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L’histoire du légendaire train de l’Orient-Express !

L'Orient-Express est ce train légendaire qui offre un voyage dans le temps et dans l'espace par son histoire épique et singulière.
Une rame de l'Orient-Express, Honza Groh | Creative Commons Attribution-Share Alike 3.0
Une rame de l’Orient-Express, Honza Groh | Creative Commons Attribution-Share Alike 3.0

Considéré comme le train le plus luxueux du monde, l’Orient-Express est la star épique de tous les temps. Son histoire mythique et légendaire n’a pas échappé à l’inspiration de plusieurs artistes et écrivains qui en ont fait des chefs-d’œuvre et l’ont fait voyager bien au-delà de ses rails.

Bien qu’il ne soit plus en exercice depuis 2009, le train ne cesse de faire rêver les amateurs des périples hors du commun.  

La naissance de l’Orient-Express

L’histoire du train-croisière nous amène à l’an 1867, lorsque Georges Nagelmackers, ingénieur civil et industriel belge, décide de tout quitter pour s’installer aux États-Unis. Là-bas, il fait la noble découverte des trains avec les wagons-lits.

En 1863, les premières voitures-lits ont vu le jour, grâce à George Pullman qui a eu l’idée de concevoir des wagons avec des cabines où les voyageurs ont à leur disposition un lit et un coin lavabo-toilette. Ce luxe produit par l’inventeur et l’industriel américain Pullman n’échappe pas à Georges Nagelmackers, lui aussi féru d’industrie révolutionnaire.

Cette découverte lui inspire le lancement du Grand projet de l’Orient-Express.

Ce à quoi ressemblent les premières voitures de l'Orient-Express, (vue d'extérieur) - Auteur inconnu, carte postale XXe siècle | Domaine public
Ce à quoi ressemblent les premières voitures de l’Orient-Express, (vue d’extérieur) – Auteur inconnu, carte postale XXe siècle | Domaine public

C’est à son retour en Europe que Georges Nagelmackers décide de lancer le projet, il s’associe à Pullman dans un premier temps et, ensemble, ils commencent la construction des premières voitures-lits d’Europe.

Peu de temps après, Georges Nagelmackers se sépare de l’entreprise Pullman et monopolise le marché industriel des trains-croisières en Europe. En 1872, il crée sa propre entreprise indépendante à Paris et lui donne le nom de « la Compagnie Internationale des Wagons-lits et des Grands Express Européens ».

Georges Nagelmackers avait depuis toujours une ambition d’étendre le réseau ferroviaire à l’échelle continentale, voire mondiale, sans avoir à passer par des changements de trains aux frontières. Cette idée nourrie par la découverte des wagons-lits américains a été l’origine de la naissance de l’Orient-Express.

Le premier départ de l’Orient-Express

Tant attendu, en 1883 les voyageurs commençaient déjà à s’impatienter pour connaître la date du premier départ. Ce train est mythique, il est premier à relier l’Occident à l’Orient sans aucun changement.

Avant l’Orient-Express, la Compagnie des Wagons-Lits avait lancé un aller-retour Paris-Vienne en 28h. Dans un train luxueux qui portait le nom du « Train Éclair », les voyageurs avaient à leur disposition des voitures-lits et une voiture avec un restaurant étoilé. C’était déjà un énorme exploit de pouvoir relier les deux capitales, Georges Nagelmackers a pourtant l’ambition de pouvoir relier l’Occident à l’Orient. Ce qui voit le jour en 1883, lorsque, enfin le « Train Éclair » est rebaptisé « Orient-Express » et met le cap sur Constantinople en Turquie.

D’un point de vue politique, cette initiative a été fortement saluée. Les Européens ont vu dans ce projet une alternative pour s’approcher plus de l’Orient, dans un monde révulsé par les crises politiques et les guerres. Ce fut alors une nouvelle marche qui allait permettre d’approcher les Occidentaux des Orientaux par le biais d’un échange social et culturel plus étroit.

Ce n’est qu’en juin 1883 qu’est annoncé le premier départ de l’Orient-Express, depuis la gare de l’Est à Paris à destination de Constantinople. À défaut d’avoir une liaison intégrale en chemin de fer jusqu’à destination, les passagers devaient prendre d’autres moyens de locomotion tels que la diligence ou les bateaux à vapeur pour traverser le détroit du Bosphore.

