Depuis la proclamation de l’État d’Israël le 14 mai 1948, le climat de tensions et les conflits entre Palestiniens et Israéliens n’ont jamais pris fin. La haine entre les deux nations semble si forte qu’aucun accord de paix n’a pu aboutir jusqu’à aujourd’hui.
Nous allons donc voir quelles sont les causes de ce conflit historique ainsi que les affrontements en série qui impactent la région du Proche-Orient et qui entraînent une multiplication des acteurs au fil des décennies.
Un conflit entre Israël et les États arabes voisins
C’est à la fin du XIXe siècle que le mouvement nationaliste juif pour la création d’un État se concrétise. En effet, en 1897 le journaliste austro-hongrois Theodor Herzl fonde le sionisme, trois ans après le début de l’affaire Dreyfus.
L’ambiguïté de la Déclaration Balfour
Grâce aux efforts et à l’influence du mouvement sioniste, la Grande-Bretagne promet la création d’un foyer national juif en Palestine, via la Déclaration Balfour de 1917. Or, les Britanniques avaient déjà assuré aux populations arabes la création d’un État palestinien indépendant en échange de leur participation dans la guerre contre l’Empire Ottoman. Ainsi, la responsabilité du Royaume-Uni dans le conflit est indéniable puisque le pays a promis la Palestine à la fois aux sionistes et aux Arabes.
Entre les deux guerres, l’immigration juive est de plus en plus forte et les tensions augmentent sur le territoire palestinien. De plus, l’énorme traumatisme de la Shoah lors de la Seconde Guerre mondiale engendre de nouveaux flux de population dans le pays.
Entre 1917 et 1948, la part de la population juive en Palestine passe de 10 à 30%. Devant leur incapacité à gérer les conflits, les Britanniques confient la situation palestinienne à la jeune ONU en 1947, un an avant la fin officielle de leur mandat.
L’impossible cohabitation et le début des conflits
En 1947, un plan de partage du territoire est proposé : créer un territoire juif et un territoire arabe et placer Jérusalem sous tutelle de l’ONU. Celui-ci est accepté par le fondateur et Premier ministre de l’État d’Israël, David Ben Gourion, tandis qu’il est refusé par les populations arabes, le trouvant injuste.
Du point de vue des relations internationales, Israël se tourne vers les États-Unis et met en place une démocratie libérale. Déçue, l’URSS soutient les pays arabes pendant toute la Guerre Froide.
Soutenus militairement par la Ligue arabe, l’Égypte, la Transjordanie, la Syrie et l’Irak déclarent la guerre à Israël en 1948. L’armée israélienne prend le dessus sur la coalition d’États arabes. Le pays annexe alors 78% de l’ancienne Palestine, l’Égypte et la Transjordanie s’octroyant le reste de leur côté. Il n’y a donc plus d’État arabe pour les Palestiniens et après la guerre entre 700 000 et 900 000 d’entre eux fuient vers les pays arabes voisins dans ce qu’ils retiennent comme la « Nakba », qui signifie la catastrophe en arabe.
La crise de Suez
En 1956, dans un contexte d’émergence du tiers-monde, de nouvelles tensions surviennent dans la région. En Égypte, le leader très anti-israélien Nasser renverse le régime du roi Farouk II.
Il souhaite redonner de la puissance à la cause arabe et faire de son pays un des leaders de ceux considérés du Tiers-monde. Suite à plusieurs mésententes avec les pays occidentaux, Nasser décide de nationaliser le Canal de Suez le 26 juillet. Principaux bénéficiaires du canal, les Français et les Britanniques souhaitent lancer une attaque avec Israël pour faire échouer les plans égyptiens.
L’intervention prend rapidement fin, puisque les États-Unis et l’URSS ne souhaitent pas voir un conflit éclater au Moyen-Orient, pour leurs intérêts stratégiques. Face à la présence militaire croissante de l’Égypte à sa frontière depuis le début du mois de septembre 1956, Israël lance une offensive et envahit le Sinaï, le 30 octobre, dans une logique de « légitime défense préventive ».
