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La fondation de Bagdad par Al-Mansur (762)

La fondation de Bagdad est au centre de la période abbasside, avec la religion musulmane qui est née durant l'ère de Muhammad
Hôtel Baghdad Rotana et centre commercial Al-Harithiya, Bagdad - Mohammad Huzam [ Creative Commons BY-SA 4.0
Hôtel Baghdad Rotana et centre commercial Al-Harithiya, Bagdad – Mohammad Huzam [ Creative Commons BY-SA 4.0

La fondation de Bagdad est au centre de la période abbasside, avec la religion musulmane qui est née durant l’ère de Muhammad, grâce aux révélations qu’il reçoit dans la grotte du Mont Hirâ de la part de l’ange Gabriel. À partir de ce moment-là, l’islam n’a cessé de croître jusqu’à devenir la religion que nous connaissons aujourd’hui.

Pour arriver à près de 1,6 milliard de croyants dans le monde, les chemins ont été tumultueux, notamment lors de la succession du prophète Muhammad, d’abord avec les califes Rashidûn puis les différents califats.

Les Abbassides sont la deuxième dynastie de califes de l’Islam, après les Omeyyades. Leurs souverains descendent d’Al Abbâs, l’oncle du prophète, et règnent de 750 à 1258 de notre ère. En 762, Al-Mansur fonde la ville de Bagdad, qui devient le centre de l’empire arabe. La fondation de Bagdad est un enjeu de pouvoir pour les Abbassides, qui souhaitent avoir une capitale à leur image.

Dans quelle mesure y a-t-il une défense de la grandeur et de la splendeur de la ville à travers l’ensemble de l’empire ?

Bagdad, nouveau coeur du monde islamique

En 762, la nouvelle capitale du monde islamique commence à être fondée. Il y a un déplacement d’un point de vue géographique de la capitale puisque sous les Omeyyades la capitale Damas était orienté vers l’occident alors que Bagdad est orienté vers l’Empire Perse.

Une capitale “orientale”

Il y a une volonté de tropisme de l’empire vers la culture persane ainsi que d’agrandissement des territoires orientaux jusqu’aux confins de l’Asie centrale. Celui qui est considéré comme le fondateur de Bagdad est Al Mansur qui comme dit dans les textes de Ya’qubi dans son ouvrage Les pays.

Al-Mansur est le deuxième calife de la dynastie Abbassides et à choisi l’emplacement stratégique et la structure pour la fondation de Bagdad. Il laisse derrière lui un héritage important en tant que le fondateur de la capitale, il jette les bases de l’âge d’or abbassides qui a été une période de prospérité économique, culturelle et scientifique pour le monde islamique.

Le choix de l’emplacement de Bagdad

Il y a plusieurs raisons pour lesquelles Bagdad a été construite à un endroit précis. Premièrement, la présence du fleuve Tigre qui traverse la ville permettait d’avoir de l’eau pour l’agriculture et les besoins personnels de chacun, et servait également pour le commerce, la capitale étant au centre des carrefours commerciaux.

Enfin, cela permettait d’assurer une certaine salubrité du climat pour que la ville soit vivable.

La fondation de Bagdad planifiée

La capitale Bagdad est une ville dite « ex nihilo » (faite de toute pièce), ce qui était spectaculaire pour l’époque et assez rare. La fondation de Bagdad est associée à un homme, Al-Mansur, qui est considéré comme le représentant de Dieu sur terre puisqu’il est le calife de l’empire abbasside.

Ainsi, la ville de Bagdad serait associée à Dieu. C’est pourquoi le modèle de la ville est idéal, avec des avenues larges, des commerces et un nombre de bains proportionnel à la population. Il y a un caractère idéal, comme on peut le voir dans de nombreux récits, tel que celui de Ya’qubi, avec un nombre impressionnant d’ouvriers employés pour construire la ville. Cela montre également la puissance du calife, capable de mobiliser toutes ces personnes.

Le calife al-Mansur fit convoquer des ingénieurs, des gens experts dans l’art de construire, des géomètres habiles à la mesure des longueurs et des surfaces, au partage des terres, afin de faire dresser les plans de sa capitale, qu’on appela la ville d’Abou Dja’far. Lorsque arrivèrent au complet les ouvriers qu’il avait fait venir, maçons, manœuvres, charpentiers, forgerons, terrassiers, il leur distribua des avantages en nature et leur fixa un salaire. Il avait fait demander un peu partout par écrit de lui adresser tous ceux qui connaissaient un tant soit peu le métier de la construction ; il arriva cent mille ouvriers et artisans divers.

La fondation d’après Ya’qubi, Les Pays, éd. et trad. G. Wiet, Le Caire, 1937, p. 4 et seq.

Une capitale idéale

La fondation de Bagdad se caractérise par sa forme originale qui tranche avec les villes en damier dans les traditions gréco-romaines.

Une ville ronde

La forme ronde symbolise la perfection d’un niveau cosmique puisqu’elle représente la Terre. Cette forme renforce la centralité, comme si la ville était un mini-monde. Les habitants de Bagdad ressentent une certaine fierté d’habiter dans cette ville qui est celle des califes avec leurs liens divins.

Représentation de la ville de Bagdad - Institut du monde arabe et Ubisoft | Domaine public
Représentation de la ville de Bagdad – Institut du monde arabe et Ubisoft | Domaine public

La capitale est associée à une idée de puissance, avec la monumentalité des édifications telles que les quatre portes menant aux quatre coins de l’empire et les murs immenses qui bordent la capitale. On peut de plus souligner la splendeur et la volonté de montrer le pouvoir du calife à travers la ville, qui se veut être la vitrine directe du pouvoir califal.

Un miroir de l’organisation du pouvoir

La fondation de Bagdad représente beaucoup pour le pouvoir ; en effet, c’est le miroir de l’empire islamique de l’époque, puisqu’elle est une cité exemplaire avec un ordre idéal. La centralité du calife est montrée comme étant le centre du monde, puisqu’il est au cœur de l’Irak. Au centre de la capitale se trouve le palais, sur une grande esplanade, pour souligner la puissance du calife et sa distance avec le reste des gens. Cela place le calife sur un certain piédestal.

Dans la capitale, il y a une hiérarchisation de la population : plus les personnes sont placées vers le centre de la ville, plus elles sont importantes. En effet, la ville abrite les sièges de l’administration avec leurs habitations de fonction, et la concentration du pouvoir y est forte.

En conclusion, Bagdad a été créée comme le lieu de concentration des pouvoirs politiques et administratifs, elle est très peuplée et constitue un nœud d’échanges commerciaux. Capitale “ex nihilo“, elle reflète la puissance califale, et, de par son appui religieux, elle dresse un tableau très politique et idéologique. Cette capitale est née pour refléter la grandeur de la famille des Abbassides.

Quelques liens et sources utiles

Yahyâ b. Mahmûd al-Wâsitî, Bagdad, Une bibliothèque à Bassora, 1236., BNF

Jean Claude Garcin,  Grandes villes méditerranéennes du monde musulman médiéval, 2000

Alain Ducellier, Michel Kaplan, Bernadette Martin, Françoise Micheau, Le Moyen Âge en Orient Byzance et l’Islam, Hachette Supérieur

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