Le 5 juin 1883 marque la première mise en service du train-croisière, la plupart des passagers y ont été conviés par l’entreprise créatrice du train. Le voyage inaugural n’a donc eu lieu que le 4 octobre de la même année avec seulement 24 passagers, parmi eux Georges Nagelmackers ainsi que de nombreuses personnalités du monde de l’art, de la politique et du journalisme.

Le premier départ de l’Orient-Express a été surmédiatisé et seulement quelques jours après son lancement les réservations commencent à augmenter, ce sont surtout des fortunés qui souhaitent effectuer ce voyage. Il faut encore attendre six ans de travaux, pour que les cheminots puissent enfin à assurer la liaison intégrale de 2 800 km de chemin de fer entre Paris et Constantinople. Les voyageurs peuvent dès lors faire tout le trajet à bord.

L’Orient-Express ne monopolise pas longtemps la ligne Occident-Orient, dès 1919 le Simplon-Orient-Express se met en service et relie Istanbul à Paris en passant par Milan. Il est connu pour ses voitures en bleu nuit serti par une écriture gravée en or avec le logo de la Compagnie des Wagons-lits. L’appellation « Simplon » est à l’origine du tunnel ferroviaire qui traverse les Alpes de la Suisse jusqu’en Italie.

Les voitures de la Compagnie des Wagons-lits - (vue d'extérieur) - Subomondo | Creative Commons Attribution-Share Alike 3.0
Les voitures de la Compagnie des Wagons-lits – (vue d’extérieur) – Subomondo | Creative Commons Attribution-Share Alike 3.0

Le voyage à bord de l’Orient-Express

Ce n’est pas pour rien que l’Orient-Express se voulait pour une clientèle élitiste. Le train est considéré comme luxueux pour plusieurs raisons, notamment le service d’abord, mais aussi par la qualité unique et incroyable des rames. De l’argenterie en cuisine jusqu’au cristal qui orne les appliques, le train offre un voyage au sein du voyage, un chef-d’œuvre qui porte ostensiblement le mythe d’une décoration artistique hors du commun.

Orient Express, La voiture-restaurant - Epistola8 | Creative Commons Attribution-Share Alike 4.0
Orient Express, La voiture-restaurant – Epistola8 | Creative Commons Attribution-Share Alike 4.0

Entre 1919 et 1920, la Compagnie Internationale des Wagons-lits fait appel au décorateur René Prou. Un homme doté d’une expertise dans la décoration intérieure, son ultime conviction est de favoriser le confort et faire en sorte que l’ornement ne nuise pas à ce dernier. À ses côtés, l’entreprise sollicite le maitre René Lalique, un averti du verre, à qui sont confié certaines voitures pour en faire des chefs-d’œuvre.

À la vue du nombre limité de places et la durée du voyage, l’Orient-Express est resté un moyen de transport élitiste. Les artistes et les auteurs y trouvaient un moyen de conserver leur décorum. Plusieurs d’entre eux n’ont pas manqué de s’inspirer du décor luxueux du train pour inventer des histoires encore célèbres aujourd’hui. Comme le fameux polar d’Agatha Christie « Le crime de l’Orient express », publié en 1934 et réadapté au cinéma en 2017. Le livre a fait résonner ce train légendaire dans le monde et le film est venu rappeler sa beauté mythique.

Edmond About, Valery Larbaud et plein d’autres écrivains, poètes et journalistes ont publié pléthores d’ouvrages de littérature et d’articles… ce qui a développé la popularité et la légende de l’Orient-Express. Une stratégie de communication que le fondateur de l’Orient-Express lui-même a mis en place. Dès le premier périple, Georges Nagelmackers avait bien pensé à inviter des érudits de la littérature et des grands journalistes pour qui le maniement des mots est un don.

Les perturbations de la voie Paris-Istanbul

Que ce soit à cause des intempéries ou de la guerre, l’Orient-Express a dû plusieurs fois rester à quai sans pouvoir poursuivre son chemin, ni le rebrousser. Les rectifications et les mises en vigueur de certaines lois des pays qu’il traverse ont, en effet, entravé son activité. Arrivé aux frontières, le train devait attendre parfois plusieurs jours.

En plus de la guerre balkanique, la Première Guerre mondiale a fortement perturbé la ligne Paris-Istanbul. Elle a même provoqué son arrêt total peu de temps après son déclenchement et ce jusqu’en 1918.

