Élaborer un plan de mémoire consiste à transformer une question en trajectoire démonstrative. Ce guide propose une méthode opérationnelle : partir de la problématique, choisir une logique de preuve adaptée et calibrer parties, chapitres et transitions. L’objectif est de produire une architecture claire, faisable et lisible, qui respecte les exigences universitaires de rigueur, tout en laissant la place aux ajustements raisonnés au fil du dépouillement et de l’analyse.
Définir l’architecture scientifique
Avant la mise en forme, il faut préciser le sens de la démonstration et la manière dont chaque étape contribuera à la réponse finale.
De la problématique aux objectifs
La problématique détermine ce que le mémoire doit prouver ; les hypothèses en sont les pistes de réponse. Énoncez un objectif central et, au besoin, deux objectifs secondaires clairement distincts. Chacun doit pouvoir être vérifié par des sources identifiées et des méthodes compatibles. Cette clarification évite les détours descriptifs et guide le choix de l’architecture : on ne décide pas d’un plan pour lui-même, on le déduit de la question et des preuves disponibles.
Choisir la logique de démonstration
Deux logiques dominent. La logique chronologique convient aux processus (genèse, apogée, recomposition). La logique thématique s’impose pour comparer des dimensions (acteurs, espaces, instruments). Dans les deux cas, chaque mouvement répond à un sous-problème explicite. Le plan n’est pas une table des matières : il est la mise en scène de la preuve, avec une progression qui conduit sans rupture de l’hypothèse au résultat.
Énoncer la phrase-thèse de chaque partie
Rédigez, pour chaque partie, une phrase-thèse qui dit ce que vous démontrez, pas ce que vous allez décrire. Elle sert de garde-fou pendant la rédaction et facilite l’évaluation de la cohérence. Si la phrase-thèse reste vague, la partie est mal calibrée ; si elle est démontrable par deux ou trois séries d’indices concordants, la structure est probablement solide. Conservez ces phrases en tête de chapitre pour guider le lecteur.
Structurer parties, chapitres et sections
Une fois l’architecture décidée, il faut donner au texte un relief régulier, avec des niveaux clairement hiérarchisés et utiles à la compréhension.
Composer les grandes parties
Limitez-vous à deux ou trois parties, chacune appuyée sur un type de preuve dominant. Une partie d’ouverture peut poser le cadre empirique et méthodologique ; les suivantes portent la démonstration. Évitez les sections « fourre-tout ». Cherchez l’équilibre : volume, densité d’arguments, diversité d’exemples. Un déséquilibre marqué signale souvent un angle trop ambitieux ou un corpus mal échantillonné, qu’il faut alors ajuster.
Niveler chapitres et sous-sections
Chaque chapitre poursuit une idée unique et avance une inférence distincte. Visez la symétrie entre chapitres d’une même partie, sans rigidité artificielle. Les sous-sections servent la lisibilité : elles marquent des étapes logiques (méthode, cas, comparaison) et évitent les blocs massifs. Intitulez-les de manière informative, en privilégiant des formulations qui annoncent un résultat plutôt qu’une simple thématique.
Articuler transitions et bilans
Terminez chaque chapitre par un bilan qui rappelle ce qui a été démontré et annonce la suite. Ouvrez le chapitre suivant par une transition brève qui relie explicitement les preuves. Ce chaînage empêche les redites et maintient la tension argumentative. Il aide aussi à repérer tôt les incohérences : une transition difficile à écrire signale souvent un problème de plan, qu’il vaut mieux résoudre immédiatement.
Tester, ajuster, valider
Un bon plan se vérifie par l’épreuve des sources, du temps et du regard extérieur, puis s’ajuste sans perdre son fil directeur.
Épreuve de faisabilité
Confrontez votre plan au corpus réel : accès aux fonds, diversité des pièces, qualité des données. Vérifiez le temps disponible pour chaque étape. Si une partie manque de matière ou déborde, réduisez l’échelle, fusionnez des chapitres ou redistribuez des cas. Le but n’est pas l’équilibre parfait, mais la capacité à produire une réponse robuste, étayée et proportionnée à la question.
