Les Graciés de l'Histoire de Marlène Sándor, un livre à découvrir !

Guerre civile argentine 1820-1880

Cette opposition idéologique entre Unitarios et Fédéralistes va engendrer une guerre civile qui marquera profondément l'histoire argentine.
Carte de l'argentine en 1855 - J.H Colton 1855 | Domaine public
Carte de l’argentine en 1855 – J.H Colton 1855 | Domaine public

Au début du XIXe siècle, l’Argentine se trouve plongée dans une période de turbulences internes. L’indépendance, acquise en 1816 au Congrès de Tucuman, n’a pas apporté la stabilité espérée. Au contraire, le pays se retrouve fragmenté en diverses provinces, chacune luttant pour imposer sa vision du futur État argentin. Cette fragmentation est exacerbée par l’absence d’un gouvernement central fort capable de réunir les provinces sous un projet commun.

Deux courants politiques émergent alors pour tenter de structurer l’organisation du pays. D’une part, les Unitarios, principalement issus de Buenos Aires, prônent la centralisation du pouvoir au sein de la capitale. Ils considèrent qu’un gouvernement central fort est nécessaire pour moderniser le pays, harmoniser les politiques économiques et instaurer un État-nation puissant.

D’autre part, les Fédéralistes, représentant les provinces, défendent l’autonomie régionale. Selon eux, chaque province doit avoir le droit de gérer ses affaires internes sans ingérence excessive de Buenos Aires, afin de préserver les particularismes locaux et éviter la domination d’une seule province sur les autres.

Cette opposition idéologique entre Unitarios et Fédéralistes va engendrer une guerre civile qui marquera profondément l’histoire argentine.

Les origines et le début de la guerre civile (1820-1831)

Après avoir obtenu son indépendance en 1816, l’Argentine se trouve dans une situation politique fragile. Le Directoire, un régime centralisé qui hérite en grande partie des structures de l’époque coloniale, tente de maintenir l’unité du pays sous un gouvernement central fort.

Cependant, le Directoire est rapidement confronté à des défis considérables. Les divergences idéologiques entre les différentes régions et l’absence d’une identité nationale unifiée rendent le maintien de ce régime de plus en plus difficile.

La désintégration du Directoire et les premières divisions (1820-1828)

En 1820, le Directoire s’effondre, marquant la fin d’une première tentative de centralisation. Cet effondrement est précipité par des événements tels que la défaite de l’armée à la bataille de Cepeda, qui expose la faiblesse militaire du régime face aux forces fédéralistes des provinces. La chute du Directoire entraîne une vacance du pouvoir central et ouvre la voie à une période de fragmentation politique intense, où les provinces se détachent de l’autorité de Buenos Aires pour affirmer leur autonomie. 

Dans ce contexte de désordre, Buenos Aires se distingue rapidement comme le bastion des Unitarios. Les Unitarios voient en Buenos Aires le cœur économique et culturel de l’Argentine, capable de tirer l’ensemble du pays vers la modernité.

Cette ville, en tant que principal port du pays, bénéficie des revenus du commerce extérieur et possède des institutions plus développées que les provinces intérieures. Les Unitarios, en se basant sur ces avantages, estiment que la centralisation est nécessaire pour garantir un développement harmonieux de la nation et pour éviter le morcellement territorial.

Cependant, cette vision centralisatrice est perçue comme une menace par les provinces. Celles-ci, souvent sous le contrôle de caudillos locaux, leaders militaires qui jouissent d’une grande popularité dans leurs régions respectives, s’opposent fermement à toute tentative de centralisation qui pourrait réduire leur autonomie et leurs intérêts locaux. Ces provinces, appauvries par rapport à Buenos Aires et se sentant souvent négligées par le gouvernement central, se rallient aux idées fédéralistes

La désintégration du Directoire ne marque pas seulement la fin d’un régime politique ; elle signale également le début d’une lutte acharnée entre deux visions opposées de l’Argentine. Les Unitarios et les Fédéralistes ne sont pas simplement en désaccord sur des questions administratives, mais sur la conception même de l’État et de la nation

Ces divisions vont progressivement s’intensifier, menant à des guerres civiles qui façonneront durablement le paysage politique, social, et économique du pays. L’incapacité à résoudre ces tensions par des moyens politiques pacifiques pousse l’Argentine dans une spirale de violence qui ne prendra fin qu’avec l’établissement d’un équilibre fédéral à la fin du XIXe siècle.

