Obélisque de Buenos Aires en Argentine

Situé Plaza Republica, à l’intersection des avenues Corrientes et 9 de julio, se dresse le colossal Obélisque de Buenos Aires. Inauguré le 23 mai 1936 pour célébrer le quatrième centenaire de la première fondation de la ville, l’obelisco fêtera cette année ses 88 ans.

Lieu incontournable de Buenos Aires, penchons-nous aujourd’hui sur son histoire et son rôle d’icône de la capitale argentine. 

La création d’un symbole à Buenos Aires

C’est lors de la vaste modernisation de Buenos Aires débutée dans les années 1930 que l’idée de l’Obélisque est avancée. Avec l’élargissement de l’avenida 9 de julio et la création de la Plaza Republica, la ville de Buenos Aires souhaite ériger en son centre un symbole d’unité nationale. Plusieurs projets sont étudiés mais c’est finalement celui du secrétaire au trésor, Atilio Dell’oro, qui sera retenu. 

Sa conception est alors confiée au célèbre architecte argentin Alberto Prebisch, principal contributeur du modernisme argentin. Le projet est conséquent : 67,5 mètres de hauteur, 6,8 de côté pour un poids de 177 tonnes. La structure est creuse et permet, après l’ascension de 206 échelons, d’atteindre un sommet jalonné de 4 fenêtres. 

Bien qu’interdite au public, la montée est ponctuée de sept plateformes de “repos”. 

Enfin, chacune de ses faces représente un moment clé de l’histoire argentine. La première la fondation originale de la ville en 1536, la seconde sa deuxième fondation en 1580, sa troisième le premier levé du drapeau national dans la ville en 1812 et enfin la fédéralisation de l’argentine en 1880. 

Ce chef d’œuvre, construit en seulement 2 mois, a demandé l’intervention de 157 ouvriers et d’environ 200 000 pesos anciens. 

“Cette œuvre montre au peuple de la République la véritable importance de cet anniversaire. Qu’il n’y a pas dans la ville de monument qui symbolise mieux l’hommage de la Capitale à toute la Nation. “

L’intendant de Buenos Aires, Mariano de Vedia y Mitre

L’Obélisque face aux critiques

Bien que difficilement concevable aujourd’hui vu la popularité du monument, sa construction a fait couler beaucoup d’encre en critique. 

De fait, l’Obélisque est construit à l’ancien emplacement de l’église San Nicolas de Bari. Cette église jouissait d’une forte sacralisation car elle fut le lieu où se dressa pour la première fois le drapeau national argentin dans la ville de Buenos Aires. En outre, différents membres fondateurs de l’Argentine furent baptisés ou enterrés dans cette église. 

Les conservateurs étaient donc très opposés à sa destruction, y voyant le démantèlement d’un symbole national.  Les voisins quant à eux refusaient la destruction de l’antique Teatro del Village critiquant l’impact sur la vie de quartier. Enfin, ses détracteurs dénonçaient son esthétisme, jugé “d’horreur” ou de “carcasse vide de sens”.

C’est après l’élection du nouveau président Roberto Marcelo Ortiz en février 1938 que ces critiques virent leur apogée. En effet, suite à la chute de quelques pierres à la base de l’édifice, le Conseil Municipal profite de l’occasion pour demander sa démolition. Approuvée par vote à 23 pour contre un en défaveur en juin 1939, sa destruction est ordonnée pour motifs sécuritaire et économique. Malgré le refus du maire de Buenos Aires, ce dernier considérant l’édifice comme un monument appartenant au patrimoine national, il faudra l’intervention personnelle du président Roberto Ortiz pour mettre fin définitivement au projet de démolition.

Un pari plus que réussi

Aujourd’hui l’Obelisco est le centre névralgique de la ville de Buenos Aires. Incontournable monument visité par les touristes étrangers ou de l’intérieur du pays, son succès est incontestable. Pour preuve, lors de son quatre-vingt unième anniversaire, plus de 21 000 personnes s’annotèrent pour avoir la chance de visiter l’intérieur de la structure. 

De surcroît, l’Obélisque est aussi l’épicentre des grandes célébrations, manifestations ou événements nationaux. Pour citer quelques exemples nous pouvons évoquer les récentes manifestations en faveur de l’Université publique ou la victoire du mondial de football 2022 par l’Argentine ayant réuni environ deux millions de personnes autour de l’Obélisque. La volonté de matérialiser l’âme de Buenos Aires dans un monument unificateur semble donc atteinte.

Pour conclure sur une note assez humoristique, l’Obélisque fut recouvert par un préservatif géant en septembre 2023 pour la sortie de la série Netflix Sex Education. Inutile de préciser que l’accueil reçu par cette initiative fut particulièrement mitigé, certains appréciant volontiers le trait comique, d’autres critiquant un manque de respect à la nation.

Quelques liens et sources utiles

Rubio Arroyo, Isabel. Los secretos del Obelisco de Buenos Aires. Sacyr. Octobre 2023

Pignatelli, Adrian. El Obelisco cumple 87 años. Infobae. Mai 2023

Lonigro, Félix. El obelisco : los datos curiosos de su historia y el dia que quisieron demolerlo. Infobae. Mars 2019