Pour les Occidentaux, utiliser le terme sherpa fait référence aux porteurs et les guides de montagne accompagnant les expéditions d’alpinisme. Ils sont avant tout autre chose, une ethnie d’origine tibétaine népalaise.
Dans la langue tibétaine le terme shar signifie « est » et pa signifie « peuple ». Ces hommes aux capacités physiologiques hors normes sont humbles et courageux et au service des alpinistes occidentaux en recherche d’aventures sur le Toit du Monde.
En revanche, les Sherpas ne sont pas tous des Sherpas…
Les sherpas, une minorité ethnique tibétaine
Les Sherpas viennent de la province du Kham située dans l’Est du Tibet, une région majoritairement bouddhiste. Ils se sont installés dans la vallée de Khumbu au Népal à partir de la fin du XVème siècle et qui devient l’épicentre de l’ethnie Sherpas. Ils vivent en haute altitude, souvent entre 2 600 et 4 400 mètres.
En raison de troubles politiques, sociaux et religieux mais aussi à cause des invasions des Mongoles dans tous le Tibet, les Sherpas se sont dirigés vers le sud, au Népal en passant par l’Himalaya. Lorsqu’ils se sont installés sur les plateaux népalais, ils ont développé une agriculture tournée vers la culture de la pomme de terre et du millet. Aujourd’hui, ils dépendant principalement de cette agriculture mais également du tourisme.
Leur lieu de vie est l’un des environnements les plus rudes du monde. En raison des conditions climatiques, de la haute altitude et de l’absence totale d’infrastructures routières, ils doivent se déplacer à pied ou grâce à des animaux de bât : le yack ou le dzo (croisement entre le zébu et le yack).
La vallée du Khumbu est le cœur central de l’ethnie Sherpas. Bien qu’ils soient essentiellement concentrés dans la vallée du Khumbu, ils se sont également installés dans des régions plus centrales où ils ont développé une activité touristique comme dans la capitale Katmandou et à Pokhara.
L’avènement du tourisme via l’alpinisme de la haute montagne
Traditionnellement, les Sherpas sont paysans, éleveurs ou encore commerçants mais depuis les premières expéditions dans l’Himalaya en 1921, une partie d’entre eux s’est tournée vers les métiers de haute montagne.
C’est donc une expédition britannique qui ouvre les portes du métier de guide et de porteurs aux Sherpas. Ces derniers, habitués aux conditions rudes des sommets de l’Himalaya et dotés de capacités physiques adaptées à la haute altitude deviennent le premier choix des expéditionnaires occidentaux.
L’histoire des Sherpas peut faire écho à l’affaire du col Dyatlov, une randonnée en enfer pour une équipe de Soviétiques. Ils disparaissent dans les monts de l’Oural en février 1959.
Il faut attendre le 29 mai 1953, pour que Tenzing Norgay Sherpa devienne le premier homme et premier Sherpa à atteindre le plus haut sommet du monde lors d’une expédition du Néo-Zélandais Sir Edmund Hillary. C’est à partir de ce moment précis, que les Sherpas sont devenus connus dans le monde entier.
Edmund Hillary (à gauche) et le sherpa Tenzing Norgay atteignent le sommet de l’Everest, à 8 848 mètres d’altitude, le 29 mai 1953, et deviennent les premiers hommes à marcher sur la plus haute montagne du monde.
Les porteurs servent principalement à déplacer le matériel nécessaire aux expéditions, à installer les campements et à guider les alpinistes et les trekkeurs. Ils sont un élément essentiel à la logistique d’une expédition dans l’Himalaya et sont estimés par une grande majorité de la communauté du sport alpin.
« Les porteurs d’altitude installent les camps, acheminent souvent toute la logistique. J’éprouve un profond respect pour la communauté des sherpas, ces forces de la nature, qui travaillent sans bruit et sans relâche sur la montagne. Aux petits soins pour les clients, ils mettent tout en place pour garantir le succès »
Elisabeth Revol, Vivre : Ma tragédie au Nanga Parbat, Paris, Arthaud, octobre 2019
Bien qu’une grande majorité d’entre eux soient des porteurs, ils sont de plus en plus nombreux à se tourner vers le métier de guide. Ils sont la première ethnie des montagnes à être les mieux rémunérés dans les métiers de la haute montagne.
Ils étaient autrefois considérés comme de la main œuvre bon marché, ils sont devenus indispensables aux expéditions aujourd’hui et ils ont su s’adapter à cette demande croissante, avantagés par leurs conditions physiques supérieures au reste de la population. Dans certaines zones, ils ont été remplacés par d’autres ethnies telles que les Rai, Tamang et Gurung.
Le documentaire Kaizen (en français « amélioration continue ») du YouTuber Inoxtag, publié sur YouTube le 14 septembre 2024, met en lumière la dure réalité des Sherpas. Ils gravissent l’impossible pour vivre, contrairement aux Occidentaux qui y viennent avant tout pour le plaisir et l’accomplissement que cela représente.
Quelques liens et sources utiles
Elisabeth Revol, Vivre : Ma tragédie au Nanga Parbat, Paris, Arthaud, octobre 2019
Eric Valli, Himalaya : l’Enfance d’un chef, film réalisé en 1999
Patricia Jolly, Laurence Shakya, Sherpas, fils de l’Everest, Paris, Arthaud, 2015