Cependant, la condamnation fut unanime dans le monde, l’URSS faisant même allusion à l’usage des armes nucléaires si le territoire n’était pas évacué. Ainsi, la guerre de Suez prend fin et les Casques Bleus sont déployés dans le Sinaï.
Le conflit entre Israël et les pays arabes voisins prend un tournant majeur en 1967. Dans un climat de fortes tensions frontalières, suite à la concentration de troupes égyptiennes à la frontière et au blocage de l’accès au détroit de Tiran pour les navires israéliens, Israël considère la situation comme un casus belli et déclenche une guerre-éclair, appelée la Guerre des Six Jours, le 5 juin 1967.
En seulement quelques heures, les forces aériennes égyptiennes, jordaniennes et syriennes sont anéanties. Le pays annexe Jérusalem Est, la Cisjordanie, la bande de Gaza, le désert du Sinaï et le Golan syrien, et ainsi, quadruple la superficie de son territoire. Un cessez-le-feu est proclamé par le Conseil de Sécurité le 7 juin.
Un affrontement qui se recentre sur la cause palestinienne
En 1973, une coalition de pays arabes conduits par l’Égypte et la Syrie conduit une attaque sur Israël le 6 octobre, le jour de la fête juive du Yom Kippour, le Grand Pardon, afin de créer la surprise.
C’est le président égyptien Anouar El Sadate, successeur de Nasser, qui a pris l’initiative de cette guerre afin de venger les Arabes et récupérer les territoires conquis par Israël. Malgré cela, les forces israéliennes reprennent rapidement le dessus et le conflit prend fin le 23 octobre.
La guerre du Kippour et ses conséquences internationales
La guerre du Kippour est tout de même inédite par l’utilisation du pétrole comme une arme. En effet, le 17 octobre, les membres de l’OPEP – Organisation des pays exportateurs de pétrole – annoncent un embargo sur les ventes de pétrole à Israël et aux pays occidentaux qui l’ont soutenu. Cette politique mène au premier choc pétrolier de l’Histoire.
Les séries de conflits ayant opposées Arabes et Juifs depuis 1948 entraînent une instabilité de plus en plus grande au Proche-Orient : les réfugiés palestiniens augmentent au fur et à mesure des années, la rancœur envers les Israéliens grandit, des groupes politiques et armés palestiniens se multiplient, à l’instar de l’Organisation de libération de la Palestine (OLP) créée en 1964, et ils revendiquent de plus en plus d’attentats contre des cibles juives.
Après la défaite de 1967, de plus en plus de Palestiniens se tournèrent vers l’OLP pour continuer la lutte armée contre Israël, les dirigeants arabes ayant perdus toute crédibilité. À la fin des années 1960, les effectifs et la popularité de l’OLP augmentèrent considérablement, si bien que le mouvement nationaliste finit par échapper au contrôle des régimes arabes. Des attentats de terroristes palestiniens ont lieu jusqu’en Occident, dont deux aux Jeux Olympiques de Munich en 1972 et à Paris en 1982.
En Jordanie, le roi Hussein perçoit la forte présence de l’OLP comme une menace directe à son pouvoir et en septembre 1970, il déclenche des opérations militaires contre les combattants palestiniens. Après plusieurs jours de massacres, l’OLP se replie au Liban.
C’est depuis ce pays que le leader de l’OLP, Yasser Arafat, opère contre Israël à partir de 1976. Or, plusieurs opérations israéliennes sont menées pour mettre fin aux attaques palestiniennes et la situation dégénère au Liban. Un puissant mouvement armé chiite libanais appelée Hezbollah est créé et devient l’ennemi juré d’Israël. Tous ces événements entraînent une guerre civile au Liban.
Les difficiles tentatives de diplomatie à partir de la fin des années 1970
En 1978, le président égyptien Sadate décide d’engager des accords diplomatiques avec Menahem Begin, le Premier ministre israélien. Par cette initiative, il devient le premier président d’un pays arabe à rendre une visite officielle en Israël, reconnaissant implicitement son existence. En échange de cette reconnaissance, l’Égypte souhaite récupérer le désert du Sinaï mais surtout une « paix juste et durable » entre les deux parties, comme l’a prononcé Anouar Al Sadate lors d’un discours en Israël un an plus tôt.