Relecture dirigée et feedback
Soumettez l’architecture à votre directeur et, si possible, à un pair. Demandez un retour ciblé : adéquation à la problématique, enchaînement des preuves, lisibilité pour un lecteur non spécialiste. Réécrivez les titres en verbes ou en résultats, testez l’enchaînement de phrases-thèses. Cette relecture révèle les zones floues et renforce la cohérence globale avant l’écriture intensive.
Mettre à jour le plan au fil du terrain
Autorisez des itérations contrôlées : un chapitre peut changer d’ordre si la preuve l’exige, une partie peut se scinder si une piste forte émerge. Notez chaque modification dans un journal de traçabilité (raison, impact, sections touchées). Toute mise à jour doit améliorer la réponse à la problématique et être répercutée dans l’introduction et la conclusion, pour préserver l’unité du mémoire.
Exemples de plan pour son mémoire
Il n’y a pas de plan de mémoire universel. Le plan de votre mémoire doit être adapté à la nature de votre mémoire et à votre formation. Par exemple, le plan d’un mémoire de recherche sera différent de celui d’un mémoire de stage.
Le plan scientifique
Particulièrement adapté pour un mémoire de recherche, ce type de plan vous permet de vérifier une ou plusieurs théories à travers une analyse rigoureuse. Vous présentez d’abord les différents concepts théoriques, puis formulez des hypothèses. Par la suite, vous analysez les données recueillies en fonction de ces hypothèses et vérifiez ces dernières grâce à une méthodologie précise. Cette démarche permet de structurer votre travail de recherche de manière logique et rigoureuse.
Exemple de plan scientifique pour un mémoire :
Les éléments sont détaillés à outrance, notamment dans l’introduction et la conclusion, pour vous apporter un maximum d’informations de compréhension.
Titre : L’Impact de l’Intelligence Artificielle sur le Marketing Digital
I. Introduction
A. Présentation du sujet
B. Problématique
C. Hypothèses
D. Méthodologie de recherche
II. Revue de littérature
A. Concepts de base : Intelligence Artificielle, Marketing Digital
B. Impact de l’IA sur le monde des affaires
C. Application de l’IA dans le marketing digital : études précédentes
III. Méthodologie de recherche
A. Population de l’étude et échantillonnage
B. Collecte de données
C. Méthodes d’analyse
IV. Analyse et interprétation des données
A. Présentation des résultats
B. Discussion des résultats
V. Conclusion
A. Résumé des principaux résultats
B. Implications théoriques et pratiques
C. Limitations de l’étude
D. Suggestions pour les recherches futures
Le plan thématique
Le plan thématique est utilisé lorsque vous souhaitez structurer votre mémoire autour de thèmes spécifiques. Les différentes parties du mémoire sont organisées de manière à répondre à la problématique à partir d’un angle d’analyse du sujet précis. Chaque partie du plan aborde un aspect spécifique de la problématique, offrant une vision complète et approfondie du sujet.
Exemple de plan thématique pour un mémoire :
Titre: Les Enjeux de la Responsabilité Sociale des Entreprises (RSE) dans la Gestion Durable
I. Introduction
A. Présentation du sujet
B. Problématique
C. Objectifs de l’étude
II. Thème 1 : Comprendre la Responsabilité Sociale des Entreprises
A. Définition et concepts clés de la RSE
B. Importance de la RSE dans le contexte commercial actuel
III. Thème 2 : La RSE et la gestion durable
A. Rôle de la RSE dans la gestion durable
B. Cas d’étude : entreprises exemplaires en matière de gestion durable
IV. Thème 3 : Les défis de l’implémentation de la RSE
A. Barrières à l’implémentation de la RSE
B. Solutions possibles et études de cas
V. Conclusion
A. Synthèse des thèmes
B. Recommandations pour les entreprises et les parties prenantes
C. Perspectives pour des recherches futures
Le plan diagnostic
Ce type de plan est souvent utilisé dans le cadre d’un mémoire de stage ou d’une étude de cas. Dans un premier temps, vous décrivez la situation actuelle, le contexte et la problématique. Puis, vous proposez des solutions possibles à la problématique soulevée. Enfin, vous analysez les résultats obtenus suite à l’implémentation de ces solutions. Ce type de plan vous permet d’adopter une démarche pragmatique et orientée vers la résolution de problèmes.
