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Les femmes qui ont marqué la vie de Louis XIV

Le roi Louis XIV marque l'histoire par son règne, néanmoins une histoire méconnue mais ô combien intéressante manque, celle des femmes et du roi.
Portrait mythologique de la famille de Louis XIV, un puissant roi aux nombreuses aventures avec des femmes - Jean Nocret | Domaine public
Portrait mythologique de la famille de Louis XIV, un puissant roi aux nombreuses aventures avec des femmes – Jean Nocret | Domaine public

On ne présente plus Louis XIV, probablement le plus célèbre des rois de France. À la tête du pays pendant près de 72 ans, entre 1643 et 1715, le monarque a laissé une empreinte indélébile dans l’histoire de la France et de l’Europe. Roi conquérant, monarque absolu, fin stratège politique… nombreux sont les qualificatifs qu’on lui attribue. Mais Louis Dieudonné était aussi… un homme à femmes.

Carnet d’Histoire s’intéresse aujourd’hui à 5 d’entre elles qui l’ont accompagné tout au long de son règne et qui ont compté pour lui : sa mère, Anne d’Autriche, Cateau la Borgnesse, la femme qui l’a dépucelé, mais aussi Marie Mancini, son première amour, ou encore la sulfureuse marquise de Montespan, sans oublier sa deuxième épouse, Madame de Maintenon.

Anne d’Autriche, une mère courage

Anne d’Autriche fait partie de ces femmes qui n’ont pas froid aux yeux. Mariée de force à Louis XIII à 14 ans, le couple mettra des années avant de réussir à donner un héritier à la France.

La naissance de Louis, un don de dieu

Le roi Louis XIII et sa femme ont passé une nuit de noces atroce. Le père de Louis XIV, qui connaît quelques soucis de virilité mettra quatre ans avant de retourner dans le lit de sa femme. Le couple royal parvient tout de même à concevoir quatre fois : ces quatre grossesses se termineront par des fausses-couches, au grand dam du roi qui en garde une rancœur farouche envers sa femme (qui pour lui ne fait pas assez attention à elle).

Anne d'Autriche et ses deux enfants, le futur Louis XIV, et Philippe, duc d'Orléans - École de peinture française | Domaine public
Anne d’Autriche et ses deux enfants, le futur Louis XIV, et Philippe, duc d’Orléans – École de peinture française | Domaine public

On raconte qu’à la fin de novembre 1637, Louis XIII chevauchait avec son escorte pour rejoindre Saint-Maur mais que le groupe a été surpris par un puissant orage. Se voyant dans l’impossibilité de continuer sa route, Louis XIII choisit de s’arrêter au Louvre, là où réside son épouse. Simple hasard ou intervention divine ? C’est cette nuit-là qu’aurait été conçu Louis XIV.

Après une grossesse très surveillée, Louis Dieudonné voit le jour le 5 septembre 1638 au château de Saint-Germain-en-Laye, après 23 années de mariage. C’est un héritier : la couronne est sauvée et la reine de France soulagée. La naissance de Philippe, petit frère du futur Louis XIV, achèvera de consolider les bourbons dans leur pouvoir.

Anne d’Autriche, une mère dévouée pour son fils

Anne d’Autriche qu’on disait frivole change du tout au tout avec la naissance de ce fils qu’elle a tant attendue. Elle ne quitte pas le dauphin d’une semelle, s’occupe de lui, le cajole, le conseille, l’éduque, ce qui est très rare pour une reine à l’époque (elles avaient plutôt tendance à confier l’éducation de leurs enfants à des précepteurs et à des nourrices).

Lorsque Louis XIII meurt et que la reine, régente, doit affronter la Fronde, elle part avec ses fils sous le bras se réfugier à Saint-Germain pendant la nuit du 5 au 6 janvier 1649. Pour préserver le futur Louis XIV, elle accepte tous les affronts, notamment que la foule défile devant le lit de son fils en 1651.

Lorsque sa régence prend fin en septembre 1651, celui qui est devenu Louis XIV la laisse chef du Conseil du roi. Elle éloigne Marie Mancini, le premier amour du roi, craignant pour le salut du royaume.

Portrait de femme représentée en buste : elle porte un costume d'époque Louis XIII, avec un corsage serré orné de rubans rouges, des boucles d'oreilles et un collier en perles et une coiffure "hurluberlu". Cette belle anonyme a été identifiée alternativement comme étant Marie-Anne Mancini - Jacob Ferdinand Voet (Musée des Beaux-Arts de la Ville de Paris, Petit Palais) | Domaine public
Cette belle anonyme a été identifiée alternativement comme étant Marie-Anne Mancini – Jacob Ferdinand Voet (Musée des Beaux-Arts de la Ville de Paris, Petit Palais) | Domaine public

Les relations entre mère et fils connaissent cependant quelques accrocs. Louis XIV lui reproche d’appartenir au Vieux Monde, qui n’a pas vu venir la Fronde et qui est trop dévot.

