Le 26 avril 1986, l’explosion du réacteur n°4 de la centrale nucléaire de Tchernobyl, en Ukraine, déclenche l’une des pires catastrophes nucléaires de l’histoire. Dans les jours qui suivent, des milliers d’hommes et de femmes – les liquidateurs – sont mobilisés pour limiter les dégâts et éviter une propagation incontrôlable des radiations.
Mais qui étaient ces liquidateurs ? Quels dangers ont-ils affrontés, et pourquoi leur rôle est-il souvent méconnu, voire occulté ?
Qui étaient les liquidateurs ?
Les liquidateurs de Tchernobyl désignent l’ensemble des travailleurs, militaires et civils, mobilisés pour contenir les effets de la catastrophe nucléaire. Cette opération a impliqué des personnes de différents corps de métiers et nationalités :
- des pompiers et des policiers, envoyés dès les premières heures pour maîtriser l’incendie ;
- des soldats de l’Armée rouge et des forces spéciales soviétiques ;
- des ingénieurs, techniciens et scientifiques, qui ont travaillé à la décontamination ;
- des ouvriers chargés de construire le premier sarcophage autour du réacteur ;
- des médecins et infirmiers, qui ont soigné les premiers irradiés.
Les conditions de travail entre courage et sacrifice
Les conditions de travail des liquidateurs étaient particulièrement dangereuses, car beaucoup ignoraient la gravité des radiations auxquelles ils étaient exposés. Sans protections adéquates et souvent mal informés, ils ont affronté des niveaux de radiation mortels pour contenir les effets de l’explosion.
Les liquidateurs ont effectués tout un tas de tâches, dont l’extinction des incendies immédiats provoqués par l’explosion, la construction d’un sarcophage de béton pour confiner le réacteur endommagé, la décontamination des zones environnantes et des bâtiments et l’abattage des forêts environnantes pour réduire la propagation des radiations.
L’impact sanitaire : Le prix du sacrifice
Les effets des radiations sur la santé des liquidateurs furent souvent dramatiques. Les symptômes immédiats incluaient des brûlures, des troubles respiratoires, et, dans de nombreux cas, le syndrome d’irradiation aiguë. Les répercussions à long terme ont été encore plus dévastatrices.
Les conséquences médicales incluent :
- une augmentation des cancers, notamment de la thyroïde et des leucémies ;
- des maladies cardiaques et respiratoires ;
- des troubles neurologiques et psychologiques liés au stress post-traumatique.
Beaucoup de liquidateurs ont reçu des médailles, mais les compensations financières ont été limitées, et leur reconnaissance a longtemps été éclipsée par la politique de secret de l’Union soviétique.
Une mémoire vive : Les monuments et commémorations
Aujourd’hui, plusieurs monuments rendent hommage aux liquidateurs de Tchernobyl, notamment en Ukraine et en Russie. Ces commémorations rappellent le courage et le sacrifice de ces hommes et femmes qui, pour beaucoup, ont payé de leur santé, voire de leur vie, pour limiter une catastrophe sans précédent.
Les lieux de mémoire les plus notables sont aujourd’hui, le monument « Aux héros de Tchernobyl » à Kiev, qui honore les pompiers, le mémorial de Slavutych, ville construite pour les anciens habitants de Pripyat et des stèles commémoratives en Russie et en Biélorussie, en hommage aux liquidateurs de ces pays.
Une catastrophe soviétique
Les liquidateurs de Tchernobyl ont pris des risques inouïs pour éviter des conséquences encore plus graves. Leur héroïsme est reconnu aujourd’hui comme un symbole de résilience et de dévouement face à une catastrophe d’ampleur mondiale.
Pourtant, leur histoire reste en partie oubliée. Ils sont les héros silencieux de Tchernobyl, et leur mémoire mérite d’être honorée et préservée.
Quelques liens et sources utiles
Svetlana Alexievitch, La supplication : Tchernobyl, chronique du monde après l’apocalypse, 1997
Chernobyl International (chernobyl-international.com)
International Atomic Energy Agency – Rapports et études sur les conséquences à long terme des radiations sur les liquidateurs de Tchernobyl.
Musée de Tchernobyl à Kiev