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La vie de Frederick Douglass

Découvrez une partie de la vie de Frederick Douglass, un important réformateur social (abolitionniste) des États-Unis au XIXe siècle.
Signature de la Proclamation d'émancipation, le 31 décembre 1862 - Francis Bicknell Carpenter | Domaine public
Signature de la Proclamation d’émancipation, le 31 décembre 1862 – Francis Bicknell Carpenter | Domaine public

Une vie pour lui et les autres

Frederick Augustus Washington Bailey, dit Frederick Douglass, est un réformateur social, abolitionniste, orateur, écrivain et homme d’État américain d’origine afro-américaine évoluant entre 1817 et 1895.

Après s’être échappé de l’esclavage systémique du Maryland, Frederick Douglass est devenu un leader national du mouvement abolitionniste dans le Massachusetts et à New York. Il gagne en prestige grâce à ses compétences d’élocution et son esprit critique, lui permettant d’écrire des pamphlets sur l’esclavage aux États-Unis. Ses combats ne se limitent pas à l’esclavage. Il milite durant toute sa vie pour réduire les injustices, notamment sociales.

Il convainc le camp des abolitionnistes, il devient même le fer de lance de ce combat. Ceux-ci le gratifient d’une importante capacité de développement et de clarté, lui permettant d’argumenter contre les propriétaires d’esclaves. La grande thèse de ces propriétaires était d’affirmer que les esclaves n’avaient pas la capacité intellectuelle d’être des citoyens américains indépendants.

À l’époque, les Nordistes avaient du mal à croire qu’un aussi grand orateur avait pu être un esclave précédemment.

L'histoire de l'esclavage aux États-Unis avec Frederick Douglass - Engraved by J.C. Buttre | Domaine public
L’histoire de l’esclavage aux États-Unis avec Frederick Douglass – Engraved by J.C. Buttre | Domaine public

Une autobiographie devenue célèbre

L’œuvre littéraire la plus célèbre de Douglass est The Narrative of the Life of Frederick Douglass, an American Slave, publiée en 1845.

Nombreux ont été les individus à penser que cette œuvre était un faux, refusant de croire que ce style d’écriture, très soignée, pouvait provenir d’une personne noire. Néanmoins, malgré ces interrogations, cette œuvre a connu un succès national et international immédiat, et a reçu des critiques extrêmement positives. Ainsi, trois ans après sa publication, l’autobiographie avait été réimprimée neuf fois et il y avait 11 000 exemplaires en circulation rien qu’aux États-Unis. Il a été traduit en français et en néerlandais.

La publication de ce livre était risquée, car ses amis et mentors craignaient la réaction de son ancien maître et professeur, Hugh Auld, s’il l’apprenait. Ils l’ont donc encouragé à quitter le pays et à se rendre en Irlande. Il s’embarque sur le Cambria pour Liverpool le 16 août 1845 et arrive sur le sol irlandais au moment où le fléau de la pomme de terre commence et provoque une terrible famine sur l’île.

L’autobiographie de Frederick Douglass

Dans le cadre de notre analyse de l’abolition de l’esclavage aux États-Unis, nous nous sommes basés sur ce travail. Document extrait de : Frederick Douglass, La vie de Frederick Douglass, esclave américain, écrite par lui-même, tr. fr. Hélène Tronc, Gallimard, coll. « La Bibliothèque », p. 68-69.

Extrait en français

Très peu de temps après mon arrivée chez M. et Mme Auld, cette dernière entreprit très aimablement de m’enseigner l’alphabet. Après quoi, elle m’apprit à épeler des mots de trois ou quatre lettres. J’en étais là de mes progrès lorsque M. Auld découvrit ce qui se passait et interdit sur le champ à Mme Auld de m’instruire davantage en affirmant notamment qu’il était illégal et – dangereux d’apprendre à lire à un esclave. Il ajouta ces mots que je cite :

« Donnez-en long comme le doigt à un nègre, il en voudra long comme le bras. La seule chose qu’un nègre doit savoir c’est obéir à son maître – faire ce qu’on lui dit de faire. L’instruction gâterait le meilleur nègre du monde. Si vous apprenez à lire à ce nègre (il parlait de moi), il ne sera pas possible de le garder. Cela le rendrait pour toujours inapte à l’esclavage. Il deviendrait aussitôt indocile et perdrait toute valeur pour son maître. Quant à lui-même, l’instruction ne lui serait d’aucun bénéfice et ne pourrait que lui nuire. Elle le rendrait mécontent et malheureux. »

