été occupés, comme la Belgique. Ainsi, des femmes qui répondent aux critères précédemment évoqués sont amenées dans des lieux publics tels que le marché, la cour de la Mairie ou encore la place du village. Une fois que la femme est tondue (mais parfois aussi déshabillée, marquée d’une croix gammée ou autre), elle est ensuite exhibée, suivi par une foule ralliée à la cause de la tonte.

Identifier les auteurs des photographies

Les auteurs des photographies n’ont pas pu être identifiés, mais ils sont certainement des reporters de guerre, des journalistes, puisque le sujet est traité par la presse.

Ainsi, nous pouvons évoquer comme exemple le reporter de guerre, Robert Capa, qui a suivi les troupes lors de la Libération et qui a photographié la scène « La Tondue de Chartres ». Pour la troisième photographie nous avons trouvé un autre point de vue qui est conservé aux Archives Fédérales allemandes[1].

Des scènes communes à la Libération

Les trois photographies représentent des scènes différentes. La première photographie met en avant une femme nue, qui n’est pas tondue, escortée par une foule dans une cérémonie d’exhibition. La deuxième photographie a capturé la scène d’une femme tondue, avec un écriteau indiquant « a fait fusiller son mari ». La femme semble avoir été violentée, son nez saigne. La troisième photographie représente deux femmes tondues dans une cérémonie d’exhibition.

L’une des femmes a une croix gammée dessinée sur le front. Le fait de faire subir cette épreuve aux femmes permet aux bourreaux de leur faire perdre leurs attributs féminins, mais également de les marginaliser de la société pendant de longs mois.

Le corps de la femme est mis en scène, que ce soit par les écriteaux, par le fait qu’elles soient dénudées, qu’elles perdent leurs cheveux ou encore que leurs corps soient marqués par du goudron, de la craie, du rouge à lèvres. Ainsi, nous pouvons nous demander comment le corps de la femme devient l’objet du délit ?

Hypothèse de recherche à la vue des documents

Nous pouvons décomposer notre plan de recherches en trois parties majeures :

I. Le corps de la femme comme objet de collaboration (source de persécutions, lien avec l’occupant) ; II. Le corps de la femme comme lieu de châtiment (tonte, nudité, inscription corporelle) ; III. Le corps de la femme comme objet de la nation (exposition à nue et publique).

Quelques liens et sources utiles

[1] Cette autre photographie est conservée au Sammlung von Repro-Negativen, https://www.bild.bundesarchiv.de/dba/de/search/?query=Bild+146-1971-041-10

Jean-Yves Le Naour, « Femmes tondues et répression des femmes à Boches en 1918 », Revue d’Histoire moderne et contemporaine,‎ janvier-mars 2000

Valentine Schulmeister, J’ai failli être tondue, Sancerre, éd. Double fureur, 2014

Françoise Leclerc et Michèle Weindling, « La répression des femmes coupables d’avoir collaboré pendant l’Occupation », Clio. Femmes, genre, histoire, nos 1-1995 (Résistances et Libérations France 1940-1945),‎ janvier 1995

Dominique François (préf. Catherine Durand, postface Gilles Perrault), Femmes tondues : la diabolisation de la femme en 1944, Le Coudray-Macouard : Cheminements, coll. « La guerre en mémoire », 2006

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2 Responses

  1. Bonjour

    80 ans plus tard, il serait temps de pardonner, est mettre une plaques Commémorative , car beaucoup on donner pour la France

    Merci pour Elles

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