Nos ancêtres avaient un temps de sommeil plus court que celui que nous avons actuellement, dans des conditions plus précaires. Dans les sociétés industrielles, le sommeil moyen varie entre sept et huit heures par nuit. L’arrivée des écrans et des nombreuses distractions de nos sociétés modernes (éclairages nocturnes, plateformes de streaming au catalogue pléthorique) grignote les nuits, mais ce constat est récent.
Étude des chasseurs-cueilleurs d’aujourd’hui
Une étude américaine suggère que nos ancêtres ne bénéficiaient pas de périodes de sommeil plus longues que les nôtres. Selon Jerome Siegel, chercheur à l’université de Californie, il est fort probable que nous dormions bien plus que nos ancêtres.
Pour arriver à cette conclusion, les chercheurs en charge de cette étude ont étudié le cycle de sommeil des populations de chasseurs-cueilleurs en Tanzanie, en Namibie et en Bolivie. La structure de leur sommeil ressemble à celle de nos ancêtres, notamment ceux de la Préhistoire, avant que l’agriculture ne se développe.
Une nuit courte, mais réparatrice ?
En moyenne, nos ancêtres se reposaient entre 5,7 et 6,1 heures par nuit. Sans pratiquer la sieste le reste de la journée, ils dormaient lorsque la température baissait. Bien que l’humanité soit une espèce diurne, Jerome Siegel a découvert que nos ancêtres ne se couchaient pas à la tombée de la nuit, mais bien deux à trois heures après. Ce temps était consacré notamment au repas. Le temps de sommeil variait surtout avec la saison. En hiver, nos ancêtres dormaient une heure de plus, avec un réveil qui se faisait avec le soleil.
Le fait que nous restions debout des heures après le coucher du soleil est totalement normal, et ce n’est pas nouveau, bien que les lumières électriques aient pu étendre cette tendance naturelle à veiller.
Jerome Siegel
Le facteur température n’existe plus au sein des sociétés postindustrielles. Pour Jerome Siegel, cette variation est pourtant importante. Les individus ont tendance à dormir davantage et mieux lorsque la température baisse. Ainsi, des chercheurs se penchent sur la création de dispositifs capables de reproduire les conditions naturelles, notamment en ce qui concerne la température, dans le but de lutter contre l’insomnie.
La tribu étudiée en Tanzanie n’a même pas de mot pour qualifier l’insomnie. En moyenne, ce sont 20% des Occidentaux qui souffrent d’insomnie, contre seulement 1,5 à 2,5% des chasseurs-cueilleurs.
Ce mode de sommeil semble avoir laissé place par la suite au sommeil biphasique, puis au sommeil monophasique que nous connaissons aujourd’hui.
Quelques liens et sources utiles
Meg Sullivan, Our ancestors probably didn’t get 8 hours a night, either, Newsroom, 2015
Jerome Siegel, Natural Sleep and Its Seasonal Variations in Three Preindustrial Societies, Current Biology, 2015