Ces paroles pénétrèrent profondément dans mon cour, y remuèrent des sentiments dormants et firent naître une toute nouvelle suite d’idées. C’était une révélation, neuve et particulière, qui expliquait certaines choses obscures et mystérieuses auxquelles mon jeune esprit s’était attaqué, en vain. Je comprenais désormais ce qui m’était demeuré une insondable énigme : le pouvoir de l’homme blanc à réduire l’homme noir en esclavage. Le succès était beau et j’en fis grand cas. De cet instant, je compris le chemin de l’esclavage à la liberté. C’était justement ce que je cherchais et je l’obtins quand je m’y attendais le moins. Et si la perspective de perdre l’aide de ma bonne maîtresse m’attristait, la leçon inestimable que mon maître m’avait fournie accidentellement me réjouissait. J’étais conscient de la difficulté d’apprendre sans professeur mais, rempli d’espoir et de détermination, je résolus d’apprendre à lire, quel qu’en fût le prix. Le ton très ferme sur lequel M. Auld avait parlé et tenté de faire comprendre à sa femme les conséquences diaboliques de mon instruction servit à me convaincre qu’il était pénétré des vérités qu’il prononçait. Cela m’assura que je pouvais avoir toute confiance dans les effets qui, d’après lui, ne manqueraient pas d’apparaître si j’apprenais à lire. Ce qu’il redoutait par-dessus tout, je le désirais par-dessus tout. Ce qu’il aimait par-dessus tout, je le haïssais par-dessus tout. Ce qui, pour lui, était un grand mal dont il fallait soigneusement se prémunir, devint pour moi un grand bien qu’il fallait rechercher avec diligence; l’argument invoqué avec tant de passion contre mon apprentissage de la lecture ne servit qu’à m’inspirer le désir et la détermination d’apprendre. Si j’ai appris à lire, je le dois presque autant à l’opposition acharnée de mon maître qu’au secours aimable de ma maîtresse. Je reconnais le bénéfice des deux.

Les mots originaux de Frederick Douglass

Very soon after I went to live with Mr. and Mrs. Auld, she very kindly commenced to teach me the A, B, C. After I had learned this, she assisted me in learning to spell words of three or four letters. Just at this point of my progress, Mr. Auld found out what was going on, and at once forbade Mrs. Auld to instruct me further, telling her, among other things, that it was unlawful, as well as unsafe, to teach a slave to read. To use his own words, further, he said,

« If you give a nigger an inch, he will take an ell. A nigger should know nothing but to obey his master–to do as he is told to do. Learning would spoil the best nigger in the world. Now, » said he, « if you teach that nigger (speaking of myself) how to read, there would be no keeping him. It would forever unfit him to be a slave. He would at once become unmanageable, and of no value to his master. As to himself, it could do him no good, but a great deal of harm. It would make him discontented and unhappy. »

These words sank deep into my heart, stirred up sentiments within that lay slumbering, and called into existence an entirely new train of thought. It was a new and special revelation, explaining dark and mysterious things, with which my youthful understanding had struggled, but struggled in vain. I now understood what had been to me a most perplexing difficulty-to wit, the white man’s power to enslave the black man. It was a grand achievement, and I prized it highly. From that moment, I understood the pathway from slavery to freedom. It was just it at a time when I the least expected it. Whilst I was saddened by the thought of losing the aid of my kind mistress, I was gladdened by the invaluable instruction which, by the merest accident, I had gained from my master. Though conscious of the difficulty of learning without a teacher, I set out with high hope, and a fixed purpose, at whatever cost of trouble, to learn how to read. The very decided manner with which he spoke, and strove to impress his wife with the evil consequences of giving me instruction, served to convince me that he was deeply sensible of the truths he was uttering. It gave me the best assurance that I might rely with the utmost confidence on the results which, he said, would now from teaching me to read. What he most dreaded, that I most desired. What he most loved, that I most hated. That which to him was a great evil, to be carefully shunned, was to me a great good, to be diligently sought; and the argument which he so warmly urged, against my learning to read, only served to inspire me with a desire and determination to owe almost as much to the bitter opposition of my master, as to the kindly aid of my mistress. I acknowledge the benefit of both.

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