Entre le 9 et le 11 décembre, la FREMM Languedoc a abattu plusieurs drones Houthis en mer Rouge, démontrant ainsi l’importance cruciale de ces navires dans cette zone stratégique dont l’importance croît.
Des interceptions historiques en mer Rouge après les attaques houthies
La frégate FREMM Languedoc, intégrée à l’initiative européenne EMASoH (European-led Maritime Awareness in the Strait of Hormuz – opération Agenor) pour la sécurité maritime, a abattu plusieurs drones hostiles lancés depuis le Yémen par les rebelles Houthis. Les attaques, menaçant des navires et la sécurité maritime dans la mer Rouge, ont incité la frégate à intervenir en légitime défense en tirant ses missiles surface-air Aster 15.
Le ministère des Armées a confirmé que la FREMM Languedoc a intercepté et détruit deux drones menaçants à 110 km des côtes yéménites dans la nuit du 9 au 10 décembre. Le 11, la frégate a également protégé le pétrolier norvégien Strinda, touché par une attaque complexe ayant entraîné un début d’incendie, avant d’être escorté hors de la zone à risque par l’USS Mason.
En 2017, l’amiral Christophe Prazuck, alors chef d’état-major de la Marine nationale, entrevoyait ce type d’attaque : « Je pense que nous ne sommes pas loin du jour où un missile antinavire sera tiré contre un bâtiment français ».
Ces interceptions demeurent historiques pour ce type de frégate française en action depuis 2015, et témoignent de la vigilance incessante des marins ainsi que de la nécessité de tels armements et équipements sur un bâtiment, particulièrement dans cette zone. Ces attaques surviennent un mois après que la huitième et dernière FREMM de la Marine nationale ait été admise au service actif sous le nom de Lorraine. L’incident prouve l’utilité de ces frégates en zone sous tension.
L’importance stratégique de la mer Rouge
Cet engagement s’inscrit dans la mission de la FREMM Languedoc depuis le 8 décembre, patrouillant dans le golfe d’Aden et la mer Rouge pour garantir la sécurité maritime et la liberté de navigation alors que le conflit entre Israël et la Palestine se poursuit.
La mer Rouge occupe en effet une position stratégique majeure dans le contexte géopolitique actuel en raison de sa situation géographique, de son rôle crucial dans les échanges mondiaux et de sa proximité avec des régions politiquement sensibles.
En tant que l’une des artères maritimes les plus fréquentées au monde, reliant l’océan Indien à la Méditerranée via le canal de Suez, elle est essentielle pour le commerce international, accueillant environ 20 000 navires chaque année.
Cet espace bénéficie de la présence active des bâtiments de différentes marines du monde, notamment les marines françaises, états-uniennes ou saoudiennes. Ces bâtiments représentent des garanties de sécurité dans une zone régulièrement sujette à des attaques menées par les rebelles Houthis depuis des années à partir du sud du Yémen.
Ces rebelles revendiquent aujourd’hui ces attaques et, soutenus par l’Iran, cherchent à saper l’approvisionnement, le soutien allié et l’effort de guerre d’Israël.
Cette voie maritime stratégique se trouve au carrefour d’enjeux géopolitiques majeurs impliquant des acteurs régionaux tels que l’Arabie saoudite, le Yémen, l’Égypte, Israël, l’Érythrée, l’Éthiopie et le Soudan, ainsi que des puissances mondiales telles que les États-Unis, la Chine et la Russie, chacun cherchant à sécuriser ses intérêts économiques et géostratégiques dans la région.
De plus, la récente escalade des tensions avec des incidents maritimes, y compris des attaques de drones et de missiles, souligne l’importance critique de garantir la sécurité et la stabilité de cette voie navigable vitale.
Quelques liens et sources utiles
Lavergne, Marc, La mer Rouge : convoitises et rivalités sur un espace stratégique, L’Harmattan, 2022.
Youssef, Zoé, Guerre au Yémen : enjeux géostratégiques et crise humanitaire, UCO Angers, 2023.