Javier Milei, nouveau président ultralibéral d’Argentine, réitère la revendication de souveraineté sur les îles Malouines, ravivant ainsi le contentieux territorial avec le Royaume-Uni, malgré la ferme position de ce dernier et le désir des habitants malouins de rester sous la souveraineté britannique.
Un retour aux Malouines argentines ?
Javier Milei a attiré l’attention en réaffirmant que la souveraineté de l’Argentine sur les îles Malouines « est incontestable ». Cette déclaration ravive un vieux différend territorial avec le Royaume-Uni autour de l’archipel des Malouines, également connu sous le nom d’îles Falkland.
Javier Milei, élu fin novembre avec 55,95% des voix, a exprimé sa vision d’une solution similaire à la rétrocession d’Hong Kong à la Chine. Cependant, il reconnaît également l’importance de prendre en compte l’opinion des habitants des îles Malouines, même si, lors d’un référendum en 2013, 99,8% des 3000 Malouins ont voté pour conserver leur statut de territoire britannique d’outre-mer.
Cette position de Milei a suscité des réponses fermes du gouvernement britannique, qui a réaffirmé que les îles Malouines sont britanniques et le demeureront. Londres maintient qu’aucune négociation n’est envisageable sur cette question, renforçant ainsi l’intransigeance des deux parties quant à la résolution de ce différend territorial.
La possibilité d’un conflit ouvert pour la reprise des Malouines semble infime, néanmoins, cet épisode remet une fois de plus ce cas en avant. Bien que l’idée n’ait jamais véritablement quitté les gouvernements argentins successifs, les relations diplomatiques à ce sujet demeuraient sous contrôle.
La complexité du cas Milei et le conservatisme de ses idées peuvent néanmoins faire craindre un accroissement des tensions autour des Malouines. Cette provocation a toutefois une grande chance de demeurer au stade de la rhétorique, étant donné la complexité d’une telle opération en dehors du cadre diplomatique.
Un contentieux âgé de plusieurs décennies
Découvertes au début du XVIe siècle par des navigateurs européens, les îles ont été le sujet de plusieurs occupations et établissements par des Français, des Espagnols, et des Britanniques au cours des siècles. En 1833, les Britanniques ont établi leur souveraineté sur les îles, chassant les colons argentins et prenant le contrôle des îles.
Depuis lors, les revendications de souveraineté de l’Argentine ont persisté, malgré le statut d’outre-mer britannique des îles.
En 1982, l’archipel a été au centre d’un conflit à très forte résonnance internationale. Leopoldo Galtieri alors au pouvoir décide de reprendre le contrôle par la force des Malouines, suscitant une réaction quasi immédiate de Londres et de la « Dame de fer », Margaret Thatcher, alors Première ministre. La réaction du Royaume-Uni fut rapide et efficace avec un envoi immédiat de renforts à la petite garnison présente dans l’archipel.
S’en suivent de nombreuses opérations maritimes, notamment la destruction du croiseur Général-Belgrano par le SNA HMS Conqueror en mai, ou la destruction en réaction du HMS Sheffield par les Argentins avec un missile Exocet français. Le débarquement britannique est un succès, et le 14 juin les troupes argentines se rendent.
Cette guerre de trois mois, a entraîné la perte humaine de 250 Britanniques et 750 Argentins, et eût des retombées politiques et militaires très importantes : le régime de Galtieri chute au profit de la transition démocratique, Margaret Thatcher renforce son pouvoir et son autorité auparavant affaiblie, et les différentes armées du monde tirent de nombreuses expériences de ce conflit (scission entre le militaire et le politique, réforme des pratiques logistiques dont les limites étaient visibles, prise de conscience de la vulnérabilité des bâtiments de surface, etc.).
Quelques liens et sources utiles
Delitte, Jean-Yves, Bianchini, Marco, Falkland : La Guerre des Malouines, Glénat, 6 juillet 2022.
Soulard, François, L’Argentine, désarmée et fragilisée, Conflits, 19 août 2023.