Exécution de Dorrego - Fausto Eliseo Coppini 1902 | Domaine Public
Exécution de Dorrego – Fausto Eliseo Coppini 1902 | Domaine Public

L’assassinat de Dorrego : le début de la guerre civile (1828-1829)

L’exécution de Manuel Dorrego en décembre 1828 constitue un événement pivot dans l’histoire de l’Argentine. Dorrego, un ardent défenseur du fédéralisme, est alors gouverneur de Buenos Aires, la province la plus influente du pays. Il s’oppose fermement aux idées centralisatrices des Unitarios. Cependant, la situation politique du pays est déjà extrêmement tendue, marquée par une forte instabilité après l’effondrement du Directoire en 1820 et les luttes de pouvoir incessantes qui s’en sont suivies.

Le coup d’État mené par le général unitariste Juan Lavalle contre Dorrego s’inscrit dans ce contexte explosif. Lavalle, soutenu par les élites de Buenos Aires et certains secteurs de l’armée, considère Dorrego comme un obstacle à la centralisation du pouvoir.

Après avoir renversé Dorrego, Lavalle ordonne son exécution rapide, une décision qui choque non seulement les partisans fédéralistes, mais aussi une grande partie de la population, pour qui Dorrego représentait un espoir de stabilité et de défense des intérêts provinciaux.

L’assassinat de Dorrego radicalise immédiatement les positions politiques dans tout le pays. Les provinces fédéralistes, qui voient dans cet acte une trahison des principes d’autonomie et une menace directe à leur existence, se mobilisent contre Buenos Aires.

Cette mobilisation se traduit par une levée en masse des forces fédéralistes qui se préparent à affronter les Unitarios sur le champ de bataille. D’un autre côté, les Unitarios, bien que divisés sur la légitimité du coup d’État, tentent de consolider leur contrôle sur la capitale et de préparer une offensive contre les forces fédéralistes. 

Ce conflit marque le début d’une guerre civile qui va s’étendre sur plusieurs décennies, fragmentant le pays et exacerbant les divisions idéologiques.

Juan Manuel Rosas et la consolidation des fédéralistes (1829-1831)

Au cœur de cette guerre civile, Juan Manuel de Rosas émerge comme une figure incontournable du camp fédéraliste, incarnant à la fois la résistance contre l’unitarisme et la défense des intérêts provinciaux. Né dans une famille influente de Buenos Aires, Rosas est un propriétaire terrien prospère qui jouit d’une grande popularité auprès des gauchos et des classes rurales.

Sa montée en puissance est facilitée par son habileté à unir les forces fédéralistes autour de lui, en exploitant la colère suscitée par l’exécution de Dorrego et en promettant de défendre les droits des provinces face à la centralisation de Buenos Aires.

En 1829, Rosas défait les troupes de Lavalle, consolidant ainsi son contrôle sur Buenos Aires et réaffirmant la prédominance du fédéralisme dans la province la plus puissante du pays. Sa victoire ne se limite pas à un simple succès militaire : elle symbolise également un tournant dans la guerre civile, avec une nette montée en puissance des forces fédéralistes. Rosas est alors investi du gouvernorat de Buenos Aires, position qui lui permet de contrôler à la fois le cœur économique du pays et une grande partie de son appareil militaire. 

La signature du Pacte Fédéral en 1831 représente un moment clé dans la consolidation des forces fédéralistes. Ce pacte est bien plus qu’une simple alliance militaire : il jette les bases d’une coalition durable entre les provinces fédéralistes, qui s’engagent mutuellement à se soutenir contre toute tentative de domination unitariste.

Le Pacte Fédéral constitue ainsi le premier pas vers la formation de la Confédération argentine, une structure politique qui, bien que précaire, parvient à tenir tête aux Unitarios et à préserver l’autonomie des provinces.

Sous la direction de Rosas, les Fédéralistes ne se contentent pas de repousser les Unitarios : ils s’efforcent également de créer un système politique capable de résister aux tentatives de centralisation et de maintenir l’équilibre entre les différentes provinces. Rosas, en tant que leader charismatique et autoritaire, devient la figure emblématique de cette résistance. Sa capacité à unir les provinces fédéralistes et à consolider leur pouvoir en fait un acteur clé de l’histoire argentine, préparant le terrain pour les décennies de conflits et de négociations qui suivront.

La domination de Rosas et les révoltes Unitarios (1831-1852)

Après avoir consolidé son pouvoir à Buenos Aires en 1829, Juan Manuel de Rosas devient la figure dominante de la politique argentine. De 1831 à 1851, il dirige le pays avec une main de fer, en mettant en place un régime qui, tout en se revendiquant du fédéralisme, est marqué par un centralisme rigide et une forte dose d’autoritarisme.

