Après sa victoire en 404 avant J-C à Aigos Paimos, Sparte a imposé son hégémonie sur le monde grec. Athènes voit la Ligue de Délos qu’elle a fondée se dissoudre. Puis arrive la guerre de Corinthe. En effet, Sparte impose à Athènes un régime oligarchique, celui des Trente Tyrans. Ils imposent également des garnisons lacédémoniennes dans les anciennes possessions athéniennes, et le tribut qui devait normalement revenir à Athènes est levé au profit de Sparte. Athènes chasse en 403 avant J-C les Trente Tyrans et s’allie avec Thèbes, Argos et Corinthe avec le soutien des Perses.
Toutefois, ces derniers se rallient finalement à Sparte, et Athènes doit signer la paix du roi. Après cette paix en 386 avant J-C, qui a marqué la défaite d’Athènes et la montée en puissance des Spartiates, ces derniers doivent être les garants de la paix et s’assurer qu’elle soit maintenue. Les Perses, dorénavant, ingèrent dans les affaires du monde grec.
Athènes était donc en perte de vitesse. Il fallait pour eux trouver un moyen de relever la tête. C’est pourquoi ils ont fondé la seconde Confédération maritime en 377 avant J-C, avec comme but la libération des cités grecques de l’hégémonie spartiate. Cette alliance est concrétisée par le décret proposé par Aristotélès et adopté par l’assemblée athénienne, également connu sous le nom de Charte de la Deuxième Confédération maritime. Le décret fait attention à ne pas faire peur aux alliés en faisant en sorte de ne pas reproduire les caractéristiques de la Ligue de Délos qui imposait son hégémonie sur les alliés. Ce texte est l’un des plus importants pour l’histoire diplomatique d’Athènes au Ve siècle.
Des Athéniens relevant la tête, pour répondre à l’hégémonie Spartiate, avec un décret fédérateur
Après la paix du roi que nous avons évoquée en 386 avant J-C, Sparte est la cité dominatrice et les maîtres de la Grèce. Les Spartiates doivent être les garants de la paix. Toutefois, les Lacédémoniens s’emparent de Mantinée en 385 avant J-C pour se venger des cités alliées à Corinthe et à Argos et condamnent ses habitants à une dispersion. Les rivalités allaient donc reprendre, laissant Athènes relever la tête grâce à sa politique fédératrice.
La situation du monde grecque et d’Athènes
En 384 avant J-C, Athènes commence à relever la tête et conclut une alliance avec Chios qui respecte l’interdiction de nuire à l’autonomie d’une cité énoncée dans la Paix du roi.
En 382 avant J-C, Thèbes est prise par les Spartiates qui deviennent leurs alliés forcés. Ils interviennent contre Olynthe accusée de vouloir nuire à l’autonomie des cités de Chalcidique. Les Spartiates triomphent, et les Thébains, les Béotiens et les Corinthiens leur sont donc soumis.
En 378 avant J-C, Thèbes réussit à se libérer de la puissance spartiate, ce qui inquiète autant les Spartiates que les Athéniens. Ces derniers mènent une campagne diplomatique pour se faire de nouveaux alliés, mais le conflit avec Sparte est précipité par l’harmoste et général spartiate Sphodrias qui essaie de s’emparer du Pirée, le principal port d’Athènes, au printemps 378 avant J-C.
À la suite de cela, Athènes construit de nouveaux navires et élit Timothée, Chabrias et Callistratos en tant que stratèges pour conduire la guerre. Des impôts exceptionnels sont levés, et Callistratos crée le fonds militaire du stratiôtikon, rempli par les excédents budgétaires. Athènes est dans l’obligation de mettre en place en 378 avant J-C, sous l’archontat de Nausinicos, les symmories pour faire face aux dépenses de la guerre.
Les symmories sont un groupe de contribuables chargé de prendre en charge le paiement de l’eisphora, un impôt extraordinaire sur le capital. Ce système avait été mis en place pour faire face au siège de Mycènes en 428 avant J-C, puis perdit de l’intérêt à la fin de la guerre du Péloponnèse, mais Athènes prélevait quand même une taxe du même nom afin de rembourser l’argent emprunté par les Trente Tyrans auprès de Sparte.