La chute de l’Empire Ottoman et la création de la République turque indépendante ont également remis en question « l’internationalité » du train. Faute d’y accéder facilement, le train devait faire une petite incursion vers Edirne puis retourner en Grèce et enfin regagner la Turquie par Uzunkopru. Un grand détour en Grèce qui n’est supprimé qu’en 1971, lorsqu’une nouvelle ligne reliant la Bulgarie et la Turquie voit le jour.

Le second arrêt de l’Orient-Express était en 1939 à cause de la Seconde Guerre mondiale. Le marasme n’épargne pas la Compagnie des Wagons-lits, notamment à cause des bombardements et des sabotages orchestrés sur les lignes, l’entreprise subit des dégâts matériels importants. En Grèce d’importants combats ont lieu entre l’armée grecque et l’armée italienne puis allemande.

Il a fallu attendre la fin de la guerre pour que le train puisse enfin se remettre en service. En 1945, il renaît de ses cendres, une résurrection progressive qui reprend en premier la ligne Paris-Vienne puis celle du Simplon-Orient-Express par la suite. Le train dessert à nouveau la gare d’Istanbul sans pour autant traverser la Grèce à cause de la fermeture des frontières. Six après, la Bulgarie interdit l’accès au train rendant Istanbul inaccessible.

Le dernier Paris-Istanbul et la chute de l’Orient-Express

Le 20 mai 1977, le dernier voyage a eu lieu reliant Paris à Istanbul. La crise économique jugule les activités de la compagnie et l’émergence des avions, rend difficilement rentable cette ligne. Elle réduit également son réseau et ses itinéraires, dont celui de l’Orient-Express qui, depuis, n’a plus jamais atteint l’Orient.

Cependant, le train légendaire poursuit son immuable périple entre Paris et Vienne réalisant uniquement des voyages nocturnes, c’est le début de la fin. De 1998 à 2009 l’Orient-Express se voit dépassé par l’apparition des TGV et le développement des avions. À l’ère de la vitesse, c’est quasi impossible pour un train, resté fidèle à son époque, de survivre dans un monde qui favorise la rapidité. Le vieillissement du matériel en rajoute et sonne le glas d’une légende. Plus tard la SNCF en prendra possession et devient le propriétaire officiel du train.

Les voitures de l’Orient-Express se dégradent et deviennent des simples wagons-lits. Le train désormais ne sert que de « correspondance » entre le TGV Paris-Strasbourg et l’EuroNight Strasbourg-Vienne. Le 12 décembre 2009, l’Orient-Express réalise son dernier voyage, un aller simple depuis Strasbourg.

La renaissance d’une légende

« L’Orient-Express a cette force de susciter des émotions et des souvenirs en chacun de nous. C’est une véritable ­machine à rêves, un symbole ultime d’excellence »

Sébastien Bazin, PDG d’Accor.

C’est alors une bonne nouvelle pour les amateurs du voyage épique et les nostalgiques de l’époque d’antan. Bientôt, l’Orient-Express ne sera plus qu’une épopée que nous racontent les pages d’un ouvrage ou quelques scènes de fiction.

Le mythe de nouveau mis sur les rails, en tout cas c’est ce qu’annoncent les manchettes des journaux qui promettent la résurrection imminente de la légende.

La SNCF passe les commandes à la chaine hôtelière Accor (propriétaire de la marque d’hôtels Pullman), celle-ci devient alors la nouvelle propriétaire du train. Très vite elle se donne la mission de ressusciter le chef-d’œuvre, on parle déjà d’un possible retour en 2025. La société Accor parle même d’une « avant-première » en 2024 qui dévoilera le décor final de quelques voitures, dont la décoration et l’ornement ont été confié aux artisans français.

À bord, toute forme de technologie sera absente, les voyageurs auront le privilège de voyager dans le temps et dans l’espace. L’entreprise ne donne aucune précision quant aux itinéraires traversés par le train.

Quelques sources et liens utiles

Patrimoine SNCF, « L’Orient-Express : Tout l’art du voyage dans un train », (2023)

Orient-Express, « Orient-Express : Le mythe en 10 dates », (2023)

Le Figaro, « Ouverture des ventes pour le nouvel Orient-Express », Jean Marc De Jaeger, 2022

Envols, « Visite guidée du spectaculaire et luxueux futur train Orient Express », Marine Delcambre, 2022

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