Rosas parvient à exercer une domination totale non seulement sur Buenos Aires, mais aussi sur les autres provinces argentines, en utilisant des méthodes de gouvernance qui mêlent centralisation et répression.

Le régime de Rosas : centralisation fédéraliste et autoritarisme

Sous le régime de Rosas, la centralisation du pouvoir se fait au nom du fédéralisme, mais elle se traduit par un contrôle étroit sur les provinces. Rosas impose une forme de centralisation où Buenos Aires détient le pouvoir économique et politique prédominant, tout en maintenant une façade de fédéralisme. Ce centralisme est justifié par Rosas comme étant nécessaire pour maintenir l’ordre et la stabilité dans un pays encore en construction.

Rosas exerce une influence omniprésente sur les institutions politiques et administratives. Il utilise les institutions fédérales pour renforcer sa position et assurer que les décisions importantes soient prises en accord avec ses directives. Cette centralisation de l’autorité lui permet de maintenir une stabilité apparente, bien que cette stabilité repose en grande partie sur la répression et la surveillance.

L’autoritarisme de Rosas se manifeste par une répression systématique des opposants politiques. Les Unitarios, en particulier, sont la cible principale de sa politique de terreur. Ceux qui s’opposent à son régime sont souvent contraints à l’exil, emprisonnés, ou réduits au silence par des moyens violents. La surveillance des activités politiques et des médias est omniprésente, avec des mesures de censure strictes pour empêcher la diffusion de critiques contre le gouvernement.

Ce régime, bien qu’efficace pour maintenir l’ordre à court terme, laisse une empreinte profonde sur la politique et la société argentines, préparant le terrain pour les conflits et les transitions politiques qui suivront à la fin de son mandat.

Conflit entre les provinces argentine en 1840 - Sorbier Siffleur (pseudo Wikipédia) | CC BY-SA 4.0
Conflit entre les provinces argentine en 1840 – Sorbier Siffleur (pseudo Wikipédia) | CC BY-SA 4.0

Guerre civile et tentatives de renversement (1839-1842)

Malgré la solidité apparente du régime de Juan Manuel de Rosas, la résistance unitariste demeure active et déterminée. Entre 1839 et 1842, plusieurs rébellions éclatent à travers l’Argentine, dirigées par des Unitarios en exil et des provinces qui se sentent opprimées par le centralisme autoritaire de Rosas. Ces soulèvements, bien que sporadiques, illustrent la persistance du mécontentement face à un régime qui, malgré son efficacité, ne parvient pas à étouffer toutes les voix dissidentes.

La rébellion la plus significative de cette période est la rébellion de la Ligue du Nord, orchestrée par des leaders Unitarios tels que Juan Lavalle et Gregorio Aráoz de Lamadrid. La Ligue du Nord est formée pour s’opposer à l’autoritarisme de Rosas et pour revendiquer un retour à une forme de gouvernement centralisé mais avec une ouverture vers les provinces. Lavalle et Aráoz de Lamadrid, deux figures charismatiques et expérimentées, cherchent à créer une force militaire capable de renverser le régime de Rosas et de restaurer un équilibre politique plus favorable aux Unitarios.

La rébellion est marquée par des affrontements militaires intensifs et des tentatives de mobilisation dans les provinces qui sont empêchées par le pouvoir central. Les révoltés tentent de rallier des soutiens parmi les provinces mécontentes, mais se heurtent à une répression brutale et à un manque de coordination entre les différents groupes d’opposants. Les forces de Rosas, bénéficiant d’une armée disciplinée et loyaliste, parviennent à contenir et à écraser ces rébellions, tout en utilisant la répression comme un outil pour dissuader toute nouvelle insurrection.

Les tentatives de renversement menées par les Unitarios échouent les unes après les autres. La supériorité militaire de Rosas et son contrôle stratégique sur les provinces rendent difficile pour les révoltés de gagner du terrain. Les forces de Rosas, bien organisées et soutenues par un système de renseignement efficace, parviennent à contrer les offensives de Lavalle et de ses alliés. 

Ces échecs, bien que consolidant temporairement la position de Rosas, révèlent l’ampleur et la profondeur de l’opposition qui continue de croître sous la surface. La persistance des rébellions témoigne d’une fracture sociale et politique qui ne se résout pas simplement par la force militaire, mais qui nécessite une réponse politique plus nuancée. Ces soulèvements laissent entrevoir la fragilité du pouvoir de Rosas, malgré son autoritarisme, et la montée de mécontentements.