En l’année 378 avant Jésus-Christ, la finance militaire était revenue au premier plan. Les autorités grecques avaient besoin de réorganiser leur système car lors de la guerre précédente, il y avait eu un manque d’argent. C’est ainsi qu’une réforme a été mise en place. Polybe nous apprend dans un texte que les Athéniens ont procédé à un recensement de l’ensemble des biens de l’Attique pour préparer la guerre de « la libération de la Grèce ».
Les Athéniens ont également demandé la syntaxis, qui est une taxe, une contribution au trésor commun versée par l’ensemble des alliés, dont Athènes.
Cette fois-ci, les Athéniens ont juré de ne pas demander de tribut aux alliés, afin de libérer les cités grecques de l’hégémonie spartiate et ainsi retrouver de l’importance dans le monde grec. Elle avait donc dû se faire des alliés qui avaient différentes raisons de les rejoindre, notamment à cause de l’ingérence de Sparte dans leurs affaires. C’est pour cela que ce décret nous dit « Afin que les Lacédémoniens permettent que les Grecs soient libérés et autonomes, vivent en paix et occupent en sécurité tout leur territoire. » Ce décret était un appel à la liberté et à l’indépendance des cités grecques, et Athènes espérait bien y parvenir grâce à cette réforme financière.
L’organisation politique de cette symmachie
Le décret que nous avons devant nous illustre le fédéralisme en Grèce. Son but était de garantir la liberté, l’autonomie et la souveraineté de chacun, tout en assurant une défense commune. Cette alliance militaire entre plusieurs cités grecques est appelée Symmachie et se traduit par la mise en place du Synédrion, une assemblée des alliés où chacun dispose d’une voix pour prendre des décisions.
Ce conseil siège à Athènes, chaque allié y est représenté par un synèdre, sauf Athènes. Il est invité à choisir les nouveaux membres de l’alliance et discuter de la répartition de la contribution financière au trésor commun. Athènes ne pouvait rien imposer, car les propositions faites par le conseil étaient données à l’Assemblée athénienne.
Le Boulé d’Athènes était soumis aux alliés et préparait les décrets en collaboration avec cette assemblée. Pour rejoindre cette confédération, il fallait soit être recruté, soit il fallait postuler et prêter serment. Les magistrats de l’État qui rejoignait la confédération devaient prêter serment à une délégation envoyée par la Confédération.
Tout grec ou barbare qui voulait rejoindre les Athéniens pouvait le faire, mais cela devait passer par un vote. Le décret est gravé sur une stèle de marbre et doit être érigé auprès de la statue de Zeus, qui est située sur le côté ouest de l’Agora. Les trésoriers de la déesse sont tenus de donner soixante drachmes pour la transcription de la stèle sur les dix talents.
Pour réussir à protéger la paix, Athènes a fait appel à des alliés. Pour cela, les Athéniens ont prôné la liberté des cités, et certaines cités se sont jointes à Athènes. Ces dernières promettaient de ne pas reconstituer les caractéristiques de la Ligue de Délos.
Dans le décret on mentionne « Chios, Thèbes et les autres alliées », parmi ces autres alliées, étaient présents, Paros, Pamris,, Ténédos, Mytilène, Méthymna, Rhodes, Poiessa, Byzance, Périnthe, Péparéthos, Sciathos, Marônée, Diôn, Erétrie et bien d’autres.
Ces alliés se situaient principalement dans les cités littorales ou sur les îles, ce qui en faisait une confédération maritime.
L’assistance mutuelle de la seconde confédération marquant la renaissance d’Athènes au sein du monde grecque
Cette seconde confédération avait permis à Athènes de retrouver son hégémonie sur mer et de conclure une paix avec Sparte.