Concrétisant sa volonté, le 17 septembre, les Accords de Camp David sont signés à Washington sous la médiation du président américain Jimmy Carter. Ce premier pas diplomatique, bien qu’inédit, est cependant loin de régler la question palestinienne.
En effet, en négociant avec Israël, Sadate a suscité la colère du monde arabe et celui-ci est assassiné par des militaires de son pays en 1981. L’Égypte se retrouve également exclue de la Ligue Arabe. Enfin, les forces israéliennes ne quittent pas les zones égyptiennes occupées depuis la fin de la Guerre des Six Jours.
En 1993, des discussions secrètes sont tenues à Oslo entre l’OLP et Israël. Il s’agissait d’établir une Autorité palestinienne ayant une autonomie sur les territoires de Cisjordanie et de Gaza en échange de la cessation du terrorisme palestinien. Ces accords sont signés par le Premier ministre Israélien Yitzhak Rabin, Yasser Arafat et Bill Clinton, le président des États-Unis. Malheureusement, Rabin est assassiné par un fanatique juif en 1995 et la mise en place de l’autonomie des territoires palestiniens est lente et reste inaccomplie.
Nouveau cycle de violence et situation du conflit ces dernières années
Ayant déjà eu lieu en 1987, une deuxième Intifada a lieu entre 2000 et 2005 suite à une provocation du politicien israélien Ariel Sharon. Il s’agit d’un mouvement d’opposition des Palestiniens à l’occupation d’Israël. Plus de trois mille palestiniens et plus de mille israéliens trouvent la mort dans ce conflit.
Les violences reprennent de nouveau avec intensité dans la bande de Gaza à partir de 2008. En effet, les forces israéliennes ont quitté le territoire un peu plus tôt et le Hamas en a pris le contrôle. Israël met alors en place un blocus pour limiter les importations dans la bande de Gaza, ce qui dégrade largement la situation pour presque deux millions de Palestiniens y vivant. Enfin, un violent affrontement entre l’armée israélienne et le Hamas éclate sur le territoire entre 2008 et 2014.
Depuis une quinzaine d’années, la paix semble impossible entre les deux nations. En effet, l’Autorité palestinienne a perdu de sa légitimité, n’ayant pas organisé d’élection depuis 2005 et faisant l’objet d’accusations de corruptions et de mauvaise gestion.
Ajouté à cela, les États-Unis soutiennent toujours fermement Israël, à fortiori lors du mandat de Donald Trump, ce dernier ayant reconnu Jérusalem comme capitale du pays avant d’y déplacer l’ambassade américaine en mai 2018.
Également, la marginalisation des organisations pacifistes et la droitisation de la société israélienne viennent briser les espoirs de paix. Le gouvernement actuel de Benyamin Netanyahou, Premier ministre d’Israël depuis 2009, est jugé comme étant celui le plus à droite depuis la fondation de l’État hébreu.
Cette année 2023 est marquée par une hausse des tensions entre Israël et les palestiniens en raison de l’arrivée au pouvoir du nouveau gouvernement israélien d’extrême droite l’année dernière. Face aux opérations d’Israël dans les territoires occupés, et notamment le bombardement de Tsahal en Cisjordanie, de plus en plus de palestiniens reprennent le chemin des armes ce qui fait surgir le spectre d’une troisième Intifada.
Quelques liens et sources utiles
Imbert, L., & Ponticelli, A. (2023, 19 avril). Conflit israélo-palestinien : les raisons de l’escalade. Le Monde.fr. https://www.lemonde.fr/podcasts/article/2023/04/19/conflit-israelo-palestinien-les-raisons-de-l-escalade_6170103_5463015.html
Les Palestiniens et la question palestinienne. (2023, 25 mai). France Culture. https://www.radiofrance.fr/franceculture/podcasts/serie-les-palestiniens-et-la-question-palestinienne
Pascal Boniface. (2023, 1 février). Israël / Palestine : vers l’implosion ? avec Dominique Vidal | Entretiens Géopo [Vidéo]. YouTube. https://www.youtube.com/watch?v=G1WLTK11L6Y
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