L'ouvrage coup de cœur d'avril : Petit dictionnaire des Sales Boulots par Nicolas Méra

Les Francs et les Vikings

Plongez dans l'histoire des Francs et des Vikings et explorez leurs rencontres, affrontements et coopérations dans l'Europe médiévale.
Illustration d'un drakkar, célèbre navire d'origine scandinave - A.Brun | Domaine Public
Illustration d’un drakkar, célèbre navire d’origine scandinave – A.Brun | Domaine Public

L’histoire occidentale médiévale est marquée par les Francs et les Vikings, des rencontres et des affrontements. Notamment, les Francs et les Vikings occupent une position dominante. Sous la dynastie carolingienne, avec Charlemagne qui établit un vaste empire et jette les bases de l’Europe occidentale.

Puis, les Vikings émergent avec d’habiles navires. Dans quelle mesure l’opposition entre ces deux sociétés explique-t-elle à la fois leurs affrontements et les possibilités de coopération ?

L’opposition entre deux systèmes socio-politiques, les Francs et les Vikings

La période viking s’inscrit dans l’âge de fer en Scandinavie, entre 500 et 1000. L’ère viking est située entre 793 et 1066 de notre ère et est marquée par une expansion rapide de leur territoire. Leur technologie était relativement simple, et la majorité de la population était composée d’agriculteurs ou d’artisans. Ils vivaient dans plusieurs petites communautés regroupées dans les régions habitables.

La population se concentrait dans les régions scandinaves, correspondant aujourd’hui au Danemark, à la Norvège et à la Suède. La langue parlée par les Vikings était le norrois. Les premières raisons de l’expansion de leur territoire sont climatiques, car ils cherchaient à obtenir de meilleures terres et à acquérir des richesses rapidement.

La première référence que nous possédons est le raid viking datant de 787, lorsque les Vikings tuent un officier anglais qui voulait leur faire payer une taxe commerciale en les prenant pour des marchands. Cependant, les historiens préfèrent dater le début des raids au 8 juin 793, lorsque les Vikings pillent le monastère de Lindisfarne en Angleterre.

Les sources chrétiennes sont toutes unanimes sur les horreurs commises par les Vikings en Europe. Les sources étaient dures contre les Vikings, car, d’une part, ils faisaient des raids et, d’autre part, ils étaient païens. En effet, les Vikings avaient deux panthéons de dieux. En effet, le panthéon nordique se divise en deux groupes, avec les Ases, dieux guerriers et souverains, et les Vanes qui sont liés à la fertilité.

Les plus célèbres sont Odinn, le dieu de la magie, de la tromperie et de la divination, Thorr, le dieu du tonnerre et de la force physique, et Freyr, la déesse de la fécondité. Il est possible de voir des monuments de la religion viking, tels qu’au Danemark dans le centre de la péninsule du Jutland à Jelling, avec deux grands tumulus et deux grandes pierres runiques vikings conservées encore aujourd’hui.

D’autre part, les Carolingiens étaient la dynastie en place durant les raids vikings. L’Europe était très diverse, mais elle s’unifiait sur le plan culturel et politique. L’Europe de Charlemagne rétablit l’Empire chrétien en 800 avec une volonté de mener des campagnes de conversion.

Des églises ont été construites durant cette période pour convertir et éduquer les personnes. L’économie était monétarisée et les échanges commerciaux étaient croissants. Pour les ecclésiastiques, les incursions étaient violentes et décrites comme un déchaînement de la colère divine.

Les francs sédentaire face à des flottes vikings mobiles

Les Vikings possédaient des bateaux redoutables, dotés d’un fond plat leur permettant de remonter les fleuves. Ces bateaux étaient équipés de voiles et de rames, ce qui leur permettait d’effectuer des manœuvres rapides et de surprendre leurs ennemis.

Les sources mentionnent que ces bateaux étaient très grands, comme celui décrit par Abbon de Saint-Germain, qui a observé le siège de Paris en 885-886.

Navire Viking de Gokstad au Musée des navires vikings d'Oslo - Peulle (pseudo Wikipédia) | Creative Commons BY-SA 3.0
Navire Viking de Gokstad au Musée des navires vikings d’Oslo – Peulle (pseudo Wikipédia) | Creative Commons BY-SA 3.0

D’autre part, l’armée carolingienne était composée de fantassins et de cavaliers.

Cette armée devait se battre sur un champ de bataille, mais elle était difficile à mobiliser et lente, alors que les Vikings étaient rapides grâce à leurs bateaux.

L’empire franc divisé face à des chefferies rivales vikings

Les sociétés scandinaves sont divisées en chefferies. Les chefs vikings, appelés « Jarl« , dirigent des bandes de guerriers. Chaque pays comptait plusieurs rois, dont la position restait souvent précaire. Des efforts de centralisation du pouvoir étaient entrepris, notamment au Danemark.