Des avantages et des garantis pour les alliés
Le décret énoncé sous l’archontat de Nausinikos montre la volonté d’Athènes de ne pas se montrer impérialiste vis-à-vis de ses alliés. En effet, il est interdit à tout Athénien, d’acquérir une maison ou un terrain sur le territoire des Alliés, donc fin des clérouquies sur les territoires alliés.
Et personne n’échappe à cette règle, c’est-à-dire que si un athénien décidait de transgresser la règle il serait jugé devant les synèdres.
On peut donc voir la volonté d’Athènes de consolider l’alliance et d’éviter tout risque de trahison ou de sédition. Enfin, le décret prévoit également une aide militaire mutuelle en cas de guerre contre ceux qui auraient contracté alliance.
Athènes et le renouveau de sa domination maritime
Entre 375 et 373 avant J.C., Athènes a connu une période de renouveau. La ville a remporté de nombreuses victoires militaires, ce qui lui a permis de consolider son pouvoir sur la mer Égée. La bataille qui a tout changé s’est déroulée en 376, à Naxos. C’est là que la flotte athénienne dirigée par le stratège Chabrias a vaincu les Spartiates, marquant le début de la reconquête de la mer Égée par Athènes. La plupart des Cyclades ont alors rejoint Athènes, de même que les cités du nord de l’Égée.
En 375 avant J-C, le stratège Timothée a remporté la victoire navale d’Alyzeia, tandis qu’en 373, il a été chargé de diriger une flotte pour aider la cité de Corcyre assiégée par les Spartiates. Cependant, il est arrivé trop tard et le siège était déjà levé. Environ à la même époque, vers 375-374 avant J-C, Sparte a demandé la paix, tandis que la montée en puissance de Thèbes inquiétait Athènes et Sparte. Athènes a accepté, permettant la reconnaissance de la seconde confédération et consolidant ainsi son pouvoir sur la région. C’était un renouvellement de la paix du roi. Cependant, le traité a été rompu par Sparte.
En 395 avant J-C, une alliance avait été formée entre Athènes, Corinthe, Thebes et Argos pour s’opposer à Sparte. La montée en puissance de Thebes avait commencé à inquiéter les autres cités grecques, car elle dominait la Béotie. En 379, les Thébains, menés par Pélopidas, avaient renvoyé les garnisons spartiates présentes dans leur cité et avaient reformé la ligue béotienne, tout en restant alliés d’Athènes et en faisant face à Sparte. La victoire de Leuctres avait marqué la fin de l’hégémonie spartiate en 371 avant J-C. Les Spartiates avaient eu du mal à se relever, car ils n’avaient pas résisté à la phalange de Thebes.
Thebes avait alors concrétisé son hégémonie, qui allait durer quelques temps. Elle s’était retirée de l’alliance, laissant donc une confédération exclusivement maritime. Athènes n’avait donc plus l’aide terrestre de Thebes. Ainsi, après s’être débarrassée de la puissance terrestre de Sparte, Athènes devait faire face à la puissance de Thebes. Cette montée en puissance, qui avait pourtant bien aidé Athènes à se défaire de Sparte, avait déséquilibré les rapports de puissance et en avait fait un ennemi potentiel.
Le retour d’Athènes
Face à l’hégémonie spartiate, Athènes parvient donc à se relever en fondant la Seconde Confédération maritime, un système d’alliances fondé sur des principes d’autonomie et de coopération. Cette confédération marque ainsi le retour d’Athènes sur la scène égéenne.
Quelques liens et sources utiles
BRUN, P. Le monde grec à l’époque classique, 500-323 av J.-C., Armand Colin, Collection U, Paris, 2003
BRUN, P. « Chapitre 5 – La seconde confédération (377-338) » dans : Impérialisme et démocratie à Athènes. Inscriptions de l’époque classique, Armand Colin, Collection U, Paris, 2005
CABANES, P. Petit, « Chapitre – La deuxième confédération maritime d’Athènes au IVe siècle » dans : Atlas historique de l’Antiquité grecque, Armand Colin, Petit Atlas historique, Paris, 2016