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La fin tragique de la dynastie des Romanov

La dynastie des Romanov qui règne sur la Russie pendant 300 ans disparaît au début du XXè siècle, avec le dernier tsar Nicolas II.
Portrait du Tsar Nicholas II - A. de Safonoff (1898) | Count Buturlin, Creative Commons, domaine public.
Portrait du Tsar Nicholas II – A. de Safonoff (1898) | Count Buturlin, Creative Commons, domaine public.

La dynastie des Romanov règna pendant 300 ans en Russie, et disparaît brutalement au début du XXè siècle. Dans cet article, revenons, sur l’histoire de cette famille et dynastie, la plus durable de Russie, avec son dernier représentant le tsar russe Nicolas II.

Ascension des Romanov au pouvoir en Russie

La dynastie des Romanov trouve ses origines dans la ville de Kostroma en 1613, avec le couronnement de Michel Fiodrovitch Romanov comme premier Tsar de Russie. Ce dernier, désigné par le Congrès de la Terre russe (Zemski Sobor), règne de 1613 à 1645. La liste des tsars russes de la maison des Romanov étant longue (elle compte 19 tsars en tout entre 1613 et 1917), nous n’allons citer que les tsars les plus connus et reconnus.

Parmi les tsars les plus influents, nous relevons Pierre Ier (ou Pierre le Grand) qui règne de 1682 à 1725 et construit la ville de Saint-Petersburg inspirée des grandes villes européennes. Ensuite, l’une des figures emblématiques de la dynastie est Catherine II (ou Catherine la Grande) devenue tsarine de la Russie en 1762 après la mort de son époux le tsar Pierre III (assassiné par cette dernière selon certaines sources).

Catherine II remporte des guerres et propose plusieurs réformes. Les historiens citent également Alexandre Ier, petit-fils de Catherine la Grande et contemporain de Napoléon Bonaparte, dont il devient un ennemi et rival. Le règne d’Alexandre Ier dure 24 ans (de 1801 à 1825) et se termine par sa mort controversée.

Nous relevons aussi Alexandre II (règne : 1856-1881) qui est connu pour son libéralisme et ses réformes en faveur des classes pauvres et de l’économie du pays. Comme d’autres tsars avant lui, il est assassiné en 1881 suite à plusieurs tentatives infructueuses. Alexandre III, le fils d’Alexandre II, le succède et règne de 1881 jusqu’à 1894. Après la mort de ce dernier, son fils Nicolas II devient, sans le savoir, le dernier tsar de la Russie

Règne de Nicolas II, le dernier Tsar Romanov

Nicolas II, né Nikolaï Alexandrovitch Romanov en mai 1868, est le fils du tsar Alexandre III et de la tsarine Maria Feodorovna. À la différence de son père, Nicolas II ne possède pas un caractère imposant et montre peu d’enthousiasme à la politique.

De plus, ce dernier est accusé tout au long de son règne d’accorder plus d’importance à sa vie familiale et conjugale qu’aux affaires politiques. D’ailleurs, deux semaines après le décès de son père en novembre 1894, Nicolas II se marie avec Alix de Hesse-Darmstadt connue comme Alexandra Feodorovna (après sa conversion à l’orthodoxie) et ce, malgré le choc et l’opposition de l’Église encore en deuil.

De part ses origines allemandes et sa méconnaissance des coutumes et de la langue russe, la tsarine Alexandra est rapidement détestée et ne sera jamais appréciée, ni par la cour ni par le peuple, tout au long du règne de son mari. D’ailleurs, certains auteurs la compare à Marie Antoinette, qui n’est jamais acceptée par la cour et par le peuple, et compare le tsar Nicolas II au roi Louis XVI du fait que tous les deux soient jeunes au début de leur règne, indécis et arrivés au pouvoir au cours d’une période assez critique et tumultueuse. En effet, Nicolas II n’est couronné tsar que deux ans plus tard, plus précisément en mai 1896 à l’âge de 26 ans.

Néanmoins, malheureusement pour Nicolas II, malgré l’amélioration de la situation économique du pays et son progrès industriel, ce dernier traverse également une période de changements sociétaux importants. De même, une série de mauvaises décisions prises par Nicolas II lui fait perdre la confiance du peuple et de la classe politique et des choix qu’il refuse de remettre en question finissent par se retourner contre lui.

À l’image de l’Église, le peuple et la classe politique n’oublient guère les faux pas du tsar et de la tsarine jugés comme étant hautains et indifférents à la souffrance du peuple. Parmi les exemples illustrant cette indifférence, nous relevons le mariage en période de deuil, la mauvaise gestion de la cérémonie du couronnement qui engendre des centaines de morts suite à une bousculade des milliers de participants. Cet évènement connu sous le nom de la Tragédie du Khodynka marque les esprits des russes et annonce un règne très difficile pour Nicolas II. De plus, l’obstination de ce dernier à résister au changement et aux réformes finit par sceller son sort des années plus tard.

Il est à noter que les années 1904 et 1905 sont particulièrement rudes pour le tsar Nicolas II, son règne et toute la dynastie Romanov, bien que ce dernier ne s’en rende encore pas compte. En effet, le conflit russo-japonais (1904-1905) se soldant par une défaite humiliante de l’armée russe et provoquant des protestations pacifiques auxquelles le tsar réagit très mal en ordonnant de fusiller les manifestants.