Lui préfère s’ériger en monarque absolu, qui veut gouverner seul et en homme frivole et beau garçon qui enchaîne les conquêtes. Sa mère le rappelle plusieurs fois à l’ordre pour la gloire de la France. Le 20 janvier 1666, Anne d’Autriche s’éteint et Louis XIV pleure sa mère, se consolant en ces mots “Anne d’Autriche, plus qu’une grande reine, fut un grand roi”.

Cateau la Borgnesse, une femme qui n’a pas froid aux yeux

Il est peu probable que vous connaissiez Cateau la Borgnesse, car elle fait partie de ces femmes dont l’Histoire n’aime pas se rappeler. Et pourtant, elle peut se vanter d’avoir été non moins que… la première fois de Louis XIV !

La femme qui a démarré la sexualité de Louis XIV

Cateau la Borgnesse, de son vrai nom Catherine-Henriette Bellier fait partie de ces femmes qui ont marqué la vie de Louis XIV d’une sacrée manière. Et pour cause : Catherine-Henriette a reçu d’Anne d’Autriche la haute mission de dépuceler son fils. Louis XIV a alors 14 ans et est destiné à la plus haute fonction du royaume. Il doit également engendrer des héritiers pour pérenniser la lignée des bourbons.

Pour cela, il faut être un homme, faire preuve de virilité, et cela s’apprend. Lorsqu’Anne d’Autriche découvre du liquide séminal dans les draps de son fils, elle le dit prêt et se met donc en quête de trouver la personne parfaite pour lui prendre sa virginité.

Cette femme doit être expérimentée, ni trop laide ni trop vieille, ne doit en aucun cas procurer des sentiments amoureux au roi et elle doit évidemment lui enseigner les plaisirs charnels de la meilleure des manières. Cette personne parfaite, Anne la retrouve chez sa femme de chambre et confidente, Catherine-Henriette Bellier, laide mais très intelligente.

Le dépucelage de Louis XIV, une affaire d’État

La bonne personne choisie, il faut maintenant passer à l’acte et la méthode a de quoi intriguer : c’est en se faisant surprendre par Cateau que Louis perd sa virginité : celle-ci l’aurait violé alors qu’il se trouvait à l’écart du reste de la cour au château du Louvre.

La besogne faite, la Borgnesse s’empresse de rapporter la bonne nouvelle à Anne d’Autriche et tout le royaume est averti : le roi de France Louis XIV n’est plus vierge et possède même une grande virilité, qui lui assurera de nombreux enfants… Pour parfaire ses connaissances en la matière, de 14 à 16 ans, Louis se rend régulièrement auprès de la femme de chambre de sa mère. Cateau la Borgnesse était donc la première de la longue liste de maîtresses du roi soleil.

Marie Mancini, pour l’amour du roi

Marie Mancini, nièce italienne du cardinal Mazarin arrive à la cour de France à l’âge de 13 ans, en 1652. Elle ne le sait pas encore, mais elle sera le premier véritable amour du roi.

Une rencontre peu banale

C’est en venant veiller sa mère, Girolama Mazarini, que Marie fait la connaissance de Louis XIV, venue s’enquérir de la santé de la sœur de son fidèle conseiller Mazarin. Bien sûr, lorsque Louis XIV pénètre dans la pièce, Marie n’a pas le droit de paraître et elle se contente de guetter le roi dans l’antichambre attenante. C’est d’abord à Olympe, la sœur de Marie, que le jeune roi s’intéresse.

Mais le devoir l’appelle et à seulement 20 ans il s’engage dans un conflit féroce contre l’Espagne. En 1658, à Dunkerque, après avoir gagné une bataille décisive, il tombe gravement malade : Marie, dévastée, prie pour son bon rétablissement et s’enferme dans le chagrin.

Peut-être grâce à toutes ces prières, Louis XIV survit et apprend que Marie l’a beaucoup pleuré. La belle lui avoue ses sentiments et démarre entre les deux une puissante histoire d’amour.

