En mai 1978, la France lance l’Opération Bonite pour sauver des civils européens pris au piège dans la ville de Kolwezi, en République démocratique du Congo (anciennement Zaïre).
Cette mission militaire, coordonnée avec la Belgique, répond à une insurrection armée menaçant la population civile, marquant l’une des interventions les plus rapides et efficaces de la Légion étrangère française. Voici un aperçu de l’Opération Bonite, son contexte, ses objectifs, et ses résultats.
Contexte : la crise à Kolwezi
En 1978, le Zaïre, sous le régime du président Mobutu Sese Seko, fait face à des troubles politiques et sociaux. La région minière de Shaba est une zone stratégique pour l’économie zaïroise, avec des ressources telles que le cuivre et le cobalt.
Le 11 mai 1978, une révolte éclate, et des milliers de rebelles katangais envahissent Kolwezi. Soutenus par des puissances étrangères, ces rebelles prennent le contrôle de la ville et menacent la sécurité de la population, dont environ 3 000 Européens.
Une menace internationale
Face à la gravité de la situation, le président Mobutu fait appel à l’aide de la communauté internationale, notamment de la France, de la Belgique et des États-Unis. La France, soucieuse de protéger ses ressortissants et de répondre à la demande d’aide du Zaïre, met en place un plan d’intervention rapide, baptisé Opération Bonite.
L’Opération Bonite : déroulement et objectifs
L’Opération Bonite se déroule du 15 au 21 mai 1978 et mobilise une force de 700 militaires français, majoritairement de la Légion étrangère, ainsi que 1 180 soldats belges. Cette intervention a pour principaux objectifs :
- Protéger et évacuer les civils européens : Assurer la sécurité des ressortissants français et européens en danger.
- Rétablir l’ordre dans la région de Kolwezi : Libérer la ville du contrôle des rebelles katangais.
- Renforcer la stabilité politique du Zaïre : Aider le régime de Mobutu à reprendre le contrôle pour éviter une nouvelle déstabilisation.
Mise en œuvre de l’opération
Le 17 mai 1978, les premiers légionnaires parachutistes sont largués au-dessus de Kolwezi. Leur mission est de sécuriser la ville, repousser les rebelles et protéger les civils.
Malgré des combats intenses, les soldats français et belges parviennent à reprendre le contrôle de Kolwezi, tout en facilitant l’évacuation de nombreux civils.
Les défis de l’Opération Bonite
L’Opération Bonite se déroule dans des conditions difficiles, avec plusieurs défis logistiques et militaires :
- Hostilité des rebelles : Les rebelles katangais, bien armés et préparés, opposent une résistance farouche.
- Conditions géographiques : La complexité du terrain rend les déplacements risqués pour les troupes.
- Protection des civils : La nécessité de protéger les civils rend l’opération particulièrement sensible.
Malgré ces difficultés, les forces françaises et belges réussissent à atteindre leurs objectifs principaux en quelques jours, limitant ainsi les pertes civiles.
Résultats et bilan de l’Opération Bonite
L’Opération Bonite est un succès pour les forces françaises et belges, mais le bilan humain reste lourd en raison des exactions commises par les rebelles avant l’intervention. Voici les principaux résultats de cette mission :
- Évacuation des civils européens : Plus de 2 000 civils ont été évacués en sécurité, mettant fin à leur détention.
- Stabilisation de Kolwezi : Les forces armées prennent le contrôle de la ville, éliminant environ 250 rebelles katangais.
- Bilan humain : Près de 90 à 280 Européens et plus de 700 civils africains sont tués lors des combats et des exactions. Côté militaire, cinq légionnaires français et plusieurs soldats alliés ont perdu la vie.
Cette intervention militaire, bien que réussie, souligne la brutalité des conflits au Zaïre et les conséquences tragiques pour les populations locales.
L’impact de l’Opération Bonite et sa postérité
L’Opération Bonite reste une des interventions les plus marquantes de la Légion étrangère française, démontrant la capacité de la France à intervenir rapidement dans des situations de crise pour protéger ses ressortissants. Après cette mission, les troupes occidentales sont remplacées par des forces africaines, avec un soutien logistique et en renseignement fourni par les Occidentaux.
La symbolique de l’Opération Bonite
L’opération représente un tournant dans l’engagement de la France et de la Belgique dans la région du Congo, mettant en lumière les enjeux géopolitiques liés aux ressources naturelles. Elle a également souligné l’importance des interventions multinationales pour répondre aux crises humanitaires et sécuritaires dans des régions instables.
Conclusion de cette OPEX
L’Opération Bonite demeure un symbole fort de la capacité d’intervention des forces françaises et belges en territoire étranger. Cette mission, bien que tragique dans son bilan humain, a permis de sauver des centaines de vies et de stabiliser temporairement la situation à Kolwezi. Elle illustre l’engagement de la France pour protéger ses ressortissants et soutenir ses alliés face aux menaces internationales.
Quelques liens et sources utiles
Hélène de Champchesnel, Opex : des vies pour la France: Une histoire des opérations extérieures depuis 1963, Historien – Conseil, 2019
Charles Janier, Dictionnaire Opex : Opérations extérieures de l’armée française depuis 1945, Editions SPE Militaria, 2015
Michel Forget, Nos forces aériennes en Opex, Economica, 2013