Face à cette réponse très catégorique du tsar, montrant qu’il ne compte ni écouter les demandes des manifestants ni négocier avec eux, des protestations encore plus massives et des grèves éclatent à travers le pays. Une révolution se déclenche en 1905 obligeant le tsar à proposer des réformes, octroyer un certain nombre de libertés et à former un parlement avec des pouvoirs très limités.

Néanmoins, le tsar Nicolas II continue à régner comme avant sans déléguer certains de ses pouvoirs et ce, malgré les demandes incessantes du peuple d’abandonner l’autocratie en faveur d’un système plus démocratique ou du moins participatif.

Nous notons une relative accalmie après les réformes qui ne dure pas longtemps et la situation empire en 1914 au cours de la Première Guerre mondiale suite à la défaite de l’armée russe avec le tsar Nicolas II à sa tête, renforçant son image négative auprès du peuple.

De plus, l’influence du mystérieux moine guérisseur Grigori Efimovitch Raspoutine, sur le tsar et son emprise sur la tsarine n’arrangent pas les choses. Il est à noter que le tsar et notamment la tsarine accordent trop de liberté et de confiance à Raspoutine qui finit même par s’immiscer dans la vie politique du pays et joue le rôle du conseiller de la tsarine en l’absence du tsar pendant la guerre.

Cette influence est due essentiellement au fait que Raspoutine contribue largement à l’amélioration de l’état de santé de leur fils, le prince hététier Alexei Nikolaevich, atteint d’hémophilie (maladie génétique héréditaire réduisant la capacité de coagulation du sang, rendant toute blessure grave potentiellement mortelle surtout à l’époque).

Raspoutine étant le seul réussissant à soulager les douleurs d’Alexei, la tsarine insiste à le garder aux côtés de son fils. Néanmoins, Raspoutine est accusé de corruption et sa conduite est considérée comme étant peu exemplaire ruinant davantage l’image et la réputation du tsar et de la tsarine chez la classe politique et le peuple.

D’ailleurs, même après l’assassinat de Raspoutine en 1916 par les nobles, la réputation du couple n’est jamais rétablie. Il est à noter que certains auteurs remettent en question ces accusations contre Raspoutine et le considère comme une victime des nobles et des rumeurs.

Fin de la dynastie des Romanov avec la mort du dernier tsar

Tous les évènements cités ci-dessous et bien d’autres encore mènent au déclenchement de la révolution de Février 1917 qui commence avec des manifestations contre le tsar à Saint-Petersburg. Toutefois, contrairement à ce qui se passe pendant la révolution en 1905, cette fois-ci l’armée se tourne contre le tsar et décide de soutenir les manifestants, obligeant ce dernier à abdiquer le trône en mars 1917. Le tsar prend cette décision pour apaiser le peuple et mettre fin à la révolution et s’attend probablement à ce que cette abdication soit temporaire.

Néanmoins, cet évènement marque la fin de la dynastie des Romanov qui disparaît avec lui. En effet, les révolutionnaires bolcheviques transfèrent le tsar et sa famille à différentes demeures et les gardent sous surveillance armée tout au long de la journée.

Cette situation dure jusqu’au mois de juillet en 1918 et bien que les Romanov s’attendent à être libérés, la guerre civile qui éclate dans le pays entre les bolcheviques (présidé par Vladimir Lénine) et les anti-bolcheviques change la donne. Les révolutionnaires bolcheviques s’inquiétant par un regain d’intérêt pour les Romanov et par une possible réinstauration du tsar Nicolas II décident d’exécuter toute la famille, y compris les enfants.

Ainsi, la famille de sept, dont les cinq enfants âgés de 13 à 22 ans, est assassinée dans la maison qui l’héberge à Ekaterinburg (Yekaterinburg actuellement) dans les Ourals, mettant fin à la dynastie des Romanov et à leur descendance. L’exécution des Romanov est cachée par les bolcheviques pendant des années et des rumeurs circulent dans le pays spéculant la fuite de la famille à l’étranger durant la guerre civile. Ce n’est qu’après la chute de l’Union Soviétique que les archives sont découvertes et que les restes de la famille Romanov sont retrouvés par des archéologues au fil des années entre 1979 et 2007 dans un charnier à Ekaterinburg.

La découverte des restes de la famille des Romanov et des circonstances cruelles de son exécution choque l’opinion publique en Russie et à travers le monde. Un enterrement officiel de la famille est organisé par le gouvernement russe en 1998 et leurs restes sont transférés à la Cathédrale Pierre-et-Paul où les tsars et leurs familles sont habituellement enterrés.

Tombeau du tsar Nicolas II et de sa famille - Richard Mortel de Riyad, Arabie Saoudite | CC BY 2.0, via Wikimedia Commons.
Tombeau du tsar Nicolas II et de sa famille – Richard Mortel de Riyad, Arabie Saoudite | CC BY 2.0, via Wikimedia Commons.

Il est possible de visiter ce tombeau, ainsi que ceux des autres tsars dans la Cathédrale Pierre-et-Paul à Saint-Petersburg. Cet enterrement officiel est suivi par une réhabilitation du dernier tsar et de sa famille par la Cour Suprême russe en 2008 et ces derniers sont enfin considérés comme des victimes des répressions politiques bolcheviques.

Cette réhabilitation permet de clôturer l’histoire du dernier tsar de la Russie après la résolution du mystère entourant sa disparition soudaine.

Quelques liens et sources utiles

Hecht, E. (2017). La Russie des tsars: D’Ivan le Terrible à Vladimir Poutine.

Miquel, P. (1993). Les derniers rois de l’Europe. Éditions Robert Laffont.

Paterson, M. (2017). Nicholas II: The Last Tsar.

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