Louis XIV et Marie Mancini, une romance pure

À partir de l’automne 1658, les deux tourtereaux ne se cachent plus : ils se font une cour assidue au gré des chasses, des bals, et de tous les événements divertissants que peut offrir la cour de France à cette époque. Louis aime la culture incroyable de Marie, sa grâce, sa tenue à cheval et les longues discussions qu’il a avec elle. Elle n’a d’yeux que pour son jeune roi, fringant sous la cuirasse, bon cavalier et romantique à ses heures.

Mais cette belle histoire d’amour sans nuages tourne à l’orage : la politique n’a que faire des jeunes amants. Louis XIV est roi, il doit donc épouser une princesse de sang royal, ce que n’est pas Marie. Son épouse doit également permettre des alliances politiques internationales et Anne d’Autriche, sa mère et Mazarin, son conseiller, se mettent en tête de lui trouver une nouvelle épouse.

C’est finalement Marie-Thérèse d’Autriche, infante d’Espagne qui est choisie. Mais Louis Dieudonné, en jeune homme têtu, clame haut et fort que c’est Marie Mancini qu’il veut épouser. Le cardinal Mazarin prend alors une décision radicale : il éloigne Marie de la cour en l’envoyant sur la côte basque. Le 22 juin 1659, les deux amants sont séparés de force et Louis XIV est en larmes. Ce déchirant tableau inspirera cette phrase mythique à Marie : “Vous pleurez Sire, vous êtes le Maîtres et moi je pars”.

Louis et Marie se reverront sur la côte basque, mais Marie sera contrainte elle aussi d’épouser une personne qu’elle n’aime pas, le Prince Colonna et donc de retourner en Italie. À la mort de son mari, elle se rappellera au bon souvenir du roi-soleil, qui lui intimera froidement l’ordre de se retirer dans un couvent : la passion entre les deux jeunes gens était bel et bien finie.

La marquise de Montespan, sulfureuse maîtresse de Louis XIV

Françoise de Rochechouart de Mortemart est une des plus longues relations de Louis XIV. Cette femme originaire de la noblesse du bas Poitou réussira à garder le roi dans son lit 13 ans durant, grâce à une sexualité débridée, des caprices, des manipulations et même dit-on d’une affaire des poisons.

Françoise de Rochechouart de Mortemart, une femme de caractère

Françoise fait son entrée à la cour de France par la petite porte, en devenant, sur ordre de la reine-mère Anne, demoiselle d’honneur de Marie-Thérèse d’Autriche, jeune épouse de Louis XIV.

Portrait de la Françoise-Athénaïs de Rochechouart de Mortemart, marquise de Montespan - peintre inconnu | Domaine public
Portrait de la Françoise-Athénaïs de Rochechouart de Mortemart, marquise de Montespan – peintre inconnu | Domaine public

Elle est d’une grande beauté, a l’œil vif et l’esprit piquant et se fait rapidement remarquer parmi les jeunes courtisanes. Ses parents décident de la marier en 1663 à Louis-Henry de Pardaillan de Gondrin, marquis de Montespan mais le couple est mal accordé.

Si deux enfants naissent dans les premières années du mariage, celle qui se fait désormais appeler Athénaïs ne supporte pas son mari, dépensier et criblé de dettes, qu’elle trouve très ennuyant et lui préfère le faste de la cour.

Grâce à ses bonnes relations, et notamment son amitié avec Philippe d’Orléans le frère du roi, elle gagne sa place de dame d’honneur de la reine et se rapproche ainsi des plus hautes sphères du pouvoir.

C’est lors d’une visite à sa femme que le roi la remarque et commence alors une cour assidue auprès d’elle, délaissant sa favorite en titre, Louise de la Vallière. Intelligente, Athénaïs résiste au roi, lui imposant une relation platonique basée sur l’esprit, mais finit par céder en juin 1667, s’adonnant avec son royal amant aux plaisirs de la chair pendant trois jours et trois nuits. Le marquis de Montespan, furieux, ne veut pas se laisser faire et va jusqu’à se promener en carrosse peint en noir et paré de bois de cerfs, symbole des cocus dans les allées royales. Louis XIV finit par s’impatienter et exil le mari gênant sur ses terres.

Louis XIV et Athénaïs, une relation toxique

Si le roi et la belle blonde filent d’abord le parfait amour, duquel est issu pas moins de 7 enfants, le caractère capricieux d’Athénaïs finit par ennuyer le roi. Il aime batifoler ailleurs, ce qui la fait entrer dans des colères noires et fréquentes, ce qui est très mal vu par la cour. De plus, elle prend soin d’éliminer une à une toutes ses rivales, en répandant sur celles-ci les pires rumeurs, ou en menaçant le roi s’il continue à coucher avec elles.

