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Le testament de Gonzalo Ferrándiz pour l’Abbaye de Sahagún

Découvrez une retranscription d'un testament datant du XIIe siècle en péninsule Ibérique, entre Alphonse VI et Gonzalo Ferrandiz.
Photographie d'illustration pour un testament en péninsule Ibérique au XIIe siècle - Manuscrit juridique du Midi de la France (XIIIème - XIVème siècle) | Domaine public
Photographie d’illustration pour un testament en péninsule Ibérique au XIIe siècle – Manuscrit juridique du Midi de la France (XIIIème – XIVème siècle) | Domaine public

Un source historique essentielle : le testament

L’accumulation d’objets, de biens ou de propriétés existe depuis toujours, à des degrés variés. Les biens étaient moins durables et non figés. En effet, tout se transformait. Les objets n’étaient pas simplement jetés, ils étaient réparés, transformés ou réemployés pour une autre utilisation. Le testament est un bon moyen d’obtenir des informations sur les objets que les hommes et femmes d’autrefois pouvaient utiliser et conserver. Grâce aux données que les historiens ont pu collecter dans ce type de sources, il a été possible de comprendre les échanges commerciaux dans certaines zones géographiques, mais aussi d’étudier les habitudes des ménages.

Notre cas d’étude d’un testament

Notre source historique, étudiée dans notre article Alphonse VI confirmation du testament de Gonzalo Ferrándiz est un testament datant du XIIe siècle et qui a été réalisé dans la péninsule Ibérique. Il ne reflète pas spécifiquement les biens matériels de Gonzalo Ferrándiz. En effet, celui-ci est déjà mort lors de la réalisation de son testament. Ce sont surtout ses propriétés terriennes qui sont en jeu.

Extrait de notre source historique

(Chrismon) Alphonse, empereur des Espagnes par la grâce de Dieu, à tous les comtes, ducs et magnats qui me représentent, salut. Sachez que, poussé par le zèle de la piété, je me suis appliqué à glorifier avec l’aide et la miséricorde de Dieu le lieu des saints Facond et Primitif, vénérable par sa dévotion religieuse de sorte que celui qui avait été enseveli sous le pouvoir humain, ressuscitât d’une quasi-mort en faisant une donation à l’Eglise. Comme la divine pitié était favorable à ce projet, je choisis de reposer après ma mort ici même, de sorte que, défunt, je continue de soutenir ce [lieu] que j’avais profondément aimé durant la vie. Or, tandis que je désirais cela dans mon cœur, un des magnats de mon palais, appelé Gonzalo Ferrándiz, vint à mourir ; alors qu’il était à l’article de la mort, il ordonna de donner tout son héritage à ce même monastère, afin que son âme obtienne l’aide divine grâce à la prière des serviteurs de Dieu.

Mais l’abbé Bernardo, alors père de ce monastère, ignorant la coutume de la terre, ne fit pas de testament comme le mourant l’avait prescrit, et partagea cet héritage avec sa sœur Sancha. Martin Flainez, après l’avoir épousé, ne voulut pas diviser l’héritage, que celui-ci, vivant, avait eu sous son pouvoir, à savoir du Pisuerga jusqu’à León. Peu de temps après, le seigneur abbé Diego me mécontenta dans le château de Froila en me demandant chaque jour ce qu’il arrivait depuis. Comme le comte Martín Flanez était présent ici-même, nous avons initié un procès contre lui. Comme celui-ci avait inventé sans explication de nombreuses choses discordantes, tous ceux qui participaient à cette affaire, à savoir le comte Pierre, le comte García et de nombreux autres nobles, jugèrent qu’un testament devait être fait, et qu’il avait autant de valeur que s’il avait été fait en présence (de Gonzalo Ferrándiz).

Pour cette raison, au nom du Père et du Fils et du Saint-Esprit. Moi, Gonzalo Ferrándiz, pour le salut de mon âme, pour nos saints patrons Facond et Primitif et pour le seigneur abbé Bernardo, je fais une charte au sujet de mes propriétés, que je tiens de mes grands-parents et parents, à savoir la moitié, que j’ai avec ma sœur dame Sancha : l’intégralité de ma part dans la villa d’Ordoño et à Covellas ; ma part 14 à Cisneros, dans la villa d’Asner et dans Villella (…). Toutes ces villas, susnommés, je les offre à votre saint autel en intégralité autant que je les possède, avec les voies d’accès, les terres, les vignes, les prés, les pâturages, les étangs, les moulins, les pêcheries, les cours d’eaux entrant et sortant avec leurs canalisations, les montagnes, les sources ; sont exceptés les palais de la Villa d’Ordoño, d’Anepza et de Cisneros, que j’ai donnés à ma sœur sans héritage.

Si quelqu’un osait entraver ce vœu, qu’il soit contraint de payer au susdit monastère le double ou le triple de ce qui figure dans la charte, et au roi mille livres d’or.

Ce testament fut donné samedi, le troisième jour des nones de décembre, l’année 1118 de l’ère. Moi, Gonzalo Ferrándiz, désirant obtenir l’héritage de la vie des bienheureux, je confirme cette donation que j’ai faite de bon cœur (seing). Alphonse, empereur de de la ville de León et de toute l’Espagne, je confirme (Monogramme). Rodrigo González, son écuyer, je confirme.

– Pelayo, évêque de León, je confirme. Bernardo, évêque de Palencia, je confirme. Pedro, comte, je confirme. Martín, comte, je confirme. García, comte, je confirme.
– Gonzalo, comte, je confirme. Muño, comte, je confirme. Diego Álvarez, seigneur, je confirme.
– Ceux-ci furent présents : Tellus Gutiérrez, je confirme. Pelayo Monniz, je confirme. Pedro Vitas, je 40 confirme. Pelayo Vitas, je confirme. Pelayo Andrés, je confirme. Arias Vellitiz, je confirme.
– Le Cid, témoin (seing), j’ai corroboré. Belliti, témoin (seing), j’ai corroboré. Domingo, témoin (seing), j’ai corroboré. Rodrigo, témoin (seing), j’ai corroboré. Muño, témoin (seing), j’ai corroboré. Román a écrit et confirmé.

Cet extrait de source est disponible dans l’ouvrage suivant :
Ed. HERRERO DE LA FUENTE (Marta), Colección diplomática del monasterio de Sahagún (857-1230), 3, León, CEISI, 1988 (Fuentes y Estudios de Historia Leonesa, 37), n° 786, p.76-79. Trad. Th. Deswarte

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