Quant aux Carolingiens, ils possédaient une politique plus stable, mais à partir des années 830, ils furent marqués par d’importantes guerres civiles. Les Vikings attaquèrent alors des territoires affaiblis, facilitant ainsi leurs raids et le pillage des monastères.

Les francs attaquaient les vikings

Les destructions massives infligées par les raids vikings sur le territoire franc trouvent leur explication dans la vulnérabilité de ce dernier à la fin du VIIe siècle, offrant ainsi de nombreuses opportunités d’attaque.

Dès la fin du VIIIe siècle, une première flotte de 12 bateaux organise un raid sur les côtes en 820, marquant le début de nombreuses attaques violentes. Un climat de terreur s’installe avec la destruction et le pillage des monastères et des villages. En 841, les Vikings remontent la Seine jusqu’à Rouen grâce à la technologie avancée de leurs flottes. Puis, en 845, ils prennent Paris dans un acte de grande violence avec de nombreuses victimes. Ils continuent leurs périples vers la Loire entre 852 et 856.

Les Vikings étaient très redoutés des Francs car ils possédaient une arme principale que les Francs ne possédaient pas : la rapidité et la mobilité. En effet, comme mentionné précédemment, leurs flottes leur permettaient d’être efficaces et de réaliser des manœuvres.

Les Vikings ont d’abord attaqué les villages côtiers, puis les monastères, et enfin les villages proches des fleuves. Leurs motivations étaient principalement d’obtenir des biens et des esclaves, mais leur objectif n’était pas de tuer, plutôt de faire peur à la population pour obtenir des richesses. Ils ciblaient particulièrement les monastères, qui à l’époque médiévale, possédaient une grande richesse et n’étaient pas protégés, bénéficiant d’une immunité grâce à leur contrôle des richesses.

Malheureusement, ils n’étaient pas à l’abri des incursions vikings, comme le montrent de nombreux récits chrétiens.

Pour contrer les attaques des Vikings, la défense carolingienne s’organise à partir de 860 sous Charles le Chauve, qui met en place une surveillance accrue et de nouvelles fortifications. Cette stratégie se révèle efficace puisque, en 873, Charles le Chauve obtient une victoire contre les Vikings par un accord.

Des personnages tels que Charles le Chauve ou Charles le Gros capitulent rapidement face aux tribus, et la famille des Robertiens aide à négocier un accord convenable pour les deux parties. En 885, les Vikings s’accordent avec les évêques, mais ces derniers refusent l’accord, les Vikings n’étant pas chrétiens.

Finalement, en 888, les Vikings quittent Paris et la Seine.

Des mondes proches et capables de coopérer

Les deux sociétés, bien que différentes, partageaient des valeurs communes. Tout d’abord, elles étaient structurées autour de chefs puissants : les Vikings avec leurs chefs de clans et rois locaux, et les Carolingiens avec une monarchie centralisée sous la figure de l’empereur. De plus, les deux cultures avaient des structures hiérarchiques avec une classe guerrière importante.

Malgré leurs différences, les Vikings et les Carolingiens ont influencé et partagé des aspects fondamentaux de la culture et de la politique médiévales européennes.

Cependant, des tensions subsistaient, notamment vis-à-vis de la religion. Les Vikings se sont enrichis grâce aux raids, mais ils ont également cherché à commercer avec d’autres populations afin de transformer leurs richesses.

Pour commercer avec des chrétiens durant le Haut Moyen Âge, ils devaient recevoir une éducation religieuse. Ainsi, de nombreux Vikings décidèrent de recevoir une cérémonie initiale de préparation au baptême, appelée « prima signatio« . Cela est illustré par la conversion du Viking Harald sous Louis le Pieux.

À la suite de ces événements, les Vikings et les Francs parviennent à vivre en paix grâce au traité signé en 911 à Saint-Clair-sur-Epte avec Charles le Simple, qui délimite les régions et impose des devoirs aux Vikings, tels que porter assistance au roi et se convertir.

En somme, l’opposition initiale entre les Francs et les Vikings n’a pas seulement été une source de conflits, mais a également posé les bases d’une interaction complexe et bénéfique. Cette interaction a contribué à façonner une Europe médiévale plus intégrée et dynamique, influençant le développement historique de la région et laissant un héritage durable dans la construction de l’Europe moderne.

Quelques liens et sources utiles

Pierre BOUET, Quand les Vikings fondèrent la Normandie, Histoire & civilisations, 2020

Régis Boyer, Les Vikings : histoire, mythes, dictionnaire, R. Laffont, 2008

Gallica, Siège de Paris par les Normands, poème d’Abbon. Chronique de Flodoard. Chronique de Raoul Glaber, J.-L.-J. Brière (Paris)

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