La coalition contre Rosas et sa chute (1851-1852)

Les abus de pouvoir de Rosas, combinés aux défis politiques et militaires croissants, finissent par engendrer une alliance de plus en plus large contre lui. En 1851, Justo José de Urquiza, gouverneur de la province d’Entre Ríos et ancien allié de Rosas, rompt avec son ancien partenaire politique et se positionne en leader de l’opposition.

Urquiza, mécontent des abus et de la centralisation excessive, forme une coalition qui regroupe non seulement des provinces mécontentes mais aussi des Unitarios exilés et des puissances étrangères opposées à Rosas.

La coalition d’Urquiza est diversifiée, comprenant des forces politiques, militaires et étrangères. Les provinces, fatiguées par la domination autoritaire de Rosas, apportent leur soutien à cette alliance. De plus, l’Empire du Brésil et l’Uruguay, qui voient dans la chute de Rosas une opportunité d’influencer les affaires argentines, fournissent un soutien stratégique et militaire. Cette coalition hétéroclite est unifiée par un objectif commun : la destitution de Rosas et la révision du système politique en Argentine.

Le 3 février 1852, la coalition anti-Rosas remporte une victoire décisive à la bataille de Caseros. Les forces dirigées par Urquiza infligent une défaite écrasante aux troupes de Rosas, marquant la fin de son régime autoritaire. La bataille de Caseros est un tournant majeur qui symbolise la chute de l’hégémonie fédéraliste autoritaire de Rosas. La défaite force Rosas à s’exiler en Angleterre, mettant ainsi fin à son régime

Bataille de Caseros - Tortafritas (pseudo Wikipédia) | Domaine public
Bataille de Caseros – Tortafritas (pseudo Wikipédia) | Domaine public

La chute de Rosas ouvre la voie à une réorganisation politique en Argentine. Le vide laissé par la fin de son régime permet l’émergence d’une nouvelle ère politique, marquée par la rédaction de la Constitution de 1853. Ce texte fondamental vise à établir un équilibre entre les forces fédéralistes et unitaristes, en posant les bases d’un fédéralisme plus équilibré et inclusif.

Vers une réorganisation politique et la fin des conflits (1852-1880)

La période suivant la chute de Rosas est caractérisée par des efforts de réconciliation et de consolidation politique, alors que l’Argentine se prépare à entrer dans une phase de construction nationale et d’intégration politique plus stable.

La constitution de 1853 et les tensions persistantes

En 1853, une nouvelle Constitution est adoptée par les provinces, établissant un cadre fédéral inspiré des modèles constitutionnels des États-Unis et des pays européens. Cette Constitution vise à créer une union durable des provinces tout en respectant leur autonomie. Elle introduit un système fédéral où les provinces conservent une large autonomie et un gouvernement central est chargé de coordonner les affaires nationales.

Cependant, Buenos Aires, qui s’est toujours vue comme le centre économique et politique de l’Argentine, refuse de se conformer à cette nouvelle organisation. Mécontente de voir son influence réduite par la Constitution, Buenos Aires se considère lésée et se place en marge du nouvel arrangement fédéral.

Ce refus d’adhérer à la Constitution exacerbe les tensions politiques, créant une scission entre Buenos Aires et la Confédération argentine, et alimentant un climat d’instabilité qui dure plusieurs années. La situation reste tendue, les tensions entre Buenos Aires et le reste du pays se reflétant dans des conflits politiques et militaires persistants.

Expédition de Lavalle en 1840 - Prruxo (pseudo Wikipédia) | CC BY-SA 4.0
Expédition de Lavalle en 1840 – Prruxo (pseudo Wikipédia) | CC BY-SA 4.0

La guerre civile et la suprématie de Buenos Aires (1854-1862)

Les tensions entre Buenos Aires et la Confédération argentine se transforment rapidement en conflits armés. En 1859, la bataille de Cepeda représente un affrontement décisif. Les forces de la Confédération, dirigées par Justo José de Urquiza, infligent une défaite significative à Buenos Aires. Cependant, malgré cette victoire, les négociations qui suivent ne permettent pas de résoudre les différends de manière satisfaisante, et Buenos Aires reste en dehors du cadre fédéral, continuant à défier l’autorité centrale.

En 1861, la bataille de Pavón change la dynamique du conflit. Cette fois-ci, Buenos Aires, sous la direction de Bartolomé Mitre, remporte une victoire décisive. Urquiza, affaibli par cette défaite, choisit de se retirer de la scène politique. Cette victoire marque la suprématie de Buenos Aires sur l’ensemble du pays.