Exemple de plan diagnostic pour un mémoire :
Titre: Diagnostic Stratégique et Plan d’Amélioration de la Performance de l’Entreprise XYZ
I. Introduction
A. Contexte et présentation de l’entreprise XYZ
B. Problématique
C. Objectifs de l’étude
II. Diagnostic externe
A. Analyse de l’environnement de l’entreprise (PESTEL)
B. Analyse de la concurrence (Porter)
C. Identification des opportunités et menaces
III. Diagnostic interne
A. Analyse des ressources et compétences de l’entreprise
B. Analyse des forces et faiblesses
C. Evaluation de la performance de l’entreprise
IV. Synthèse du diagnostic et identification des problèmes stratégiques
A. Matrice SWOT
B. Identification et analyse des problèmes stratégiques
V. Propositions pour l’amélioration de la performance de l’entreprise
A. Stratégies recommandées
B. Plan d’action
C. Évaluation des résultats attendus
VI. Conclusion
A. Résumé des principales conclusions
B. Limitations de l’étude
C. Suggestions pour les recherches futures
En conclusion, l’élaboration d’un plan de mémoire est une étape clé dans la réussite de votre travail. Il doit être cohérent, logique et adapté à la nature de votre mémoire et à votre formation.
N’oubliez pas de solliciter l’aide de votre directeur de mémoire pour vous assurer de la pertinence de votre plan.
Les questions qu’on se pose sur plan de mémoire
Faut-il choisir deux ou trois parties ?
Le critère est la démonstrabilité. Deux parties suffisent si chacune apporte une preuve de nature différente et complémentaire. Trois parties s’imposent si un troisième mouvement clarifie une dynamique ou un contre-exemple. Évitez la symétrie vide : un mouvement sans thèse claire est à supprimer ou à intégrer ailleurs.
Où placer l’historiographie et la méthodologie ?
Si elles structurent la recherche, placez un chapitre dédié en ouverture. Sinon, intégrez une section historiographique au début de la partie la plus concernée et rappelez les choix méthodologiques à l’endroit où ils s’appliquent. Le lecteur doit comprendre comment chaque preuve est produite, sans alourdir inutilement le début du mémoire.
Que faire si une partie paraît plus faible ?
Réduisez l’ambition ou changez d’échelle. Renforcez la preuve par un cas mieux documenté, ou fusionnez avec une partie voisine. Un plan robuste accepte l’asymétrie mesurée, mais refuse les chapitres décoratifs. Si la phrase-thèse devient floue, c’est le signe d’un recentrage nécessaire.
Peut-on modifier le plan en cours de rédaction ?
Oui, si la cohérence s’améliore. Toute modification doit être justifiée par les sources et consignée. Mettez à jour l’introduction, les transitions et la conclusion. Évitez les refontes tardives par simple préférence stylistique : on change pour mieux prouver, pas pour varier.
Les points clés à retenir
- Dériver le plan de la problématique et des hypothèses, pas l’inverse.
- Choisir une logique chronologique ou thématique au service de la preuve.
- Rédiger une phrase-thèse par partie pour guider chapitres et transitions.
- Tester la faisabilité sur le corpus réel et ajuster sans perdre le fil.
- Tracer toute modification et aligner introduction et conclusion.
Quelques liens et sources utiles
Vassili Joannidès de Lautour, Méthodologie du mémoire de fin d’études et de la thèse professionnelle, ELLIPSES, 2017
Sophie Boutillier, Nelly Labère, Alban Goguel d’Allondas, Dimitri Uzunidis, Méthodologie de la thèse et du mémoire, STUDYRAMA, 2022
Salvatore Marteddu, Outils et méthodologie de mémoires de recherche et/ou à visée professionnelle en sciences humaines et sociales, CAFEURIS, 2022



