Situé en face de l’incontournable Plaza de Mayo, el Cabildo de Buenos Aires est un endroit emblématique de l’histoire argentine. Véritable témoin de la construction et du long processus de formation de l’État argentin, son étude nous éclaire sur plusieurs siècles de l’histoire du pays. Démoli et reconstruit à de multiples reprises, étudions aujourd’hui ensemble ce qu’il reste du Cabildo.
Rôle et origine du Cabildo de Buenos Aires
Construit au XVIIIe siècle pendant l’époque coloniale par Juan de Garay, le Cabildo se distingue par son architecture coloniale, avec une tour centrale entourée d’un patio. Situé à proximité de la Plaza de Mayo, il offre une vue imprenable sur la Casa Rosada et la Cathédrale Métropolitaine.
Le Cabildo remonte à la deuxième fondation de Buenos Aires en 1580, en conformité avec les Lois des Indes, qui imposaient à toutes les nouvelles villes espagnoles de construire une église, un Cabildo et un fort autour d’une place centrale. La première référence à ce bâtiment date de 1608.
À ses débuts, le Cabildo servait de prison, d’administration et de tribunal, intégrant les fonctions législatives, exécutives et judiciaires du pouvoir. Il était également le lieu d’élection des maires et des gouverneurs. Pendant la période de colonisation, il abritait le siège de la vice-royauté d’Espagne, où le vice-roi devait être consulté pour chaque décision du gouvernement local.
À partir de 1810, le Cabildo devient le conseil gouvernemental, poursuivant ce rôle jusqu’en 1821. Il conserve une fonction de prison jusqu’en 1877, avant de voir son rôle et son utilisation évoluer au fil des siècles.
Une architecture en perpétuel changement
Le Cabildo de Buenos Aires a connu de nombreuses transformations au fil des siècles. En 1711, la Couronne espagnole impulse la construction d’un bâtiment plus solide. Cependant, le bâtiment initial est détruit en 1725 et reconstruit par Andrés Blanqui, avec le premier étage achevé en 1748 et la tour ajoutée en 1773.
En 1879, alors que la société argentine est fascinée par l’Europe, des modifications substantielles sont apportées au Cabildo. La tour est élevée de 10 mètres, le toit est remplacé par un dôme de tuiles d’inspiration nordique, et les façades sont rénovées dans un style italien.
Entre 1894 et 1931, six arcs du Cabildo sont supprimés pour permettre l’aménagement des avenues Mayo et Julio Argentino Roca, réduisant ainsi considérablement sa taille originale. En 1891, l’horloge et la tour sont enlevées, laissant le bâtiment dans un état de délabrement. Cette période est marquée par des controverses entre ceux qui voulaient le démolir et ceux qui le considéraient comme une « relique historique ».
En 1933, un décret sauve le bâtiment de la démolition et le déclare monument historique national. En 1940, l’architecte Mario Buschiazzo intervint pour préserver ce qu’il restait du bâtiment, rénovant les fenêtres, les portails, la tour et l’horloge, et procédant à la restauration de l’édifice.
La ré inauguration en 1940 marque la fin de cette phase de déclin et le début d’une nouvelle ère pour ce monument emblématique, qui devient le premier édifice historique restauré d’Argentine.
L’héritage culturel du Cabildo de Buenos Aires aujourd’hui
Aujourd’hui, le Cabildo est transformé en musée historique, connu sous le nom de Musée Historique National du Cabildo et de la Révolution de Mai, inauguré en 1939 après sa création en 1933. Ce musée commémore non seulement la naissance du premier gouvernement national de l’Argentine, mais aussi le lieu où se sont élaborées les premières idées d’indépendance du pays.
Le Cabildo en effet est un symbole clé de la Révolution de Mai de 1810, une étape cruciale dans le processus d’indépendance argentine qui mena au Congrès de Tucumán en 1816. En tant que tel, il représente un lieu fondamental de la naissance de la nation argentine.
Le musée présente des expositions permanentes et temporaires illustrant l’histoire de Buenos Aires, de l’époque coloniale à nos jours. Il est composé de trois salles au rez-de-chaussée : l’une dédiée à la société coloniale, avec des costumes et objets d’époque ; l’autre au fonctionnement de l’hôtel de ville, avec des objets historiques ; et une troisième reconstituant l’ancienne prison.
À l’étage, les expositions se concentrent sur les invasions anglaises, la Révolution de Mai et la guerre d’indépendance, avec des peintures, des armes, des pièces de monnaie et des cartes anciennes.
L’entrée au musée est gratuite du mercredi au dimanche, offrant ainsi un accès libre à ce patrimoine historique essentiel pour comprendre l’évolution de Buenos Aires et de l’Argentine.
Quelques liens et sources utiles
Cabildo de Buenos Aires: Historia de un monumento mutilado. Clarin
Matarozzo, Euhen. La historia del Cabildo de Buenos Aires. Billiken
Diaz, Matis. Cabildo de Buenos Aires. Instituto de Arte Americano e Investigaciones