Mitre, triomphant, devient le premier président de l’Argentine unifiée en 1862. Son gouvernement entame un processus de centralisation de facto, renforçant le contrôle de Buenos Aires sur les affaires nationales malgré les structures fédérales prévues par la Constitution. Cette victoire marque un tournant décisif dans l’histoire argentine, établissant les bases de la future organisation politique du pays.

Fédéralisation de Buenos Aires et fin de la guerre civile (1862-1880)

Après la victoire de Buenos Aires, l’Argentine entre dans une période de stabilisation politique et institutionnelle. Les présidences successives de Bartolomé Mitre, Domingo Faustino Sarmiento, et Nicolás Avellaneda jouent un rôle crucial dans la consolidation de l’État.

Chacun de ces présidents œuvre pour unifier le pays tout en respectant l’autonomie provinciale, tout en mettant en œuvre des politiques de modernisation économique et sociale. Leur gouvernance marque une transition vers une gestion plus centralisée, mais également plus équilibrée, du pays.

La Guerre de la Triple Alliance (1864-1870) contre le Paraguay, bien que principalement un conflit extérieur, renforce la cohésion nationale et le pouvoir central. Ce conflit, qui mobilise les provinces dans un effort militaire commun, permet à l’Argentine de consolider ses frontières et d’affirmer son influence régionale tout en jouant un rôle dans la construction de l’unité nationale.

Capitulation du Paraguay - Cosson-Smeeton & Janet Lange 1866 | Domaine public
Capitulation du Paraguay – Cosson-Smeeton & Janet Lange 1866 | Domaine public

La question de la fédéralisation de Buenos Aires reste un enjeu central tout au long de cette période. En 1880, sous la présidence de Julio Argentino Roca, Buenos Aires est finalement fédéralisée, devenant officiellement la capitale de la République argentine. Cette fédéralisation marque la fin des conflits internes qui avaient agité le pays pendant des décennies.

Elle inaugure une ère de stabilité et de développement, permettant à l’Argentine de se concentrer sur la construction d’un État-nation moderne et intégré, avec un équilibre entre l’autorité centrale et les provinces enfin atteint.

De la division à l’unité : la consolidation du modèle fédérale argentin

Les conflits entre Unitarios et Fédéralistes ont profondément marqué l’histoire de l’Argentine, influençant de manière décisive la formation de l’État. Ces guerres civiles, qui ont ravagé le pays pendant près de cinquante ans, ont vu s’affronter deux visions opposées du pouvoir et de l’organisation territoriale.

D’un côté, les Unitarios aspiraient à un État centralisé, contrôlé par Buenos Aires, tandis que les Fédéralistes défendaient l’autonomie provinciale et une organisation fédérale. Ces affrontements ont non seulement causé de lourdes pertes humaines et économiques, mais ont également retardé la construction d’un État unifié.

Malgré la violence et la division, ces conflits ont finalement conduit à une évolution politique majeure. La guerre civile a progressivement cédé la place à une consolidation de l’État argentin sous un système fédéral. La victoire finale de Buenos Aires, combinée à l’adoption de la Constitution de 1853 et à la fédéralisation de Buenos Aires en 1880, a permis de stabiliser le pays. Cette période a également vu l’émergence de figures politiques capables de transcender les divisions pour construire un État-nation moderne, tout en préservant un équilibre entre l’autorité centrale et les provinces.

À long terme, ces conflits ont laissé une empreinte indélébile sur l’Argentine moderne. Ils ont façonné les institutions politiques et ont instauré un modèle de gouvernance où la centralisation et l’autonomie provinciale coexistent, souvent de manière tendue.

Aujourd’hui, les tensions entre Buenos Aires et les provinces perdurent, héritage de ces luttes du XIXe siècle. Ces conflits ont aussi nourri un discours nationaliste complexe, dans lequel l’identité argentine s’est construite à la fois contre et avec ces divisions internes. La question de l’équilibre entre pouvoir central et autonomie provinciale continue ainsi de résonner dans le paysage politique argentin, témoin des défis qui ont marqué la naissance de la nation.

Drapeau de la Confédération argentine - Juan Manuel de Rosas | Domaine public
Drapeau de la Confédération argentine – Juan Manuel de Rosas | Domaine public

Quelques liens et sources utiles

Síntesis de la historia argentina. El historiador

Lazzari Eduardo. Federales y unitarios : el origen de la guerras civiles argentinas. Nuevos papeles

Orsi rené. Dorrego y la unidad rioplatense. 1991 

Correia Ivan. Revolucione de 1880. La nacion

Littierre alberto. Las guerras civiles argentinas de la década 1820. Realpolitik

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