Un jour, le roi lui présente Melle de Fontanges, une ravissante jeune femme dont il est très épris et qui est enceinte de lui. Athénaïs est folle de rage mais la chance lui sourit : La belle Fontanges meurt en couches dans de circonstances étranges. Il n’en faut pas plus à toute la cour pour jaser : et si la marquise de Montespan avait fomenté ce meurtre ?

Les relations entre le roi et la marquise se dégradent ensuite de plus en plus jusqu’à l’Affaire des Poisons. Au début des années 1680, Athénaïs est impliquée dans une sombre histoire : elle aurait eu recours au service de sorcières, à des messes noires et des philtres d’amour pour s’assurer les faveurs du roi à tout jamais. Cette affaire signe sa disgrâce définitive : si le roi, par compassion, fait supprimer toute preuve de sa culpabilité, il la condamne néanmoins à l’exil. La marquise de Montespan est alors déchue, et il ne reste plus rien de sa splendeur passée.

Madame de Maintenon, la rédemption de Louis XIV

Cette idylle a fait couler beaucoup d’encre, car personne n’a jamais su avec certitudes quelles relations exactes le roi-soleil entretenait avec celle qui fut la gouvernante de ses enfants avec Madame de Montespan.

Françoise d’Aubigné, jeune femme à l’ascension fulgurante

Françoise d’Aubigné épouse à 17 ans le poète Scarron, un vieux briscard de 22 ans son aîné. S’il est très laid et n’a plus l’usage de ses jambes, elle sait pourtant tirer le meilleur parti de cette union. En effet, Paul Scarron est un homme vif et intelligent, qui fréquente les cercles intellectuels de la haute-société. Lorsqu’il meurt alors qu’elle est à peine âgée de 25 ans, elle continue de fréquenter des salons.

Madame de Maintenon, née Françoise d'Aubigné gravure romantique d'après son portrait 1685 - Jean Petitot le vieux | Domaine public
Madame de Maintenon, née Françoise d’Aubigné gravure romantique d’après son portrait 1685 – Jean Petitot le vieux | Domaine public

C’est au sein de l’un d’eux, à l’Hôtel d’Albret, qu’elle rencontre Madame de Montespan, alors favorite de Louis XIV, avec qui elle se lie d’amitié. La Veuve Scarron parvient à obtenir la place de gouvernante des enfants du roi et de la marquise : c’est à cette occasion qu’elle croise la route de Louis XIV, qui ne l’aime d’abord pas beaucoup, la croyant trop intelligente et superficielle.

La Veuve Scarron devient épouse de roi

Au fur et à mesure, Louis XIV découvre le bel esprit de Françoise, avec qui il se sent apaisé. Après qu’elle eût acheté le domaine de Maintenon en 1675, il la nomme même Marquise de Maintenon. Celle-ci le pousse même à honorer plus souvent sa femme, Marie-Thérèse d’Autriche. Lors du décès de cette dernière en 1683, les deux amants se rapprochent pour de bon et le souverain réfléchit à un avenir avec celle qu’il porte en très haute estime. En septembre 1683, Louis XIV épouse Madame de Maintenon secrètement, car elle n’est pas issue d’une famille d’assez grande noblesse.

Madame de Maintenon conseille le roi sur les affaires du pays, mais on ne sait pas s’il l’écoute réellement. L’ambiance à la cour change du tout au tout : la luxure et le faste laissent place à une période plus sérieuse, plus pieuse, ce qui déplaît fortement à certains courtisans. C’est également Madame de Maintenon qui est à l’origine de la création de la Maison Royale de Saint-Louis, une maison d’éducation pour jeunes filles nobles mais ruinées.

Le couple ne se séparera jamais et lorsque Louis XIV meurt en 1715, Madame de Maintenon efface toutes traces de leur relation et se retire à la Maison Royale de Saint-Cyr, où elle finit par décéder en 1719.

Si la relation entre Louis XIV et les femmes a fait couler beaucoup d’encre, il est indéniable qu’elles ont eu sur lui une influence, et que l’aura du roi soleil n’aurait jamais été la même sans la compagnie de celles sur qui il comptait pour briller.

Quelques liens et sources utiles

Jean-Christian Petitfils, Louis XIV, Tempus Perrin, 2018

Hélène Delalex, Louis XIV intime, Gallimard, 2015

Primi Visconti, Mémoires sur la cour de Louis XIV, Tempus Perrin, 2015

Antonia Fraser, Les Femmes dans la vie de Louis XIV, Flammarion, 2009

De nombreux éléments proviennent également des recherches effectuées sur le site Carnet d’Histoire.

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