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L’Histoire regorge de récits improbables, mais aussi de périodes complexes qui méritent d’être explorées. Plongez, à travers les séries de Revue Histoire, dans un fragment de notre histoire mondiale.
Sur Revue Histoire, l’équipe de rédaction est composée de passionnés d’Histoire, allant d’étudiants, à de jeunes professionnels, qui souhaitent partager leurs connaissances historiques.
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Quand l’homme a quitté le sol pour la première fois, il n’a pas seulement défié la gravité. Il a déplacé les frontières du possible. L’aviation n’est pas née dans les laboratoires, mais dans les champs, les hangars, les rêves obstinés de quelques bricoleurs de génie. Elle n’est pas un simple progrès technique : elle est une rupture dans le rapport au monde, au temps, à la guerre, au territoire.
L’histoire de l’aviation est celle de figures solitaires, de collectifs oubliés, de machines fragiles lancées à l’assaut du ciel. Elle est aussi celle d’un XXe siècle qui a appris à tuer plus vite, à se déplacer plus loin, à dominer autrement. Derrière chaque vol d’essai, chaque traversée, chaque combat, des aviateurs ont payé de leur vie une leçon de vitesse ou d’orgueil.
Avant que le mot « avion » ne devienne commun, il y eut des planeurs, des cerfs-volants, des rêves de Léonard de Vinci. Il faut attendre 1903 pour que les frères Wright, en Caroline du Nord, fassent voler un engin motorisé sur 36 mètres. Ce n’est pas encore le ciel ouvert, mais c’est un début. En France, Santos-Dumont, Blériot, Voisin, Farman poursuivent la course.
Blériot traverse la Manche en 1909. Roland Garros survole la Méditerranée en 1913. Ces noms deviennent des héros de la modernité, comme s’ils avaient ouvert une route nouvelle. Le ciel n’a pas encore ses règles. Il est incertain, capricieux, dangereux. Chaque vol est un pari, chaque crash un avertissement.
L’aviation militaire ne tarde pas à s’y engouffrer. Dès 1914, les avions d’observation deviennent outils de guerre. Puis viennent les bombardements, les dogfights, les as. Georges Guynemer, Manfred von Richthofen, René Fonck : les visages de pilotes deviennent des icônes. On les célèbre comme chevaliers modernes, malgré l’horreur du conflit.
L’entre-deux-guerres est une période d’accélération. On bat des records d’altitude, de vitesse, de distance. L’aviation civile émerge timidement, mais c’est encore le courage individuel qui fascine. Charles Lindbergh traverse l’Atlantique en solitaire en 1927. Deux ans plus tard, Dieudonné Costes et Maurice Bellonte relèvent le défi inverse : Paris-New York sans escale. Antoine de Saint-Exupéry, pilote de l’Aéropostale, mêle vol et littérature. Ses récits, Vol de nuit, Terre des hommes, immortalisent l’aviation comme aventure intérieure.
Mais l’aviateur est aussi un outil de propagande. En URSS, Valery Tchkalov est glorifié. En Allemagne, Ernst Udet devient une figure du Troisième Reich. En Italie, Mussolini fait de l’aviation un emblème de puissance. Chaque régime s’approprie les exploits pour bâtir une image de maîtrise, de progrès, de domination du ciel.
Entre 1939 et 1945, l’aviation cesse d’être un théâtre secondaire. Elle devient centrale. La Blitzkrieg allemande s’appuie sur la maîtrise de l’air. L’aviation anglaise résiste à la Bataille d’Angleterre. Le Pacifique devient un jeu de distances aéronavales. Le ciel est saturé de bruit, de feu, de peur.
Des villes entières sont détruites depuis les airs. Coventry, Hambourg, Dresde. Puis Hiroshima et Nagasaki. L’avion transporte désormais la mort à grande échelle. Le pilote n’est plus un héros romantique. Il devient opérateur, parfois automate. Et pourtant, certains visages restent : Jean Maridor, abattu en interceptant une bombe volante au-dessus de l’Angleterre. Claire Lee Chennault et ses Tigres Volants en Chine. Les femmes pilotes soviétiques, surnommées les sorcières de la nuit, redoutées pour leurs raids nocturnes en silence.
L’après-guerre transforme l’aviation en enjeu technologique et diplomatique. On ne parle plus seulement de bombardiers ou de chasseurs, mais de supersonique, de furtivité, de charges nucléaires. L’aviation devient le bras armé de la dissuasion. Le moindre incident aérien peut dégénérer : U-2 abattu en URSS en 1960, avions civils interceptés par erreur, survols stratégiques.
Le Concorde, symbole de prestige franco-britannique, illustre le rêve d’un transport civil triomphant, mais aussi ses limites. Trop cher, trop bruyant, trop fragile face aux contraintes du pétrole. Pendant ce temps, les États-Unis développent les B-52, capables de voler des jours entiers, porteurs d’ogives atomiques. L’avion n’est plus seulement un véhicule. C’est une doctrine.
Mais derrière les grandes dates, des trajectoires silencieuses demeurent. Les mécaniciens au sol, les pilotes de ravitaillement, les femmes exclues des combats mais essentielles dans la logistique. Les pilotes coloniaux aussi, tirailleurs de l’air, engagés sans reconnaissance. Les aviateurs africains, indochinois, maghrébins morts dans des avions français, absents des mémoriaux.
Et puis, il y a les civils. Ceux qui, à Koweït City en 1991 ou à Bagdad en 2003, ont appris que la guerre ne vient plus à pied. Qu’elle tombe du ciel, anonyme. Que les cibles ne voient pas le pilote, et que le pilote ne voit pas la cible.
Aujourd’hui, l’aviation habite deux mondes. D’un côté, les drones et les frappes à distance. L’opérateur est à des milliers de kilomètres. Le cockpit est une salle climatisée. On ne tue plus, on neutralise. La guerre devient distante, désincarnée.
De l’autre, des cérémonies, des reconstitutions, des musées. On restaure des Spitfire, on expose des Mirage III. On raconte encore les duels aériens de 14-18, les exploits de Normandie-Niémen, les vols de nuit au-dessus de l’Italie. La mémoire reste vivante, mais elle est partielle. Elle oublie parfois ce que voler a coûté, ce que tomber a signifié.
Les points sont positionnés dans une zone proche (pays, villes, etc.) du thème de l’article sur la carte interactive.
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